Non à l’Expo universelle

Philippe est économe
(Photo AFP)

La décision la plus curieuse, la plus brutale et la plus inattendue du week end a été celle du Premier ministre, Édouard Philippe, qui renonce à la candidature de la France à l’Exposition universelle de 2025.

CE QU’IL peut y avoir de nationalisme en France se traduit souvent par un appétit croissant pour les événements mondiaux, sportifs ou culturels. La France a été candidate et été retenue pour la Coupe du monde rugby en 2023 et pour les jeux Olympiques de 2025. Le choix de notre pays dans les deux cas a été considéré par nos concitoyens comme un double triomphe. Dans la foulée, il était donc logique que nous soyons candidats pour l’Exposition universelle de 2025. Tout le monde voyait dans l’événement une forme de relance de l’économie. Édouard Philippe, qui venait à peine de renoncer à l’aéroport de Notre-Dame des-Landes, a signifié dans une lettre à Pascal Lamy, président du Groupement d’intérêts public ExpoFrance 2025, que les conditions économiques de la manifestation n’étaient pas réunies et qu’elle risquait d’avoir lieu sur la base d’ « engagements supplémentaires non maîtrisés ».

Le coût de l’expo.

La formule signifie que l’Exposition universelle risque de nous coûter cher, d’une part parce que les montants que les entreprises privées françaises sont disposées à investir sont insuffisants et d’autre part parce que les recettes attendues de l’expo seront inférieures aux pronostics. M. Philippe s’appuie sur l’exemple de l’Exposition universelle à Milan en 2015, qui n’a rapporté que 20 millions d’euros en billets vendus, alors que les organisateurs en attendaient le double. Le gouvernement n’est pas loin de penser que le privilège d’installer l’expo sur notre territoire pourrait nous coûter jusqu’à un milliard. Il a été vivement critiqué par tous ceux qui pensent, au contraire, que l’expo rapportera de l’argent, y compris Valérie Pécresse, président de la région Île-de-France, qui craint que le renoncement à l’expo en prépare un autre :  l’annulation possible du projet de la ligne 18 du métro. Décision « soudaine, précipitée », dit Mme Pécresse, que Manuel Valls, notamment, a approuvée.

Au nom de la gloriole.

Les intérêts privés en jeu sont sans doute trop lourds pour que les entreprises et le Groupement d’intérêts publics ne tentent pas de faire changer d’avis le gouvernement. Le plus intéressant, c’est la nature d’une décision qui semble en contradiction avec la philosophie d’Emmanuel Macron, toujours preneur d’un projet qui renforce le rayonnement du pays et donc toujours optimiste pour les événements grandioses susceptibles d’emplir notre avenir. Il y a trois autres candidats pour l’Exposition, la Russie, le Japon et l’Azerbaïdjan.  M. Philippe aurait-il réussi à convaincre le président de la République qu’il était temps de veiller à équilibrer nos comptes ? Son meilleur argument est que, si, en 2025, nous serons probablement plus prospères qu’aujourd’hui, il n’est jamais sain de mettre au point un projet dont on sait à l’avance qu’il perdra beaucoup d’argent, et de le conserver quand même au nom de la gloriole. Il serait bon que la France s’engage dans cette voie, elle qui, depuis des décennies, dépense plus qu’elle ne gagne et qui ne va tenir ses promesses pour 2017 non pas parce qu’elle a réussi à diminuer sa dépense mais parce que le retour de la croissance lui aura permis d’amortir son déficit.

On ne doit pas ignorer non plus, à l’occasion de cette affaire, la part croissante que le Premier ministre prend dans l’action du gouvernement. Ce bon géant barbu, que les Français connaissent à peine, commence à se faire une notoriété nationale et, s’il est capable d’agir promptement et même brutalement, il le fait en toute occasion avec un langage modéré. Il assume en outre avec un sang-froid remarquable l’impopularité de ses décisions. Il ne semble pas en souffrir, peut-être parce que l’époque où le Premier ministre était le « fusible » du président est révolue.

RICHARD LISCIA

 

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6 réponses à Non à l’Expo universelle

  1. Num dit :

    Limitation de vitesse à 80 km/h, Notre-Dame-des-Landes, Expo universelle : en une semaine, trois décisions brutales unilatérales (et très contestables) prises par le Premier ministre, qui plus est, en contradiction avec les promesses de campagne du président !
    Philippe, mauvais génie de Macron ?
    En tous cas, pour quelqu’un qu’on décrivait à sa nomination comme pragmatique et consensuel, on est (désagréablement) surpris.
    Souvent les chefaillons les plus autoritaires sont ceux qui ont grimpé plus haut qu’ils n’auraient espéré et qui, imbus d’un pouvoir inespéré, en abusent.
    Bref, de moins en moins sympathique, ce Philippe.

  2. ostré dit :

    On aurait fait mieux de se passer des JO. En revanche, la limitation de vitesse est logique s’il y a baisse mortalité routière.

  3. marco dit :

    Il suffit de supprimer ces hypocrites panneaux avertissant les radars!

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