Trump : rendez-vous en novembre

Trump en forme
(Photo AFP)

Il est impossible de dresser quotidiennement la nomenclature des frasques, tweets et bizarreries de Donald Trump. Mais le président des États-Unis sait que son mandat dépend du résultat des élections législatives de novembre prochain. Le parti républicain, dont Trump a fini par prendre le contrôle absolu, n’est pas, à proprement parler, en mauvaise posture. Mais le camp démocrate commence à s’imposer dans nombre de circonscriptions.

LE PHÉNOMÈNE le plus remarquable est le nombre accru de femmes dans les primaires, comme si, médusées par le comportement sexiste du président, elles voulaient prendre leur revanche dans les urnes.  Les provocations du chef de l’exécutif n’ont pas conduit le parti démocrate à adopter des attitudes virulentes ou extrémistes mais à rechercher une victoire électorale avec les méthodes habituelles de maillage de la population et en soulignant l’aggravation des inégalités par des mesures gouvernementales qui favorisent les entreprises au détriment des citoyens. On n’a pas l’impression, en tout cas pour le moment, que la philosophie de Bernard Sanders, ancien candidat à la présidence qui se situe à l’extrémité gauche de l’échiquier politique, ait fait des émules, mais plutôt qu’il existe, chez les démocrates, le désir de rétablir l’équilibre pas des succès régionaux susceptibles de donner un coup d’arrêt à la dérive populiste.

Le bastion du président.

Les démocrates ont donc une bonne chance de conquérir la majorité à la Chambre des représentants, mais il est peu probable qu’ils s’emparent du Sénat. Leur succès à la Chambre suffirait à envoyer un avertissement à Donald Trump : même si sa cote de popularité est, à quelque 40 %, bien meilleure que celle d’Emmanuel Macron, il serait obligé d’admettre, au lendemain d’une perte éventuelle de sa majorité, qu’il ne peut pas continuer à gouverner sans se soucier de l’opposition. Ces éléments politiques sont distincts des affaires qui continuent à peser sur sa gouvernance. L’été a été riche en mauvaises nouvelles pour lui, par exemple la condamnation de Paul Manafort, son ancien directeur de campagne et les aveux de son ancien avocat, Michael Cohen, qui a reconnu avoir payé deux femmes pour qu’elles ne divulguent pas les rapports sexuels qu’elles ont eus avec le milliardaire de l’immobilier élu président en 2016. Le scandale n’a cessé de nourrir le feuilleton indescriptible d’une présidence vouée à l’indécence, mais il n’a jamais entamé les convictions de ceux qui, ayant voté Trump, continuent de penser qu’il les protège, même si la guerre commerciale qu’il a déclenchée au nom de la fidélité à ses idées et à son programme, ne sert pas vraiment les intérêts des agriculteurs ni même, dans nombre de cas, des ouvriers.

Ce que Trump ne fera pas.

Le chemin de la destitution est donc à la fois très long et semé d’embûches. Trump, visiblement, est tenté de se protéger personnellement en prenant des mesures, comme le limogeage de son ministre de la Justice, Jeff Sessions, qui est tétanisé à l’idée que son patron le force à ignorer le droit, ce qui, effectivement serait curieux chez un homme censé l’appliquer en toute circonstance. Ou encore de licencier le procureur spécial qui enquête sur l’ingérence russe dans les élections américaines de 2016, Robert Mueller, un geste qui aurait l’effet d’une bombe, que les élus au Congrès craignent comme la peste, parce qu’il serait complètement contraire aux prescriptions de la Constitution. Il existe un précédent historique : Richard Nixon, menacé par l’enquête d’un procureur spécial, Archibald Cox, nommé pour enquêter sur un cambriolage des locaux du parti démocrate (le fameux Watergate, qui est le nom d’un immeuble sis à Washington), avait viré celui qu’il avait mis en place. La crise, déclenchée en 1973, prit une telle ampleur, que Nixon fut contraint de démissionner en août 1974. Même si Trump ne connaît pas l’histoire récente, il aura trouvé des conseillers pour lui rappeler le sort de Nixon.

Bien que les démêlés avec la justice l’importunent et l’humilient, Donald Trump saura sans doute éviter de se retrouver dans une situation désastreuse. Il ne faut donc pas compter pour le moment sur une destitution du président. En revanche, les démocrates, même s’ils n’ont pas encore trouvé un  candidat ou une candidate à la présidence, peuvent tirer un sérieux avantage des élections de mi-mandat.

RICHARD LISCIA

 

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