Paris, fin d’un rêve

Anne Hidalgo
(Photo AFP)

La maire de Paris, Anne Hidalgo, sort meurtrie de la démission de son premier adjoint, Bruno Julliard, en désaccord avec elle sur sa méthode.

BRUNO JULLIARD ne désavoue nullement les projets et les initiatives d’Anne Hidalgo, mais il prend acte des échecs de son ambitieuse politique. Dans un long entretien qu’il a donné au « Monde » hier, il a reconnu sans effort la faillite d’Autolib’, la difficulté et le retard pris par le renouvellement de Vélib’ et n’a pas caché que la maire prend des décisions insuffisamment mûries. Les Parisiens, pour leur part, constatent que la restitution des voies sur berge aux piétons complique l’activité économique et commerciale, que la ville est dans un état de saleté alarmant et ils ont le sentiment que Mme Hidalgo a davantage un plan de carrière qu’un humble projet pour améliorer la vie quotidienne dans la capitale.

Hidalgo affaiblie.

Un plan de carrière que M. Julliard, ancien président de l’UNEF, vient de faire voler en éclats, en prenant une décision qui affaiblit Mme Hidalgo : après avoir travaillé de manière fusionnelle, ils se sont brouillés parce qu’il ne cessait d’exiger d’elle une plus grande rigueur dans sa gestion. Elle se serait moins intéressée au sort des Parisiens au profit des voyages à l’étranger et de ses ambitions politiques. Mais la démission de M. Julliard ne suffit pas à la détruire : elle garde de nombreux alliés et, si d’aucuns souhaitent un maire dont le programme ne serait pas axé sur l’écologie punitive, il y a une telle bousculade au tourniquet de la mairie que, lors des prochaines municipales, le combat pourrait cesser à cause de la pléthore de combattants. Paris, en effet, inspire à beaucoup de gens l’ambition de se présenter, d’autant que le camp socialiste, que Mme Hidalgo représente, est affaibli depuis le triomphe de la République en marche en 2017 et, plus spécifiquement, un vote des Parisiens à la présidentielle qui a sacré Emmanuel Macron. De sorte que la REM souhaite s’emparer de la capitale, ce qui n’est pas facile : le dernier sondage en date indique que Anne Hidalgo et Benjamin Griveaux,  le supposé candidat de la REM, feraient un score égal au premier tour, à 23 % des suffrages.

Trop tard.

Ce qui signifie tout de même que la maire actuelle n’est pas sûre d’être réélue et que, pour une envolée au sommet de l’action politique nationale, dans le cadre d’une renaissance bien peu probable du parti socialiste, c’est trop tard. Mme Hidalgo s’évertuera à rester maire parce qu’elle est convaincue d’avoir raison : elle estime avoir accompli, en quatre ans déjà, une œuvre considérable : elle a créé une plage sur les bords de la Seine, favorisé les transports publics et les transports individuels à la carte, obtenu que les Jeux olympiques se tiennent à Paris en 2024, ce que son prédécesseur, Bertrand Delanoë, n’avait pas réussi à faire. Mais, sous le prétexte qu’elle est l’adversaire de Valérie Pécresse, présidente LR d’Île-de-France, elle a opposé frontalement Paris à sa banlieue alors que la région vit et prospère grâce à ses interactions. Certes, maire de Paris est forcément une fonction politique. Il n’empêche que les Parisiens ne veulent pas être les otages de ce privilège : comme d’autres administrés, ils réclament d’abord propreté, sécurité et un minimum de confort.

On a tôt fait de présenter Mme Hidalgo comme une femme qui ignore le compromis, mais elle n’a pas tort sur le fond : la pollution à Paris doit être combattue par tous les moyens.  Paris, cependant, n’est pas une forteresse dont les habitants calfeutrés devraient respirer un air qui leur serait réservé. La lutte contre le moteur à explosion ne se livre pas au niveau du 75, mais au niveau national. Un maire, fût-il celui de la capitale, doit insérer son action dans un programme hexagonal. Ce qui veut dire que, pour abolir la voiture à essence, il faut donner aux consommateurs un accès facile et moins cher aux automobiles électriques.

RICHARD LISCIA

PS-Pas de blog demain. Je vous retrouve jeudi.

 

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3 réponses à Paris, fin d’un rêve

  1. Michel de Guibert dit :

    « Pas pipi dans Paris », mais des rats sur les trottoirs dans l’Ile de la Cité et dans l’Ile Saint Louis !

  2. Num dit :

    Fin d’un cauchemar plutôt

  3. Mme Hidalgo n’a qu’un plan de carrière, merci de l’avoir souligné :
    « Les Parisiens, pour leur part, constatent que la restitution des voies sur berge aux piétons complique l’activité économique et commerciale, que la ville est dans un état de saleté alarmant et ils ont le sentiment que Mme Hidalgo a davantage un plan de carrière qu’un humble projet pour améliorer la vie quotidienne dans la capitale. »

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