La violence est partout

Marlène Schiappa
(Photo AFP)

Est-ce seulement un effet du téléphone cellulaire et des réseaux sociaux, ou bien s’agit-il d’une augmentation exponentielle des actes de violence, dans la rue, à l’école, en ville, partout où des groupes se rassemblent ? L’opinion et la presse, en tout cas, ne minimisent pas cette montée de la délinquance, souvent gratuite, et expriment leur inquiétude.

UN MINEUR  de 13 ans tué dans une rixe entre adolescents, des coups et blessures infligés à nombre de couple homosexuels (ce qui a entraîné une vive prise de conscience dans le monde LGBT et un appel aux autorités pour qu’elles mettent un terme à ce phénomène déplorable); et, à Créteil,  un gosse de 15 ans, il est vrai très grand, a brandi une arme factice contre sa professeure pour qu’elle l’enregistre comme « présent » le jour où il était absent.  Dans le fracas des jours, on serait tenté de fermer les yeux, de se boucher les oreilles. Mais les vidéos sauvages, les images de visages tuméfiés, les propos indignés des victimes envahissent les foyers les plus éloignés. Une immense majorité est choquée, scandalisée, réclame des mesures. L’adolescent qui pointait un faux revolver sur sa prof’, assise à son ordinateur, muette et d’un sang-froid exceptionnel, ne comprend pas qu’on l’ait arrêté (avant qu’on l’ait remis en liberté sous contrôle judiciaire) et se contente de répéter qu’il voulait seulement lui faire peur. Dans sa version des faits, pas l’ombre d’un regret ou d’un remords. Aucune chance qu’il se repente vraiment. Dès lors qu’il ne s’agissait pas d’une arme réelle, il ne voit pas où est le mal. A une acte imbécile qui va empoisonner le reste de sa vie, s’ajoute un décalage alarmant entre le monde où il vit et la réalité. Pour être aussi fermé à la sensibilité des autres, faut-il être soi-même dépourvu de toute sensibilité ?

Délinquance par vagues.

Nous n’en finissons pas de nous colleter à la violence. La délinquance s’exprime par vagues. Nous savions que le marché de la drogue entraînait les pires sévices, les crimes les plus odieux, l’insécurité la plus grave.  Les médias nous ont dessillé les yeux sur les violences quotidiennes faites aux femmes, drame permanent que la société française est loin d’avoir réglé. Secrétaire d’État pour l’Égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa avait déjà fort à faire pour ramener dans les mœurs françaises la notion du respect dû aux femmes. La voilà obligée, aujourd’hui, de déclarer solennellement que, comme l’antisémitisme, l’homophobie n’est pas une opinion, mais un délit puni par la loi. Et d’autant plus puni s’il est accompagné par des coups, comme ceux qu’un chauffeur de taxi a donnés à un couple homosexuel qui s’embrassait dans son véhicule. Tout le monde n’est pas obligé d’être homosexuel ou d’avoir une affection pour les homosexuels. Ils n’en demandent pas tant. Ils souhaitent simplement qu’on les laisse en paix, ce que, manifestement, nombre de leurs concitoyens supportent si mal qu’ils en viennent à les agresser physiquement.

Punition immédiate.

Mais pourquoi une telle violence ? Quelle est cette colère contre ce qu’on prétend ne pas être soi-même mais qui indigne tellement qu’on en vient à perdre le sens commun ? N’est-ce pas, là encore, une forme de peur, et qui s’exprime peut-être parce qu’on lutte soi-même contre une tendance homosexuelle ? Il serait difficile d’analyser une si large partie de la population, mais il n’est pas inutile de rappeler, comme l’a fait Mme Schiappa, que des règles régissent les relations civiles et qu’on ne saurait les franchir impunément. Curieusement, c’est au nom de l’ordre que les homophobes s’insurgent contre l’homosexualité, c’est contre le spectacle qu’elle offre,  mais pour y « remédier », voilà qu’ils plongent dans un désordre pire, celui de la violence physique. Alors qu’ils ont tout le loisir d’ignorer ce qu’ils réprouvent et peuvent se contenter de ne pas intervenir dans la vie des gens, même s’ils contestent leurs orientations. Nous avons assez vu de films sur des justiciers qui s’emparent d’une cause et exercent leur propre vengeance pour ne pas réagir contre cette pratique odieuse, injuste, née dans une colère malsaine et irraisonnée, et qui se satisfait de la punition immédiate infligée à des victimes qui n’ont commis aucun délit.

RICHARD LISCIA 

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7 réponses à La violence est partout

  1. Chambouleyron dit :

    « N’est-ce pas là encore (…) et qu’on lutte soi-même contre une tendance homosexuelle ? » Lorsqu’on n’aura plus à lutter contre sa tendance homosexuelle il n’y aura plus d’homophobie!

    Réponse
    C’est nier à d’autres la liberté d’être ce qu’ils sont.
    R.L.

  2. mathieu dit :

    … L’un des « produits dérivés » de cette société multiculturelle, qui fait la « richesse de la France », mais aussi chaque jour plus communautariste avec ses dangereux replis, tels que le refus de l’émancipation féminine et de l’égalité homme-femme, l’intolérance et le prosélytisme religieux, l’homophobie (comme dans tous les pays où « oeuvrent » les frères musulmans, même s’ils n’ont pas l’exclusivité, hélas, de l’intolérance mora)

    • JMB dit :

      En France, l’homosexualité a été réprimée durant tout l’Ancien régime. On lui attribuait de multiples conséquences néfastes: famine, pestilence, guerre, tremblement de terre, inondations, etc..
      Elle a été dépénalisée sous la Révolution. Elle n’a été de nouveau l’objet de mesures discriminatoires que sous l’État français, qui en prit aussi à l’égard des juifs. Elle ne sera dépénalisée définitivement (en principe) que par Robert Badinter vers 1984, c’est-à-dire il y seulement 30 ans.

  3. Berdah dit :

    Tout à fait d’accord…..mais quel est le remède ?

    Réponse
    La sécurité, au prix qu’elle coûte.
    R.L.

  4. vultaggio-lucas dit :

    La lecture de « La fabrique de l’homme pervers » de Dominique Barbier (psychiatre et psychanalyste) peut permettre de comprendre en grande partie ces comportements transgressifs violents ou pas. Jean-Claude Michéa, professeur de philosophie et essayiste, dans un de ses ouvrages intitulé « Le complexe d’Orphée », explique comment les limites de moins en moins inculquées à l’enfant du fait de l’absence du « tiers séparateur » (concept socio-psychanalytique), produit de plus en plus d’individus sans foi ni loi qui, à des degrés divers, sont de véritables psychopathes/pervers. Ils se caractérisent entre autres symptômes, par un mépris des règles sociales, une intolérance à la frustration, une absence de culpabilité, l’absence de sentiment pour autrui, un manque d’empathie, une tendance à la manipulation et à de l’impulsivité.

  5. Etienne Robin, néphrologue dit :

    Pourquoi cette augmentation de la violence et de la délinquance ? En partie parce que naguère, beaucoup de voix (de gauche, disons-le) ont nié qu’elle existât.
    Souvenons-nous de la grande et généreuse idée sociétale à la mode il y a une quinzaine d’années (disons : avant les agressions de soignants dans les services d’Urgences) : « En France, il n’y a pas d’insécurité, mais un SENTIMENT croissant d’insécurité ». Les Français « de droite » étaient accusés de propager ce sentiment à partir de trois fois rien : quelques vols insignifiants de sac à main.
    Le fait que les violences (baptisées INCIVILITÉS pour les minimiser) venaient souvent de personnes issues de l’immigration explique probablement que nos « élites progressistes » aient nié leur réalité. Tout caïd de banlieue étant assimilé à un Jean Valjean qui vole un pain parce qu’il crève de faim, l’indulgence s’imposait. On a donc laissé faire.
    Maintenant, la violence a décuplé. L’insécurité est incontrôlable. Ah pardon, diront peut-être encore, comme hier, quelques voix de « bienveillants » aveuglés, il ne s’agit que d’un SENTIMENT d’insécurité, puisqu’à Créteil, le revolver FACTICE du jeune lycéen sympathique ne pouvait faire aucun mal à son enseignante. Logique…

  6. JMB dit :

    Après l’envoi d’enveloppes piégées à des personnes notoires, la fusillade dans une synagogue de Pittsburgh montre les conséquences du laxisme d’un président de gauche.

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