Sur les violences policières

Gendarmes en action
(Photo AFP)

Le gouvernement a pris au sérieux les accusations lancées contre les forces de l’ordre au sujet des violences policières et plus particulièrement les lancers de balles (LDB) qui ont causé de graves blessures à un nombre indéfini de manifestants.

SELON les pouvoirs publics, quatre personnes seulement auraient perdu un œil après un lancer de balle, ce que les gilets jaunes contestent, en avançant un plus grand nombre de blessés. C’est pourquoi le gouvernement envisage d’équiper d’une caméra les policiers dotés de LDB . D’aucuns prônent la suppression des LDB, ce qui a été vivement récusé par les forces de l’ordre et par le ministère de l’Intérieur, qui soulignent la hausse de la violence pendant les manifestations.

La crise se poursuit.

Le ministère est placé dans une position contradictoire, qui tente d’augmenter la répression, notamment en faisant adopter une loi anti-casseurs, en cours de lecture au Parlement, mais doit veiller en même temps à ne pas causer des dommages physiques aux manifestants. Jusqu’à « l’acte X » du soulèvement, presque toutes les activités des gilets jaunes se sont terminées par de sérieux affrontements. Un début d’organisation et le respect des déclarations préliminaires de manifestation ont permis, le 19 janvier, de limiter la casse, le nombre de blessés et les dégâts. On doit donc donner la priorité au dialogue et à l’encadrement des démonstrations de force des gilets jaunes qui, de toute évidence, ne seront pas terminées de sitôt.

Dans la gestion de la crise, le gouvernement marche sur des œufs. Il doit éviter les actes de violence par tous les moyens et même indiquer à la partie de la population que ces actes horrifient qu’ils ne correspondent pas à une routine supportable. Il doit aussi faire en sorte que les manifestations, acceptées comme un droit par nos lois, puissent avoir lieu, fût-ce contre son gré. Un policier pris sur le fait quand il s’est acharné sur des manifestants vient d’être condamné à un an de prison dont six mois ferme. Mais quand toutes les journées de manif’ ordinaire se transforment en batailles rangées,  on ne peut pas s’étonner de ce que des dérapages puissent se produire. On compte plus de 1 500 civils blessés pendant les manifestations, mais aussi plus de 1 000 dans les forces de sécurité, policiers, gendarmes et CRS.

Mensonges répétés.

L’opposition politique ne manque pas de dénoncer les violences policières, mais elle-même n’a jamais été confrontée à une crise aussi longue. Le grand débat est censé drainer les colères et remplacer les affrontements par le dialogue. Il demeure que tout le monde jette de l’huile sur le feu, à commencer par les gilets jaunes, dont quelques « représentants », plus connus que d’autres, mais pas plus légitimes, annoncent tous les jours les mêmes revendications excessives. Parmi eux, Eric Drouet, qui continue à exiger la démission du chef de l’Etat tout en lui réclamant un entretien particulier. Il a aussi lancé un appel à une grève générale et illimitée à partir du 5 février, auquel s’est joint Olivier Besancenot (Nouveau parti anti-capitaliste, NPA). C’est le même Drouet qui a répandu quelques fausses nouvelles sur les réseaux, ce qui montre la fragilité de la cause qu’il défend car elle devrait se suffire à elle-même et ne pas avoir besoin de mensonges répétés pour triompher.

Il est certes beaucoup trop tôt pour savoir si le débat national a produit les effets souhaités par l’Elysée, mais, à entendre les déclarations irréductibles des gilets jaunes, on est incité à croire que rien, dans les propositions que pourrait faire l’exécutif et dans les décisions qu’il a déjà prises, ne sont de nature à les satisfaire. Leur intransigeance s’abreuve aux propagandes grotesques inspirées par une campagne électorale des européennes qui a déjà commencé. Marine Le Pen, aidée par les excès de langage de son nouvel homme-lige, Jordan Bardella, et Nicolas Dupont-Aignan en font des tonnes, en prenant des distances de plus en plus grandes avec la vérité.

Le complotisme se porte bien.

Le complotisme ne s’est jamais aussi bien porté, de sorte que les gilets jaunes n’ont envie, dans leur majorité, que d’en découdre. Le seul fait que Drouet ait tenté de faire une percée politique en tentant de se singulariser par un zeste supplémentaire d’extrémisme, (mais là, il est en très bonne compagnie), montre qu’il songe à une organisation du mouvement sous sa houlette. Il va trouver une forte opposition interne car les gilets jaunes sont l’incarnation de la contradiction. Ils ne veulent ni chef ni maître, ils ne veulent pas négocier, ils ne veulent pas du débat, ils ne veulent pas de ce président, ils ne veulent pas du Parlement et souhaitent en créer un autre. Certains membres du gouvernement ont dénoncé la tentative de subversion et les factieux qui la mènent. Ils n’ont pas tout à fait tort.

RICHARD LISCIA

 

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