Le scrutin aux cent listes

François-Xavier Bellamy
(Photo AFP)

La préparation des élections européennes donne lieu à des démarches idéologiques, politiques, politiciennes, mais  jamais à l’expression d’une vision et d’un leadership. Dans cet univers parcellaire, la victoire reviendra sans doute à l’un des deux partis les plus forts, car la perspective d’une coalition dans l’opposition semble désormais écartée.

POUR les Républicains, Laurent Wauquiez a décidé de ne pas faire campagne lui-même et formé une liste dont la tête est l’inconnu dont on parle le plus en ce moment : François-Xavier Bellamy, adjoint du maire de Versailles, professeur de philosophie aimable, mais déjà marqué par sa connivence avec Sens commun et la Manif’ pour tous, enclaves ultra-conservatrices de LR. À gauche ou ailleurs, on n’a pas manqué de dénoncer le conservatisme affirmé du choix, ce qui correspond à une sorte de procès d’intention, M. Bellamy n’ayant encore rien dit de ce qu’il allait faire et n’ayant donc pas (encore) exposé un plan plus consensuel que ses idées jusqu’à présent affirmées. C’est assez dire que nous sommes déjà en campagne, que les appétits sont puissants et que la bataille électorale ne sera une partie de plaisir pour personne.

Faure écarte Hollande.

Le Rassemblement national attend son heure calmement, persuadé qu’il arrivera en tête depuis qu’il a confié la tête de liste à Jordan Bardella, un jeune homme de 23 ans, suffisamment imprégné de ses convictions pour s’adresser à la classe politique avec une virulence exceptionnelle. Un politicien à la mode, en quelque sorte, dont la modernité se résume à la haine que lui inspire tout ce qui n’est pas le RN, et plus particulièrement le personnel de la République en marche. Il devrait pourtant se méfier de Nicolas Dupont-Aignan, chef de Debout la France (DLF) ! qui suffit à lui seul à lui prendre quelques 7 points de pourcentage. Sans DLF, le RN remporterait un triomphe historique.  Les socialistes essaient de trouver un thème porteur, un chef charismatique, la possibilité d’une revanche, mais ils sont mal partis, Olivier Faure s’efforçant principalement d’écarter François Hollande : il tente de le chasser de la fenêtre après lui avoir claqué la porte au nez. Ce qui ne grandit ni l’ancien président, naïvement persuadé que le succès de librairie de son livre le plus récent traduit une vive remontée de sa cote de popularité, ni l’actuel Premier secrétaire du PS qui, encombré par les tâches d’intendance, n’offre pas à ses (anciens) électeurs un programme susceptible de les enthousiasmer.

La gauche dispersée.

Ajoutez à cela la présence de la France insoumise, mais dont le score est de moitié inférieur (10 % ou moins) à celui de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. L’orateur hors pair a peut-être abusé de son talent et fini par lasser l’électorat, notamment quand il s’est décrit comme le peuple puis comme la République. Raphaël Glucksmann, non sans courage mais pas non plus avec beaucoup de réalisme, veut mettre sur pied une liste de gauche, Benoît Hamon tient bon sur ses positions infinitésimales, EELV se déclare présent. Bref, on assiste à une guerre picrocholine où tout le monde se bat contre tout le monde dans une un brouillard épais et sans savoir qui est l’ennemi. La gauche avait une chance de se rassembler pour offrir un après-Hollande convenable, elle l’a perdue. Laurent Wauquiez et l’UDI auraient dû admettre que ce qui se joue dans cette affaire, c’est certes la construction européenne, mais aussi la nécessité de contenir, une fois de plus, l’extrême droite ; ils préfèrent se placer, comme d’habitude, dans la querelle politicienne sous le prétexte que la République en marche risque de les phagocyter. Ils n’ont pas tout à fait tort, mais Macron n’est une réelle menace que pour l’extrême droite et pour l’extrême gauche, une menace pour tout ce qu’il y a d’intolérance dans le pays.

J’allais oublier les efforts des gilets jaunes pour constituer un parti, ce qui est rassurant, car c’est la première fois qu’ils entrent dans le moule institutionnel, mais ils ont beaucoup de mal à se mettre d’accord. Je ne saurais trop les encourager car, dans les sondages, ils prennent jusqu’à trois points au RN. Des affinités entre l’extrême droite et les gilets ? Mais bon sang, bien sûr !

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le scrutin aux cent listes

  1. marie josephe dzula dit :

    Moi, je trouve plutôt bien toutes ces listes, on n’est plus dans la pensée totalitaire, plein de projets divers !
    le monde n’est pas blanc, noir mais gris avec des nuances, très moderne, je trouve !

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