La droite explose

Valérie Pécresse
(Photo AFP)

La démission de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, aggrave la crise au sein du parti les Républicains. Elle ne dit pas qu’elle va rejoindre la République en marche.

VALÉRIE PÉCRESSE explique que Laurent Wauquiez a verrouillé le parti, qui doit pourtant changer de l’intérieur. Elle ne voit de renouvellement que dans une modification profonde de la composition du bureau politique. Mme Pécresse n’est pas une provocatrice. Elle s’est bien gardée de dire qu’elle trouvait dans la macronie la totalité des vertus qui manquent à LR. Mais elle sait pertinemment que la campagne des municipales de l’an prochain a déjà commencé et que la République en marche, sans la moindre discrétion, est partie à la conquête du ventre mou de la droite classique, ces élus, ces maires que l’échec des européennes a rendus perplexes et tristes et qui craignent de perdre leur emploi l’an prochain. Les élus LR ont vivement critiqué la position de la présidente d’Île-de-France, qu’ils jugent incompréhensible. Ils auraient employé d’autres épithètes s’ils ne souhaitaient pas ménager l’avenir. C’est sûr, la démission de Mme Pécresse accroît la panique à droite parce qu’il y a une logique imparable dans l’idée d’un appel de la majorité à tous les LR séduits par son programme et qui semble avoir le vent en poupe.

La réalité du « nouveau monde ».

Les Républicains se sont sans doute trompés de programme et de chef de file. Ils accusent Macron d’avoir limité les européennes à un match REM-RN, mais ils n’ont pas vu que cette simplification du scrutin résultait de la puissance du dégagisme, de la méfiance que leur orientation inspire à la partie centriste de leur électorat, d’un « nouveau monde » qui n’est pas seulement un slogan du président mais une réalité absolue. De sorte qu’il leur manque les instruments d’analyse permettant de définir les raisons de la crise chez LR. Ils auraient mieux fait d’écouter les dissidents, Mme Pécresse, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand à l’époque où il était encore possible de constituer un bureau politique plus ouvert aux sensibilités centristes, peut-être de désigner un autre homme-lige. Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’emploie à refonder son parti. Mais il lui faut de temps, plus de temps qu’il ne le croit lui-même. Car il ne s’agit pas seulement de trouver du sang neuf, de se remettre en question, de faire des sacrifices. Il s’agit, pour LR, d’admettre que, pour une société en plein changement, il faut une droite entièrement nouvelle.

La nostalgie de l’UMP.

Mme Pécresse a exprimé, à juste titre, sa nostalgie de l’UMP. Du neuf avec du vieux ? Mais oui. Car l’UMP avait l’ambition de rassembler, à droite, le plus grand nombre de tendances et elle y est parvenue en devenant un parti certes un peu auberge espagnole mais qui réunissait plusieurs sensibilités. M. Wauquiez a cru qu’il devait clarifier son programme en durcissant son approche européenne, en soulignant son attachement à la cause identitaire, en prononçant des propos définitifs à propos de l’immigration. LR est tellement déboussolé qu’il a rejoint la cause des gilets jaunes avant de la dénoncer. Les militants n’ont rien compris. Pour damer le pion au Rassemblement national, la droite classique a chassé sur ses terres et a repris à son compte le discours agressif et mensonger de RN contre la majorité. Ni nouveau, ni original. Nicolas Sarkozy l’a fait, il a perdu en 2012. Emmanuel Macron a compris que la bataille se situait plutôt dans les buissons de la lassitude, de la perplexité, des interrogations sans fin, il a remporté l’élection présidentielle de 2017.

De 2017 à 2019.

Laurent Wauquiez a pensé que Macron avait réussi son coup une fois, mais qu’il ne le réitérerait pas. Faux. Le scrutin européen a confirmé que le problème de notre pays, c’est de savoir si, oui ou non, Marine Le Pen sera élue présidente. Elle y parviendra, disent les analystes, mais seulement parce que les forces démocratiques de ce pays sont divisées. Il y a beaucoup de cruauté et de cynisme du côté des macronistes, qui ne cachent nullement leur volonté de grossir leurs rangs avec des élus LR, mais ils rendent ainsi aux Républicains la monnaie de leur pièce. LR n’a cessé de mettre des bâtons dans les roues de la majorité pour récupérer son électorat. Le scrutin européen a démontré que cette mauvaise manière était aussi une tactique inefficace. La menace de la droite extrême a en outre rendu la REM extraordinairement vigilante. Elle ne prend pas le RN à la légère. Il ne s’agit donc pas d’agresser sans cesse les forces marinistes, il s’agit de protéger le pays contre un mouvement dangereux et minoritaire.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La droite explose

  1. Michel de Guibert dit :

    « il faut une droite entièrement nouvelle », dites-vous… « Ils auraient mieux fait d’écouter les dissidents, Mme Pécresse, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand »… pas vraiment du neuf !

    Réponse
    Pas d’accord. Raffarin a été Premier ministre,mais on ne peut pas jeter aux orties deux présidents de région encore jeunes et expérimentés.
    R.L.

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