Rugy dans la tourmente

Rugy accablé
(Photo AFP)

Le ministre d’État, ministre de la Transition écologique, François de Rugy, est décidément dans de beaux draps. Les accusations se multiplient contre lui, la défense est faible.

IL A ÉTÉ convoqué hier à Matignon. Si le Premier ministre ne lui a pas demandé de démissionner, il a décidé d’ouvrir une enquête. Il est peu probable que les investigateurs ne corroborent pas en partie les dépenses somptuaires à l’Hôtel de Lassay quand François de Rugy présidait l’Assemblée nationale. Il affirme qu’il a réduit de 13 % les frais de son palais. On peut toujours lui dire qu’il aurait pu faire mieux. Il y avait du homard à table, il n’aime pas le homard, ce n’est donc pas lui qui rédigeait le menu. Sa réponse ne dit rien de l’étrange nécessité d’inviter des amis aux frais de la princesse. Puis, Médiapart a publié une information sur un appartement près de Nantes pour lequel M. de Rugy, qui perçoit un salaire élevé, n’est pas éligible. Sur le rôle de sa femme, qui est journaliste à Gala, il n’a fourni aucune explication sur sa manière de séparer le politique des relations publiques.

Le temps ne joue pas en sa faveur.

Le gouvernement prend son temps pour gérer cette nouvelle crise comme s’il n’avait pas appris, à la faveur de multiples expériences désagréables, que le ver est dans le fruit et qu’il faut le jeter. Bien entendu, il n’est pas juste qu’un organe comme Médiapart, voué à la destruction de la macronie, fasse la pluie et le beau temps. Il est toutefois bien rare que le site d’Edwy Plenel s’avance sans avoir des preuves. Il s’ingénie d’ailleurs à les distiller l’une après l’autre, comme un boxeur qui envoie un coup, puis un autre, puis un troisième qui met à genoux sa victime. M. de Rugy fait de la résistance, mais le temps ne joue pas en sa faveur car Médiapart tient sa proie et ne la lâchera plus.

Grands crus.

Le problème ne concerne en réalité ni le comportement d’un ministre ni le nombres de dîners à l’Hôtel de Lassay. Il est entièrement contenu dans les immenses précautions prises pour désigner des élus à des postes prestigieux, dans la loi sur la moralisation de la vie publique, dans le serment prononcé par tous que leur moralité est faite en béton, mais qui, une fois en place, en font un peu à leur guise, d’une part parce qu’ils sont saisis davantage par le vertige du pouvoir à eux conféré que l’austérité de leur mission, et d’autre part, parce qu’ils ont des faiblesses de gamins qui ne savent pas encore ce qu’est la vertu. Quoi qu’il arrive, nous savons déjà que François de Rugy aime se laisser photographier avec son épouse devant une table riche sur laquelle sont déposés de grands crus à plus de 500 euros la bouteille. Pur enfantillage, exercice réservé aux nouveaux riches, irréparable imbécillité. L’image, qui encombre Internet, est terrible : quelle fierté y a-t-il à poser avec une bouteille de vin sinon celle d’avoir trouvé le moyen d’égaler les gens les plus fortunés ?

La confidentialité n’existe plus.

Édouard Philippe devrait se dépêcher de trouver une solution avant que les médias ne réservent à François de Rugy le sort auquel il espère encore échapper. Les analyses qui relèvent que les étés de la macronie sont tous marqués par un scandale politique, ne sont pas médiocres. Elles contiennent une part de vérité. L’autre part, c’est que plus aucun élu n’est à l’abri d’une presse informée par des personnes trop heureuses de faire le métier de délateur. C’est ainsi, nous vivons dans un monde dangereux d’où la confidentialité est combattue, négligée, et même exclue. La majorité est ce qu’elle est, mais la minorité a ajouté à son statut un carburant qui s’appelle la haine ou le sadisme : quand on est privé de pouvoir, on trouve beaucoup de plaisir à détruire ceux qui l’exercent.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Rugy dans la tourmente

  1. Michel de Guibert dit :

    Il était de bon ton dans le passé de se moquer du vertueux Jean Royer, le maire de Tours… on se prend aujourd’hui à regretter le temps des hommes vertueux.

  2. Picot dit :

    Oui, le monde est dangereux pour les coquins qui n’ont pas de copains. Toujours la même chose : ces soit disant hommes politiques sont des nains de jardin.

  3. carcassonne dit :

    On le sait depuis des siècles, le Capitole n’est pas loin de la roche tarpéenne !

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