La police frappée au cœur

Policiers en alerte
(Photo AFP)

Un agent administratif qui travaillait à la préfecture de police de Paris, a tué hier quatre de ses collègues au couteau et en a blessé un autre avant d’être abattu par un policier. L’homme n’avait aucun antécédent judiciaire et donnait satisfaction à ses supérieurs.

OUTRE LE DEUIL et le ressentiment, les premiers commentaires officiels sont extrêmement prudents. Le parquet anti-terroriste ne s’est pas saisi de l’affaire, mais pourrait le faire à partir de nouveaux éléments. Des informations sûres indiquent qu’il s’agit d’un Antillais qui s’est converti à l’islam il y a un an et demi, qu’il était marié à une musulmane, elle-même en garde à vue et qui l’a trouvé très agité la veille de ses crimes.  L’homme, âgé de 45 ans, était affecté de surdité et son élocution était difficile, ce qui limitait les rapports verbaux avec ses collègues, qui le jugeaient affable, amical et serviable. Spécialisé dans l’informatique, il avait accès aux secrets-défense.

Le danger est partout.

Ces éléments d’information sont insuffisants pour que l’on puisse déjà parler d’acte terroriste, même si on a assisté à beaucoup de crimes commis au nom de l’islam par des illuminés. Il est néanmoins probable que sa conversion l’a progressivement conduit à la radicalisation et, sous l’effet d’une psychologie quelque peu dérangée, à ses quatre assassinats. Le désastre n’en est pas moins consternant. Pour plusieurs raisons : d’abord la police a été frappée au cœur de la préfecture, censée être invulnérable ; ensuite, le profil du criminel n’offre aucune méthode pour renforcer la sécurité dans les locaux abritant les policiers : il est impossible de se méfier d’un individu qui a travaillé avec ses collègues pendant des années sans soulever le moindre soupçon. Sa conversion, sans nécessairement représenter une dérive quelconque, aurait dû toutefois alerter ses supérieurs. Encore que, à le harceler, on eût pris le risque de le marginaliser. Jamais, peut-être, un acte criminel n’aura produit dans nos services de sécurité et dans la population une telle prise de conscience : le danger est partout.

De sorte que les conséquences politiques seront inéluctables : les censeurs du pouvoir se hâteront, une fois de plus, d’exiger du gouvernement une politique migratoire beaucoup plus dure que la sienne et jetteront l’opprobre sur tous les musulmans de France, dont l’immense majorité n’a rien à voir avec les quatre assassinats d’hier. Il sera certes facile de rétorquer que l’homme en question n’était pas musulman au départ et qu’il était vraisemblablement dérangé, sans montrer les symptômes du déséquilibre psychologique. Quelques heures à peine après le quadruple crime, ses collègues disaient tout le bien qu’ils pensaient de lui.

L’opinion risque de basculer.

Mais bien sûr l’opinion ne se contentera pas d’une réponse limitée à « pertes et profits ». Elle ne deviendra pas fataliste. Elle demandera des comptes aux musulmans de France qui se plaindront à juste titre d’une suspicion qu’ils ne méritent pas. L’extrême droite va gagner des milliers de suffrages supplémentaires lors des prochains rendez-vous électoraux. Le climat général en France, déjà assombri par les inégalités sociales qui ont entraîné tant de troubles, s’en trouvera aggravé. On devine que la justice veut éviter d’associer  cette affaire au terrorisme. Mais il n’y a aucun risque à confier le quadruple assassinat au parquet anti-terroriste, quitte à changer de cap si de nouveaux éléments montrent qu’il s’agit de l’œuvre d’un homme qui a agi sous l’emprise d’une folie passagère.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à La police frappée au cœur

  1. PICOT dit :

    Il y a bien longtemps que le danger est partout. La justice voudrait éviter d’associer cette affaire au terrorisme ? Trop tard, le parquet anti terroriste est saisi, à juste titre. Les journalistes se contorsionnent : un musulman? Oui, mais manifestement déséquilibré! Un déséquilibré qui rentre dans son service avec un couteau et dont l’épouse lui dit auparavant que seul Dieu le jugera? Allons donc!
    Réponse
    Le parquet anti terroriste s’étant chargé de l’affaire, il n’existe aucun débat, sauf dans votre tête. Les « contorsions » des journalistes ne valent pas les vôtres.
    R. L.

  2. PICOT dit :

    Ni débat, ni contorsion de mon côté, désolé

  3. dominique dit :

    Question : comment distinguer les « vrais gentils musulmans » des  » faux-gentils musulmans » qui deviennent subitement des assassins, même en des lieux où cela semblerait impensable ? Je ne trouve pas de réponse à cette question que, sans doute, beaucoup se posent. Merci de m’aider, pour la sécurité et la tranquillité de tous.

    Répons
    Excellente question sur un sujet qui mérite d’être dépolitisé. Ce n’est pas le débat ouvert aujourd’hui par les leaders des oppositions qui apportera la réponse. Je reviendrai lundi sur cette affaire qu’il faut examiner non seulement en termes de sécurité mais aussi en termes d’intégrité de nos forces policières.
    R. L.

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