Thierry Breton : ça passe

Thierry Breton à Bruxelles
(Photo AFP)

Dans l’indifférence générale, Thierry Breton, ancien ministre et P-DG actuel d’Atos, a été élu commissaire européen, après avoir été auditionné par quatre commissions.

LE SILENCE relatif de la presse est d’autant plus remarquable que la candidature de M. Breton avait été vivement critiquée par les oppositions, qui espéraient, de toute évidence, faire subir au P-DG d’Atos le sort qu’ils ont infligé à Sylvie Goulard, la précédente candidate soutenue par Emmanuel Macron, laquelle fut récusée. Il est vrai que Thierry Breton s’est rendu à l’audition en préparant soigneusement son dossier et qu’il a ensuite apporté des réponses claires et concises à toutes les questions, sincères ou venimeuses, qui lui furent posées. Excellent élève qui a passé son examen haut la main. Summa cumme laude, pour ne pas dire mention très bien. Sans doute le candidat traînait-il moins de casseroles que Mme Goulard, dont la compétence était indiscutable ; mais elle avait démissionné du ministère de la Défense pour des raisons d’emplois fictifs quand elle était députée européenne. Le Landerneau s’est étonné de ce que cette membre du MoDem pût revendiquer un poste extrêmement important de commissaire européen alors qu’elle avait dû, deux ans auparavant, renoncer à un ministère régalien. En réalité, Mme Goulard a surtout souffert de la méthode sabre-au-clair d’Emmanuel Macron, qui n’avait pas jugé cette contradiction dirimante. Désireuses de montrer que le président français ne faisait pas la loi dans l’Union européenne, les commissions ont eu le front de le mettre en échec.

Les Allemands deviennent discrets.

S’ils ne l’ont pas fait une seconde fois, car ils auraient pu être tentés de dire que la carrière de M. Breton dans le privé lui interdisait de conquérir une fonction aussi importante que celle qu’il briguait à la commission européenne, c’est probablement parce que les Allemands, Mme Merkel en particulier, ont laissé entendre qu’il fallait traiter les Français par les bonnes manières et qu’il était temps de mettre un terme au conflit. Il reste que, au lendemain d’une polémique où « l’incapacité » de M. Macron de trouver des candidats possibles à des fonctions européennes, le président de la République peut se targuer d’avoir mis en place un homme brillant et compétent. Ce qui prouve combien certains débats franco-français sont superflus, inintelligents et inutiles. L’ambition de tous, sinon de LFI et du RN, devrait être d’avoir une Union qui fonctionne. Si la politique consiste à monter à l’assaut de tout ce qui émane de M. Macron, on n’aura jamais prouvé qu’une chose : que notre pays n’est pas viable, ce qui, bien sûr, n’est pas vrai.

La pluie qui tombe.

Je ne m’en prendrai pas non plus au saccage de la crédibilité française parce que, au terme de l’analyse, la mesquinerie, la petitesse, l’absurdité des comportements de certains deviennent visibles à l’œil nu. La petite victoire de M. Macron, c’est d’avoir démontré que, de temps en temps, il se retrouve au-dessus de la mêlée, qu’il a intérêt à ne pas y prendre part et que l’histoire du pays ne s’écrit pas dans les registres de l’anecdote ni dans les bréviaires de Clochemerle. Gardons-nous en tout cas de ne pas nourrir une ardeur excessive chaque fois que nous voulons démontrer, y compris dans les affaires étrangères, que la France n’est plus qu’un pays de plaideurs ou de citoyens jamais contents de rien, même pas de la pluie qui tombe.

RICHARD LISCIA

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