Sahel : l’hécatombe

Un Tigre au Mali
(Photo AFP)

Comment, malgré la logique impitoyable qui a conduit ces soldats à la mort, ne pas déplorer la disparition de 13 de nos militaires engagés au Sahel à la suite de la collision de deux hélicoptères ? Ils sont morts sur le champ de bataille, mais ce n’est pas le tir ennemi qui a abattu les deux appareils.

UN Cougar et un Tigre sont entrés en collision alors qu’ils s’apprêtaient à engager le combat avec des djihadistes. Six officiers, six sous-officiers et un caporal-chef sont décédés. Le président de la République et le Premier ministre leur ont rendu hommage. L’accident s’est produit au Sahel, dans le Liptako, la zone la plus dangereuse. Depuis la mort de 58 de nos militaires au Liban en 1983, notre armée n’avait pas essuyé une perte aussi lourde. L’opinion publique sera sans doute découragée et des voix s’élèveront pour demander aux peuples de la région d’assurer leur propre sécurité et au gouvernement de rapatrier le corps expéditionnaire. Mais il faut rappeler la dure réalité : le sacrifice de ces combattants empêche le terrorisme de se déployer sur notre territoire et, indirectement, contribue à protéger les civils français. Depuis le lancement de l’opération Serval, appelée ensuite Barkhane, 38 de nos militaires ont trouvé la mort au Sahel. C’est donc un lourd tribut que la France paie pour faire reculer le djihadisme.

Une question lancinante.

En matière de guerre, l’émotion est mauvaise conseillère, même si chacun d’entre nous a le droit de poser une question lancinante : quel est le rapport prix-bénéfice de notre engagement au Sahel ? Il faut rappeler que les combattants maliens ne sont pas épargnés. Quarante-trois d’entre eux ont été tués dans une bataille qui a eu lieu à la mi-novembre. Sans compter les terribles exactions et assassinats de civils commis par les terroristes dans un territoire grand comme l’Europe et où Barkhane mobilise 4 500  de nos soldats. Cela fait six ans qu’ils y sont sans que la situation s’améliore ou que le djihadisme recule. Les alternatives souhaitées par la France, seul pays occidental à se battre dans la région, ne semblent pas prendre corps. Formée par la mission des Nations unies au Mali, l’armée malienne, l’une des plus pauvres du monde, n’a toujours pas atteint le niveau technique requis pour la guérilla. Les Français sont encore les mieux préparés à la confrontation, ce qui ne les empêche d’essuyer des pertes.

L’anarchie règne dans de nombreux endroits et la guerre a fait des milliers de victimes civiles. Ce qui signifie que, en dépit des efforts de l’armée française, les terroristes sont bien implantés et n’ont pas été éliminés. Il demeure que, sans l’intervention militaire de la France, ils auraient sans doute conquis le Mali et des portions du Niger et du Burkina Faso. Il faut donc évaluer les avantages et les inconvénients de ce conflit, qui dure depuis six ans, à l’aune de ce qui se produirait si les Français rentraient chez eux.

RICHARD LISCIA

 

 

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