Femmes : prise de conscience

Marlène Schiappa
(Photo AFP)

La meilleure chose qui pût arriver aux femmes, c’est qu’elles fussent entendues. Selon Marlène Schiappa, , secrétaire d’État à l’égalité entre hommes et femmes, qui s’exprime ce matin dans « le Figaro », de nouvelles mesures vont être adoptées par le gouvernement pour mieux protéger les femmes. 

LE GOUVERNEMENT a confirmé ce matin les décisions annoncées par Mme Schiappa , mais on ne saurait nier le rôle essentiel qu’elle a joué dans l’amélioration de la condition féminine en France. Sa détermination, sa conviction, qui se dresse au-dessus des polémiques, sa combativité ont fait de ce dossier une priorité nationale. Dans l’énumération quotidienne des agressions et, parfois, des meurtres commis contre les femmes, l’effet statistique est lié à la prise de conscience. Sans doute les criminels ne sont-ils pas plus nombreux que naguère, mais, aujourd’hui, on les recense minutieusement.  De sorte que l’effet de nombre est épouvantable et contribue à l’intolérance collective pour le comportement de certains hommes, probablement une petite minorité, incapables de s’arracher à leur instinct primaire et qui voient le mariage ou le compagnonnage comme une possession de la femme par l’homme.

Une révolte quotidienne.

Les décisions du pouvoir coulent de source :  les hommes soupçonnés n’auront plus le droit d’avoir des armes, le secret médical sera assoupli pour que le signalement soit rapide,  le numéro d’appel, 3919, fonctionnera 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, on va créer 80 nouveaux postes d’intervenants sociaux dans les commissariats (il y en actuellement 271), la formation initiale et continue des policiers et gendarmes sera renforcée, en 2020, 1 000 bracelets anti-rapprochement seront fixés sur les hommes capables de frapper leur femme,  les hommes auteurs de violences conjugales seront pris en charge dans deux nouveaux centres à créer, la lutte contre l’alcoolisme sera renforcée, l’égalité des sexes sera enseignée dans les écoles, la notion de suicide forcé va être créée pour que la justice puisse sanctionner les mâles abusifs, l’idée d' »emprise » sera inscrite dans le code civil, bref une belle panoplie  d’instruments pour réduire la violence anti-femmes.

On a le droit de dire que les mesures gouvernementales seront d’autant moins suffisantes qu’elles exigent un financement qui ne sera pas abondé complètement. Par exemple, si des équipes ne sont pas créées au sein de la police pour s’occuper de ce vertigineux problème, si elles ne sont pas formées, si elles ne sont pas sensibles aux souffrances des femmes, si leur accueil des femmes battues au commissariat n’est pas décent et respectueux, elles échoueront dans leur mission. Mais le pire n’est pas sûr. Le pays résonne de sa propre indignation. Un courant s’est formé qui n’est pas seulement composé de femmes, on devine une révolte permanente, alimentée tous les jours pas des nouvelles sinistres qui, en s’accumulant, relancent la colère de tous. Si Mme Schiappa se montre aussi radicale, c’est parce que ce qui se passe dans les ménages appartient à un autre âge et traduit une injustice d’autant moins acceptable que l’acte de battre, et a fortiori de tuer une femme, contient tous les ingrédients du crime le plus sordide : la colère, l’alcool, l’arrogance et la violence, la lâcheté et la brutalité contre une personne que l’homme devrait aimer.

Essayez la tendresse.

La société française ne peut donc pas se laver les mains de cette crise, qui est alimentée par une minorité d’hommes particulièrement dépourvus d’éducation et qui croient bénéficier d’un privilège conféré par leur sexe. Comme le soulignent des experts, on ne parviendra pas à ramener la paix dans tous les ménages. Mais on est parfaitement capable de diminuer le nombre de crimes. D’abord en confiant à des femmes la responsabilité de protéger leur genre. Ensuite, en donnant à la police une capacité juridique d’intervention et une sensibilité particulière au sort de ces femmes qui vivent un enfer. Finies, les mains courantes multiples qui ne produisent aucun résultat, finis les « Ce n’est pas grave, rentrez chez vous » qui signent l’imminence du meurtre, finie l’indifférence à l’égard des femmes sous le prétexte qu’elles ne représenteraient que le deuxième sexe. Les hommes, concernés ou non, doivent comprendre qu’ils n’ont aucun droit supérieur à celui des femmes, et particulièrement à celui de leurs épouses ou compagnes. Ils doivent comprendre que leur couple est égalitaire dans tous les sens du mot. Ils doivent comprendre qu’aucune institution ne leur a jamais conféré le moindre avantage sur la femme. Ils doivent comprendre que, pour cesser d’aimer, il y a la séparation ou le divorce, et que pour continuer à aimer, la tendresse doit se substituer à la force.

RICHARD LISCIA

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