Faure versus Castaner

Olivier Faure
(Photo AFP)

Comme si le débat politique n’était pas déjà incendiaire, voilà qu’Olivier Faure, chef du PS, s’en prend à Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, parce que celui-ci a tenu sur le socialiste des propos qu’il juge désobligeants. Il faut en parler parce que cet épisode décrit à lui seul la baisse de qualité des échanges publics et parce que le climat dans lequel se déroule la campagne des municipales devient irrespirable.

CERTES, c’est M. Castaner qui a tiré le premier, encore que, si on doit faire des comptes, les diverses polémiques entre les deux hommes aient commencé il y a si longtemps qu’il est impossible de retrouver le crime à l’origine de leur guerre fratricide. Fratricide, car ils viennent tous les deux du socialisme, le ministre ayant choisi très tôt Macron et la République en marche pendant qu’Olivier Faure ramassait les décombres du parti socialiste. D’où une bataille qui aurait dû être sporadique, mais qui devient frontale, au point que M. Faure, qui n’est pourtant pas un béotien en politique, a très mal pris un discours du ministre dans lequel celui-ci rappelait que, en tant qu’ancien ami, il avait aidé Olivier Faure dans un divorce et une séparation. Atteinte à la vie privée, s’est exclamé non sans douleur, le chef du PS, qui n’a pas hésité à exiger du président de la République qu’il convoque Castaner pour le réprimander. Comme si le socialiste ne savait pas se défendre tout seul, comme si lui-même, sous des dehors doucereux, était incapable de toute violence verbale, comme s’il était utile  de réclamer au chef de l’État une mesure qu’il ne prendra pas, comme si on était dans la cour de l’école et qu’il fallait appeler le surveillant pour mettre de l’ordre.

Castaner se croit invulnérable.

Non seulement les hommes politiques survivent à leurs pires erreurs, mais ils ne savent plus quoi inventer pour placarder leurs adversaires. M. Faure se conduit comme un enfant qui invoque son père, M. Castaner, provocateur comme toujours, raille un ancien ami auquel il reproche, en quelque sorte, de n’avoir pas fait le même parcours que lui. Politiquement, la manœuvre est absurde, comme tout ce qui n’est pas d’abord réfléchi. Pour le camp de Macron, il suffit de laisser les socialistes mûrir dans l’épreuve, longue et douloureuse, qu’ils traversent. Ils ne menacent pas la majorité et, contrairement aux Républicains, ils ne commencent même pas à redresser la tête. À quoi bon aller les chercher, au moyen d’arguments éminemment discutables, sur les sables mouvants dans lesquels ils sont enfoncés ?  De plus, on imagine que le ministre de l’Intérieur, l’un des hommes les plus contestés de l’équipe d’Édouard Philippe,  a assez de travail pour ne pas se livrer à de nouvelles provocations et surtout à d’indignes railleries contre un personnage politique qui a le droit d’exiger que sa vie privée soit respectée.

Je suppose que M. Castaner est gagné par la fièvre des réseaux sociaux, eux-mêmes contaminés par le virus de la délation, de la moquerie, de la diffamation et qu’il n’a pas trouvé de dialectique plus noble pour confondre ses adversaires. Le nombre de ses saillies, souvent contestables, fait de lui un ministre qui a vraiment besoin d’un attaché de presse, capable de mettre des mots élégants sur les attaques politiques qu’il lance tous azimuts. Celui qui triomphe par l’épée mourra par l’épée ? M. Castaner se croit invulnérable, lui dont les oppositions réclament sans cesse la démission.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Faure versus Castaner

  1. JULIEN dit :

    Vous avez dit « irrespirable » »le climat de la campagne électorale pour les élections municipales, tellement irrespirable qu’il finira par nous étouffer avec le risque de détourner encore davantage nos concitoyens du chemin des urnes. Ce climat atteint même des petites communes où les coups bas sont légion. Gardons nous cependant du « tous pourris » » que ces coups bas ne peuvent qu’entretenir.
    Merci, Richard Liscia de relever dans vos articles ces  » petites choses » qui risquent de finir par nous emporter.

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