Covid19 : un coût économique

Lagarde avec Le Maire
(Photo AFP)

Au-delà du nombre de morts et de malades, le coronavirus a déjà déclenché en France un malaise économique et social, appelé à durer au moins plusieurs mois et qui va forcément influencer la croissance.

IMPOSSIBLE de nier que les relations entre collègues et amis sont profondément affectées. Les messages lancés par le gouvernement pour empêcher le rapprochement physique des personnes ont sérieusement diminué nos rapports sociaux. Nous nous méfions les uns des autres, comme si la société française, divisée sur de nombreux sujets politiques, avait besoin de ce que j’appellerai cette nouvelle malédiction. Mais nous n’avons pas le choix, étant entendu que la prévention du risque constitue la meilleure attitude. Désormais, les rassemblements de toutes sortes, qu’ils soient culturels ou sportifs, politiques ou sociaux, sont déconseillés, quelquefois interdits. La seule chose positive que l’on puisse dire à ce sujet, c’est que l’isolement des individus ne durera pas éternellement et qu’elle ne fera que différer notre penchant bien naturel pour l’instinct grégaire.

La solution entre les mains de Mme Lagarde.

L’Union européenne tente, tant bien que mal, de trouver des remèdes au mal social, tout en recherchant un vaccin. Mais les deux maux sont liés. L’annonce de décès ou de simples contaminations, heureusement pas toutes alarmantes, nous consterne chaque jour un peu plus. Nos concitoyens ont compris que le peu de croissance attendu cette année risque de ne pas se produire. D’aucuns ont stocké des aliments ou des médicaments, ce qui ne correspond pas à l’attitude la plus civique. Que faire, dans ces conditions ? Chaque pays, selon qu’il est plus ou moins endetté, plus ou moins capable de jouer sur son budget, plus ou moins capable de résister à cette singulière pauvreté induite pas l’épidémie, trouvera des solutions à sa mesure. Dans ce tableau très général, les situations les plus diverses donnent lieu à des prises de position différentes. Mais, soyons clairs : les pays de l’Union européenne qui ont les plus gros déficits et la plus grosse dette sont aussi ceux qui réclament que le ralentissement économique soit compensé par la dépense.

J’ai nommé en l’occurrence l’Italie et la France, toutes deux très endettées et dont les grands équilibres financiers sont menacés. La marge de manœuvre de la Banque centrale européenne est très étroite.  Mario Draghi, ancien président de la BCE, avait pratiqué le quantitative easing (l’inondation du marché monétaire par des crédits, associée à des taux d’intérêts voisins ou égaux à zéro), lequel a prouvé son utilité mais est arrivé à son terme : la méthode a ses inconvénients, notamment la non rémunération de l’épargne et d’autres problèmes. Christine Lagarde, sa successeure, ne saurait imiter M. Draghi car elle contribuerait sans doute à une phase d’inflation élevée sans être sûre d’obtenir un bon taux de croissance.

Gouverner, c’est prévoir.

Quoi qu’il en soit, les Européens travaillent avec acharnement sur les conséquences de l’épidémie,  qui a l’inconvénient de se produire à un moment de grande fragilité de l’économie européenne. Et l’unité remarquable qui a accompagné le Brexit risque de voler en éclats, parce qu’un certain nombre de membres de l’UE, l’Allemagne en particulier, assise sur un excédent budgétaire considérable après avoir diminué drastiquement sa dette publique, défendent à Bruxelles l’orthodoxie budgétaire. Mais l’affaire est politique. Emmanuel Macron presse Angela Merkel d’augmenter ses dépenses pour relancer la machine européenne de production. Si elle ne l’a pas encore fait, c’est principalement parce qu’elle rencontre des difficultés intérieures qui ont fragilisé son autorité.  Les Européens peuvent faire valoir à la chancelière que, avec le coronavirus, l’Union  a affaire à une circonstance économique qui n’a rien à voir avec les cycles habituels de croissance et de récession, que la situation exige des moyens exceptionnels et que l’affaiblissement de pays comme la France, l’Italie ou d’autres, ne profiterait pas à l’Allemagne sur le long terme. La leçon du coronavirus est que « gouverner, c’est prévoir », comme le disait inlassablement Pierre Mendès-France. Mais il a eu, n’est-ce pas? si peu de temps pour gouverner. La France s’est montrée efficace sur le plan sanitaire, elle doit démontrer maintenant qu’elle peut convaincre les Allemands.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Covid19 : un coût économique

  1. Laurent Liscia dit :

    C’est ce que la Federal Reserve nous explique pour justifier sa propre réduction du taux d’intérêt: les circonstances sont exceptionnelles.
    Ca ne change rien au tableau traditionnel que tu présentes, la danse entre l’Italie et la France d’un côté, et de l’autre l’Allemagne. La cigale et la fourmi. Je crois beaucoup plus aux initiatives de Christine Lagarde, le risque d’inflation en période de sous-consommation étant très faible.
    Cela dit, l’efficacité sanitaire est un très bon début, et la coordination des politiques européennes sur ce point est susceptible de r&duire la durée de cette crise anormale.

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