Comment saper l’espoir

Fabien Roussel
(Photo AFP)

Les sondages indiquent une rechute de l’exécutif auquel les Français feraient moins confiance à la fois dans la gestion de la crise et la façon dont le pays en sortira. Il y a une semaine encore, le président et le Premier ministre bénéficiaient d’une cote de popularité proche de 50 %.

C’EST DOMMAGE, non seulement pour MM. Macron et Philippe, mais pour la capacité du pays à progresser rapidement vers le retour à la normale. L’unité nationale est indispensable à une bonne convalescence. Cependant, on n’est pas surpris par ce mauvais résultat car il traduit principalement la somme des critiques adressées au gouvernement par les réseaux sociaux et par les partis d’opposition, ceux dont je signalais hier l’activité abondante et néfaste. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. C’est à quoi s’applique l’illustre secrétaire général du parti communiste français, Fabien Roussel, inconnu dans les chaumières, qui a lancé une algarade uniquement composée de jugements non étayés contre Emmanuel Macron, lequel, selon lui, serait « discrédité » à la fois à cause du manque de masques et de respirateurs et à cause de sa manière de gérer la pandémie. Chacun peut évaluer la puissance de sa réflexion, précédée par des milliers de jugements identiques, qui n’apporte donc rien au débat ni au traitement de la crise, mais qui espère clouer le président au pilori, par cette autre condamnation : « C’est grave ». On s’en serait douté.

Le rôle du CNR.

Dans la forte pensée de M. Roussel se love en outre une subtile analyse d’ordre historique en vertu de la quelle M. Macron aurait confisqué la Résistance à son profit. Où, quand, quoi, comment ? Mais pardi, quand il a parlé de « jours meilleurs », expression qui figure dans le communiqué publié par le Conseil national de la résistance (CNR) le 15 mars 1944 et annonçant la reconstruction de la France. Le représentant d’un parti qui a attendu l’offensive hitlérienne contre l’URSS pour se dresser contre le pétainisme estime probablement que la libération de la France en 44-45 lui appartient. Mais peu importe. Ce ne sont pas les arguments qui comptent, ce sont la mauvaise foi et le mensonge dans le combat politique. M. Macron aurait utilisé une autre expression, on l’aurait retrouvée dans la littérature du CNR.

Communistes purs et durs.

Décidément, le politiquement correct ne suffit plus. La pandémie a entraîné plusieurs réflexes consensuels, les applaudissements aux soignants, la discipline du confinement, le port du masque, les gestes-barrière, et une forme d’unité dont les exceptions confirmaient la règle. Cela ne fait pas l’affaire des oppositions, parmi lesquelles il faut inclure l’infime influence du PCF, devenu soudainement le premier adepte du gaullisme. On a tout dit de M. Macron, depuis qu’on l’a appelé Jupiter jusqu’aux affinités diverses qu’on lui a trouvées avec l’autoritarisme napoléonien, le mépris de classe ou un libéralisme forcené. Mais on ne l’avait jamais présenté jusqu’à présent comme le plagiaire du gaullisme. Je ne vois pas en quoi la résistance, projet porté par une minorité de Français contre la majorité qui avait subi docilement le pétainisme, ne serait pas aujourd’hui la propriété de tout le peuple, Macron compris, ni à quel moment le PC a été chargé de servir de cerbère de la vérité historique, avec une délégation de pouvoirs si complète qu’elle lui conférerait le droit de diffamer un président en exercice. Malheureusement, moins un leader politique dispose de soutiens et plus il est violent, jusqu’à la caricature. Le pire est que des gens, dont les prédécesseurs ont tout de même accompli des gestes historiquement peu corrects, prétendent nous gouverner. Car, bien entendu, avec le PC, nous ne manquerions ni de masques, ni de respirateurs et d’ailleurs nous aurions été naturellement protégés contre le virus. Les « jours meilleurs », ce sont les communistes. Comme ils n’ont pas gouverné depuis 36 ans, ils sont peut-être rouillés, mais purs et durs. Voilà ce qui autorise  Fabien Roussel à lancer contre Macron des attaques verbales atteignant le degré d’intensité qu’ont les mots, mais pas les actes.

RICHARD LISCIA

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6 réponses à Comment saper l’espoir

  1. BOGEN Isabelle dit :

    L’unité nationale, comme en 1940 ?
    Manifestement vous avez oublié.

    Réponse
    Je n’ai mentionné qu’une date 44-45 et elle n’était pas liée à la notion d’unité nationale. Donc, votre critique est incohérente.
    R. L.

  2. Laurent Liscia dit :

    Bof, quelle importance? Le PC ne represente plus rien. En revanche la chute dans les sondages était comme tu disais, prévisible. Cela dit, on verra bien qui sortira vainqueur de la surenchère des calomnies. Surtout quand on constate l’absence effarante d’idees ou de programme chez ceux qui piaillent le plus fort.

  3. joel galiay dit :

    Le masque, ce n’est pas sur les yeux qu’il faut le mettre !
    Personne n’a besoin de Fabien Roussel pour se rendre compte de l’incompétence de Macron, de ce gouvernement, qui le fait très bien tout seul!
    Sur votre anti-communiste primaire, je ne vais pas essayer de vous convaincre !
    Regardez le résultat du 1er tour des élections municipales au Havre.

    Réponse
    Si vous n’avez pas besoin de me convaincre, inutile d’écrire.
    R.L.

  4. Doriel pebin dit :

    M. Liscia est accusé d’être anticommuniste primaire par M. Gallay qui fait de l’antimacronisme primaire sans s’en rendre compte. Il est vrai qu’on s’en remettait aux dieux pour expliquer le malheur il y a encore pas très longtemps. Dans notre monde, on accuse désormais les politiques. M. Gallay croit-il réellement que M. Mélenchon ou Mme Lepen auraient fait mieux ? Il suffit de regarder les critiques envers les dirigeants dans les autres pays. Sauf exception, ce n’est guère mieux. Il est vrai que les y’a qu’à et les il faut que prolifèrent car ils représentent les nouvelles compétences au service de la nation. Il est très évident que les régimes autocrates de droite ou de gauche font mieux : ils mentent et cachent les chiffres en accusant (comme tous nos nouveaux experts surgis de nulle part) les autres d’incompétence. Pourtant, ne pas reconnaître sa propre incompétence est moins dangereux que l’impression de savoir ! Depuis l’antiquité, devant toutes les épidémies, le bon peuple a eu recours à des boucs émissaires ou de façon plus moderne, à la théorie du complot. Il est vrai que cela donne du sens à un phénomène naturel (cf. Le sociologue Gérald Bronner). L indignation et la colère sont deux mauvaises conseillères. Il convient d’être rationnel et en tant que médecin ou soignant, adopter une attitude rationnelle et objective. Le fameux traitement type hydroxychloroquine (pétition signée par 200 000 personnes, a priori experts ) en est une illustration. A ce jour, aucune preuve d’efficacité mais des preuves de iatrogènie grave. Continuez Mr Liscia à analyser la situation avec un certain recul et une idée directrice : protéger les valeurs humanistes et démocratiques. Nombre de plus jeunes semblent avoir oublié ce qu’ont vécu leurs parents et grand parents avec les fascistes de droite ou de gauche.

  5. Doriel pebin dit :

    « L’ignorance engendre plus souvent la confiance en soi que ne le fait la connaissance ».  C. Darwin. En clair, les moins qualifiés dans leur domaine surestiment leur compétence. C’est l’effet Dunning-Kruger (cf Wikipedia ). La personne incompétente tend à surestimer son niveau de compétence, elle ne parvient pas à reconnaître la compétence de ceux qui la possèdent et ne se rend pas compte de son niveau d’incompétence. Bonne nouvelle dont il faut profiter, si une formation est donnée pour améliorer leur niveau de compétence, ces personnes reconnaissent leurs lacunes. Il y a encore de l’espoir.

  6. joel galiay dit :

    Petites remarques!
    Diriger , c’est prévoir! (les masques)
    Chaque jour, ce gouvernement dit une chose et son contraire.
    Et çà les Français l’entendent de la bouche des ministres et de Macron.
    Vous ne voulez pas que je vous fasses une liste … une liste à la Prévert.
    Ils sont incompétents…. pour diriger la France.
    Je ne suis qu’un enseignant à la retraite. et je vois les mesures prises par le ministre de l’EN.
    C’est un incompétent. Je ne vous parle pas du manque de concertation avec les personnes compétentes (chefs d’établissements, enseignants, personnels éducatifs, communes….),
    Tout gouvernement doit écouter dans n’importe quelle situation. On ne dirige pas un pays les yeux bandés.

    Réponse
    Si, si, moi j’aimerais une liste à la Prévert, pour être sûr d’y trouver la totalité des jugements non argumentés. Il est en effet évident que vous êtes plus compétent que Jean-Michel Blanquer. Et c’est pourquoi vous n’êtes pas ministre.
    R. L.

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