Covid, impact géopolitique

Xi Jinping
(Photo AFP)

La pandémie de Civid-19 a sensiblement modifié les relations internationales, aussi bien dans les pays dits « vertueux » que dans les « États-voyous ». En fait, elle a surtout réduit leurs ambitions.

LA GUERRE contre la pandémie n’est pas du tout terminée. Le virus est partout, dans tous les continents. Il fait d’inquiétantes réapparitions, en Iran, en Allemagne, à Pékin, en Amérique latine et n’a cédé que très peu de terrain aux États-Unis. La durée de la crise n’est nullement liée aux saisons, ne serait-ce que parce que à l’hiver de l’hémisphère austral correspond l’été de l’hémisphère du Nord. De sorte que le choix entre santé publique et développement économique se pose en des termes qui relèvent du casse-tête. Il suffit de se pencher sur le cas français : au fond, relance économique et lutte contre la pandémie coexistent.

Le choix des Iraniens.

L’exemple iranien est l’un des plus graves. Voilà un pays qui s’est enfermé dans la radicalité mais ne dispose d’aucun moyen pour poursuivre les politiques affichées. Certes, le régime des ayatollahs ne cesse pas d’invoquer son accès à la puissance nucléaire, ce qui terrorise l’Europe et le Proche-Orient, mais il est tellement affaibli par l’embargo américain qu’il ne poursuivra dans sa voie suicidaire que s’il continue d’appliquer sa politique interne de répression. Ali Khamenei, boursouflé par la haine contre l’Amérique, mais aussi contre l’Europe, rencontre de plus en plus de difficultés dans sa quête de domination et d’indépendance. Il représente une menace à prendre au sérieux, ce qui n’empêche pas l’autoritarisme des ayatollahs de devoir rendre des comptes à un peuple iranien de plus en plus las des mesures prises par le gouvernement sous l’influence des « Gardiens de la révolution », prêts à sacrifier le bien-être des Iraniens au profit d’un programme absolutiste.

L’appel du grand large.

De même, la Chine, si sûre d’elle et si policée, vient d’atteindre les limites de ses ambitions. Elle devra d’abord récupérer ce qu’elle vient de perdre en termes de produit intérieur brut (PIB). Elle doit ajourner son projet de « routes de la soie » qui n’est pas autre chose qu’un chemin plus large pour ses exportations. Et elle sait fort bien que ses anciens clients tentent de relocaliser leur production. Xi Jinping est forcé de négocier avec les États-Unis et l’Europe de nouvelles conditions commerciales. Lui aussi ne peut appliquer sa politique de force  que jusqu’à un certain point, juste avant que le mécontentement populaire ne se traduise pas des émeutes et par l’instabilité. De même, l’isolationnisme de Donald Trump est illusoire. Le Covid a changé les mentalités dans le monde entier, y compris au Royaume-Uni où même Boris Johnson, âme damnée du Brexit, a perdu de sa confiance et de ses illusions, notamment en ce qui concerne le commerce extérieur de la Grande-Bretagne, que l’appel du grand large ne suffira pas à développer.

Apathie mortifère.

Enfin, la gestion non pas médiocre mais désastreuse de la pandémie par l’administration fédérale américaine fait de Donald Trump le principal responsable de la surmortalité, du manque de moyens et de la gestion multiple, donc incohérente, du virus par les gouverneurs des États. Il y a au moins une chose essentielle dans les postures de Trump qui n’est pas suffisamment soulignée : il ne suffit pas de traiter la pandémie par le déni, il ne suffit pas de ne rien faire car ne rien faire a des conséquences sérieuses. On sait que la position électorale du président américain repose sur l’irrationnel de ses partisans. Mais à la fin des fins, s’ils constatent que la prospérité et l’emploi ne reviennent pas, s’ils attrapent le virus, s’ils se ruinent et tombent malades tout à la fois, ils finiront pas déserter le trumpisme. La plus grande folie du président, c’est son apathie mortifère, son refus de rendre des comptes au peuple, ses illusions infantiles, son déni de vérité. Encore n’avons-nous exposé ici que quelques cas, mais la leçon que nous en tirons est valable pour les 7 milliards de terriens. En France, on cherche en toute occasion le moyen de s’en prendre au pouvoir, de l’affaiblir et de le détruire avant l’heure (avant les élections) sans jamais penser à ce qui se passe dans les Amériques, celles de Trump et de Bolsonaro, dans la Russie de Poutine, dans la Chine de Xi et même dans l’Allemagne de Merkel, si populaire et si vigoureuse, mais qui gère encore d’inquiétants clusters dans d’anciens länders de la défunte RDA. Avec un peu de réflexion, vous verrez que nous ne sommes pas si mal lotis.

RICHARD LISCIA

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