Sarkozy publie un livre

Sarkozy prend date
(Photo AFP)

« Le Temps des Tempêtes » est en librairie à partir d’aujourd’hui. L’événement est d’autant moins surprenant qu’il suit d’un an à peine la parution de « Passions », vendu à à 300 000 exemplaires. Il n’en soulève pas moins une énorme curiosité.

LE NOUVEL ouvrage raconte les deux premières années du mandat de Nicolas Sarkozy, 2007 et 2008. Il narre l’effet unique de la submersion d’un homme dans un pouvoir considérable, sa solitude et la puissance des moyens qui lui ont été confiés. On trouvera moins de révélations dans le livre que des portraits d’amis et d’adversaires, soigneusement découpés au chalumeau. Une recension de ses qualités et défauts personnels qui ouvre la voie au narcissisme, à l’autosatisfaction, et à quelques règlements de compte. La question porte moins sur le contenu du livre dont on a pu lire des extraits dans « le Figaro Magazine » d’aujourd’hui que sur les intentions de Nicolas Sarkozy. Bien qu’il s’en défende, on voit dans cette production littéraire la preuve que l’ancien président souhaite revenir dans la course présidentielle. Comme candidat, il serait crédible et modifierait sans doute, à son avantage, le contexte des élections 2022.  S’il choisissait cette voie, il saurait très vite si sa popularité l’incite à poursuivre. Dans le cas contraire, ce serait pour lui une nouvelle humiliation.

Le nom de Castex.

Car il n’en a pas fini avec la justice, ce que ne manqueront pas de lui rappeler, chez les Républicains, ceux qui ne lui ont pas été dévoués corps et âmes ou sont trop jeunes pour avoir travaillé avec lui. M. Sarkozy est encore mis en examen dans l’affaire du financement éventuel par la Libye de sa campagne de 2007. Il risque de fragmenter une droite déjà morcelée, divisée et affaiblie. Les facteurs de son échec probable, il les comprend mieux que personne, mais sans doute avec une arrière-pensée: il a pris date cette année, et il attend de voir. Si le peuple de droite ne l’appelle pas de ses vœux, il n’ajoutera aucun commentaire, dès lors qu’il s’est engagé à ne pas concourir ; s’il est acclamé par les sondages, il dira qu’il cède à la volonté populaire. On est bien forcé de comparer le cas de Nicolas Sarkozy à celui de François Hollande : tous deux n’ont fait qu’un seul mandat, tous deux sont restés éminemment actifs sur le plan politique, tous deux écrivent des livres à un rythme plus régulier que celui du romancier, tous deux ont gardé un lien avec la présidence de la République et ont rencontré Emmanuel Macron à plusieurs reprises, Sarkozy plus souvent que Hollande. On dit que c’est Sarkozy qui a murmuré le nom de Jean Castex dans l’oreille du président actuel, mais ils ont été cent à le faire.

Nostalgie du pouvoir.

Cette manière de rester aux marches du Palais tout en publiant des livres rentables décrit aussi la nostalgie d’un pouvoir qu’ils n’ont pas exercé assez longtemps à leurs yeux. Et, au fond, ils sont les deux spécialistes du mandat unique, capables d’expliquer à M. Macron comment ils ont perdu la seconde manche et quelle méthode est la plus indiquée pour qu’il s’épargne cette défaite. Il semble que M. Sarkozy souhaite davantage le succès de Macron que celui de LR, où il n’a pas que des amis. Quant à Hollande, il serait derrière la décision de Laurent Joffrin, journaliste qui a quitté ses fonctions de directeur de « Libération » pour réaliser (noble et impossible tâche) l’unité de la gauche avec les Verts. L’initiative de M. Joffrin n’a pas été accueillie par les applaudissements, ni au PS ni à EELV. Tout ce qu’elle dit, c’est que François Hollande serait candidat s’il y avait la moindre chance qu’il réussît à prendre la tête d’un Front PS-Verts. En tout cas, il n’est pas question pour lui de favoriser la réélection du président actuel, alors que M. Sarkozy semble sincèrement s’éloigner de toute candidature.

À part ça, le livre de M. Sarkozy confirme que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : la tâche de président est accablante et pleine de dangers ; au passage, il s’en prend à Jean-Louis Debré, l’homme du Conseil constitutionnel qui l’a forcé à payer sa campagne, ou à François Bayrou qui, pourtant ne lui a rien fait personnellement. Comme « Le Temps des Tempêtes » aura une suite d’au moins deux tomes, on peut s’attendre au pire sur ce que l’ancien président racontera des politiciens qu’il n’aime pas, le genre de récit qui rencontre une vive curiosité dans le public mais ne dit rien de sa vision du pays ou de son avenir.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Sarkozy publie un livre

  1. Michel de Guibert dit :

    Ne faire qu’un seul mandat est la conséquence électorale directe de la suppression du septennat au profit du quinquennat, modification ayant entraîné la disparition des cohabitations qui facilitaient la réélection du président.

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