Les démocrates lancent le bal

Joe Biden
(Photo AFP)

La convention démocrate aura lieu à partir d’aujourd’hui et jusqu’à jeudi à Milwaukee, Wisconsin. La convention républicaine commencera lundi 24 août. La pandémie de Covid-19 limitera les deux réunions à des événements virtuels, avec seulement quelques interventions « présentielles », notamment des sénateurs Elizabeth Warren et Bernie Sanders, de Hillary Clinton et de Michelle Obama. Barack Obama prononcera un discours mercredi et Joe Biden clôturera les débats jeudi prochain.

INUTILE de souligner l’importance du rendez-vous électoral du mardi 3 novembre prochain que le président Trump a menacé d’ajourner, déclenchant un tollé chez les démocrates et les républicains à la fois. Sur le papier, la réalité du rapport de forces ne fait aucun doute : Joe Biden devance le président d’une moyenne de huit points et il l’a toujours devancé depuis six mois. Les fameux « swing states », ces États dont le vainqueur ne peut se passer, sont cette année favorables à Biden, après avoir trahi Hillary Clinton en 2016, contre toute attente. Croire à une victoire de Biden n’est donc pas pécher par optimisme. Rien ne dit pourtant que l’économie américaine ne va pas se redresser avant le 3 novembre ; rien ne dit que Trump n’a pas dans sa besace les arguments réels ou fallacieux qui retourneraient l’électorat contre le candidat démocrate ; tout laisse penser enfin que, pour Trump, une défaite est inacceptable et qu’il fera n’importe quoi d’illégal, par exemple refuser de reconnaître le triomphe de Biden et créer un nouveau chaos, car la Constitution ne prévoit pas cette éventualité. Le président en exercice n’a cessé, en effet, de laisser entendre qu’une victoire de Biden ne peut résulter que d’une fraude électorale massive. Il a déjà créé l’atmosphère chaotique du 3 novembre.

Le vote par correspondance.

L’impact du Covid sur la campagne et sur les résultats de la consultation sera énorme. Une bonne partie de la population américaine va voter par correspondance pour éviter de s’exposer à la pandémie. En général, le vote par la poste est une tendance plus appuyée chez les démocrates que chez les républicains.Trump s’est donc empressé de jeter  la suspicion sur un mode de scrutin qui est à la fois légal et indispensable si on ne veut pas que les électeurs fassent la queue jusqu’au lendemain. Autrement dit, le problème ne vient ni de l’âge de Biden, ni de son programme, ni de sa capacité à maîtriser les forts éléments de gauche qui ont changé la composition du parti démocrate, il vient des abus de pouvoir que le président en exercice, jusqu’au 20 janvier 2021, peut commettre, avec l’absence totale de scrupules qui le caractérise. Les assesseurs ont pourtant une centaine de jours pour proclamer le vainqueur. Mais, dans le dénigrement et la contestation, Trump est imbattable. Il est capable de dénoncer la légalité d’un décompte des voix fait à la main. Dans ces conditions, on risque fort d’assister à une soirée électorale sans résultat immédiat et à un Trump qui s’accroche comme un futur sans abri à la Maison Blanche, d’où il faudra l’extraire manu militari.

Un chaos juridique.

Joe Biden, cependant, n’est pas seul. Trump doit compter avec les ténors du parti démocrate, de Sanders à Obama, qui n’auront pas de mal à démontrer que les éventuelles manœuvres dilatoires de Trump n’ont aucune raison d’être et ne représentent que des diversions propres à porter atteinte au bon déroulement du scrutin. On ira, s’il le faut, jusqu’à la Cour suprême, laquelle a montré à plusieurs reprises que, bien qu’elle soit dominée par les conservateurs, elle a gardé toute son indépendance. Elle refusera donc d’entrer dans le piège que Trump lui tendrait et elle jugera en droit. Le droit dit que le candidat est élu président s’il a la majorité absolue des suffrages des 578 grands électeurs, soit 290 voix.  Contre quoi, Trump ne peut rien in fine. En fait, Biden est chargé d’une mission impossible. Il ne lui suffit pas de l’emporter, il lui faudrait un ras de marée électoral s’il veut empêcher Trump de prétendre que les résultats ont été biaisés. Le président peut toujours prétendre qu’il y a eu fraude s’il perd d’un cheveu. Il ne pourra pas le faire si Biden l’emporte avec quinze points d’avance. Tout cela rappelle le scrutin présidentiel de 2000 : le décompte des voix en Floride, État-clé, a pris des semaines au bout desquelles la victoire de George W. Bush a été annoncée, sans convaincre grand-monde.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.