Trump : la riposte

Il ne réussira qu’en trahissant le droit
(Photo AFP)

La convention républicaine commence aujourd’hui, ce qui va permettre au parti au pouvoir à Washington de tenter de regagner le retard pris sur les démocrates, dont la moyenne des sondages affirme que Joe Biden, leur leader, a huit points d’avance.

NI LE charisme mou de Biden, ni la présence de Kamala Harris sur le « ticket » démocrate, ni même le coronavirus n’expliquent que le parti démocrate ait cette année une bonne chance de l’emporter. Certes, la personnalité incohérente de Donald Trump, la forme de gouvernance qu’il a choisie, toute faite d’arrogance et de mépris pour les minorités et pour tant de pays étrangers, de cynisme et de manipulation du droit, et pour tout dire d’une crasse ignorance contribuent à la chute de sa popularité. Pour beaucoup de ses concitoyens, il représente quatre années perdues, et ils sont consternés par l’humiliation que leur inflige sa grossièreté, par la méchanceté et la haine de leur président pour ceux qui ne sont pas de son avis.

Le magicien rate son tour.

Rien, cependant, n’a entamé le soutien du noyau dur du trumpisme, cette conviction d’un grand nombre de citoyens américains qu’ils ne doivent pas payer pour la misère ou les difficultés sociales des autres, qu’ils sont assez forts pour se défendre tout seuls et qu’ils sont en mesure de repousser la vague des minorités réclamant leurs droits essentiels. Le mandat de Trump a placé les États-Unis dans une régression sans précédent, certes économique, mais surtout morale ; et même ses propres troupes constatent que ses initiatives en matière commerciale et diplomatique mettent le pays en danger. Le président en exercice affirme exactement le contraire, car il croit encore à la magie des mots, y compris les mensongers. Mais il sent bien que l’Amérique traverse une période de grand désarroi, qu’elle ne sait pas où elle va et que, en somme,  Trump, c’est l’absentéisme. Sa responsabilité dans la pandémie est immense : il a minimisé le virulence du virus, abandonnant ainsi des populations entières à la contagion. Il se trouve maintenant dans un étau, car le Covid est partout et ne permet pas une reprise vigoureuse de l’économie. Or c’est bien la prospérité américaine, achetée au moyen de la planche à billets, qui a fait son succès. Pendant trois ans, le président  américain s’est présenté comme celui qui a prolongé la croissance et le plein emploi au-delà du pronostic le plus optimiste. Pour avoir négligé le coronavirus, le magicien a lamentablement raté son tour.

Son bilan : la turpitude.

De sorte que, aujourd’hui, à soixante-dix jours des élections générales, il n’est pas en capacité de brandir son bilan aux foules américaines. Tout ce qu’il va faire dans les jours et les semaines qui viennent, c’est ruiner le scrutin. Il a déjà pris ses marques : il a dénoncé le vote par correspondance, mode utilisé majoritairement par les démocrates et déclenché une polémique nationale sur sa viabilité. Il a même ordonné à la Poste de se réformer, ce dont elle a bien besoin (11 milliards de dollars de déficit en 2019), mais le camp démocrate a lancé une contre-offensive et a obtenu que la réforme soit ajournée. Il a fait jurer au président de la Poste (US Postal Service), une institution adorée par les Américains, que les votes démocrates seraient acheminés en vingt-quatre heures (ce qui ne sera pas une tâche facile). Il s’agit d’une affaire cruciale dès lors que les électeurs républicains utilisent rarement le vote par correspondance.

De toute façon, là aussi, Trump a pris date. Il a dit que, s’il perdait, il ne reconnaîtrait pas le résultat du scrutin. Dans ces conditions, que fera-t-il ? Sur quels arguments peut-il s’appuyer sinon sur les mensonges contenus dans sa rhétorique ? Et dans quel état va-t-il laisser le pays, pour autant qu’il finisse par abandonner, ce qui n’est pas sûr ? La leçon historique du trumpisme vaut pour tout le monde. Si un peuple commet une erreur de jugement, il n’est jamais sûr de retourner au statu quo ante par le truchement du vote démocratique. Je crois que les partisans de Trump ont compris qu’ils ne garderaient leur président que s’il allait au bout de sa folie destructrice et que ceux de Biden ont compris que la plus puissante démocratie du monde joue son avenir, sa respectabilité, son honneur le 3 novembre prochain.

RICHARD LISCIA

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R.L.

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2 réponses à Trump : la riposte

  1. Laurent Liscia dit :

    Chute temporaire dans les sondages. L’écart va se réduire au fil des semaines, et tout va se jouer au collège electoral … On sait déjà que Biden fera un score populaire supérieur à celui de Trump, puisque ce fut le cas de Hillary et on ne voit guère cette tendance s’inverser – mais dans les États-clefs, comme la Virginie, le Michigan, la Floride, quel sera le résultat du point de vue du collège électoral ? Beaucoup plus difficile à dire. De plus, il y a les nouvelles élections a la Chambre et au Sénat qui permettront ou empêcheront le nouveau ou l’ancien président de gouverner.

    Réponse.
    Bonne analyse. Il me semble néanmoins que les démocrates ont des chances de retrouver la majorité au Sénat, ce qui faciliterait la tâche de Biden. Trump peut s’accrocher à son fauteuil ou falsifier le scrutin, les candidats au Congrès ne peuvent pas le faire.
    R. L.

  2. SELARL DR RADIGUET dit :

    Cher M. Liscia,
    Je vois que vos vacances n’ont pas été suffisantes pour vous calmer et que votre rentrée se fait tambour battant (humour). Mon petit avis concernant cet éxécrable M. trump est plus nuancé…Il me semble que jusqu’à l arrivée du Covid, il a eu des résultats économiques sans commune mesure avec toutes les autres démocraties.Autrement dit le « moins d’État et plus de responsabilités/libertés individuelles » a quand même été particulièrement efficace. Par ailleurs concernant la pandémie, je ne serais pas surpris dans quelques mois que la moins pire réponse aura été de « faire  » l’épidémie en faisant le gros dos (gestes barrières et protection des plus fragiles en leur laissant le choix)….Car nous, les donneurs de leçons éternels, morales, économiques, sociétales, quel est notre bilan en face. Beaucoup de gesticulations mais aucune efficacité économique et quant à la gestion du covid.
    Réponse
    Je note que vous êtes content de vous auto-congratuler en signalant votre prodigieux humour qui ne fait rire que vous-même et que vous y allez tambour battant, rentrée ou non. Je vous laisse donc rire de vos mensonges : les États-Unis ont souffert économiquement davantage que la Chine et l’Europe, vous nous bercez comme tant d’autres avec la théorie désastreuse du laisser-faire et si contester une politique revient à donner des leçons, cela ne vous empêche pas d’en donner à foison. Balayez devant votre porte avant de me harceler. Enfin, je vous prie de ne pas me considérer comme votre correcteur car mon temps n’est pas moins précieux que le vôtre. Si vous n’avez pas la patience d’écrire vos commentaires, renoncez à vos interventions, ce qui nous fera gagner du temps.
    R.L.

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