Impact politique du Covid

Giuseppe Conte
(Photo AFP)

La pandémie a altéré en profondeur la gouvernance d’à peu près tous les pays. Selon la nature des institutions, le virus est en train d’indiquer le sort prochain, faste ou néfaste, des gouvernements en place.

EN FRANCE, le président de la République, qui s’exprime ce soir et pourrait annoncer de nouvelles mesures déplaisantes pour l’opinion, commence à être sérieusement affaibli par la colère populaire, par le ras le bol de soignants et par une communication qui ne s’est jamais améliorée. Ses défaites électorales, aux municipales et probablement aux régionales, semblent tracer le chemin de l’échec aux élections générales de 2022, surtout si, dans moins de dix-huit mois, nous en sommes encore au confinement et à la pénurie des soins. Inutile de préciser que l’exécutif n’a pas de martingale pour redresser la barre : les insuffisances structurelles du système de soins, ajoutées à à usage désastreux des effets d’annonce, ne seront corrigées qu’au terme d’un effort bien plus long que ce qu’il reste du premier mandat de M. Macron.

On observera que le chef de l’État est moins victime de la pandémie que de la manière de réagir à ses conséquences. Contrairement à ce que nous disent ses détracteurs professionnels, il a fait quelques bons choix stratégiques, sans lesquels il ne pourrait plus s’exprimer comme il le fera ce soir : le choix du confinement, puis du retour au travail, se présentait comme un impératif catégorique, de sorte que lui reprocher de dépenser trop d’argent sans avoir vaincu la pandémie est une façon de dire qu’il y avait une alternative là où n’en existait aucune.

Un héros italien.

La pandémie, puis des mesures de discipline dont on ne soupçonnait pas les Italiens, ont fait du président du Conseil italien, Giuseppe Conte, un héros national. Son improbable popularité a rassuré un peuple qui se voyait durablement voué au déclin. Comme M. Conte l’a déclaré, il ne s’agit pas de mots, mais du sacrifice de tout un peuple. On voudrait bien que les Français, sourds aux exhortations du pouvoir, entendent la parole de Rome. Mais il y a pire que le sort, désormais incertain, de Macron. Il y a le cas de Boris Johnson, en Grande-Bretagne, qui conduit la négociation sur le Brexit avec l’Union européenne en recourant à des manœuvres tactiques extrêmement subtiles (et perverses) alors que la fin des pourparlers doit avoir lieu avant la fin de l’année et que M. Johnson continue à chipoter sur la pêche et la gouvernance, notamment.

Hier, devant la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée, le ministre Jean-Yves le Drian, a simplement dit ce qui crève les yeux, à savoir que le no deal est très probable, ce qui transformera le Royaume-Uni et l’UE en adversaires commerciaux. Ce n’est sûrement pas bon pour l’Union, mais ce l’est encore moins pour la Grande-Bretagne qui s’aventure dans un domaine capable de la ruiner et de créer de terribles tensions entre les Anglais et les Écossais, entre les Anglais et les Irlandais.

Le patient anglais.

Comme on fait on lit, on se couche. M. Johnson ne peut pas se croire le plus malin alors qu’il n’a pas jugulé la pandémie et qu’il a été lui-même contaminé et croit que, en dépit de la crise sanitaire, il peut en ajouter une autre, peut-être plus grave. On remarquera que les populistes, dans cette affaire ont moins de marge que les dictateurs purs et durs. Donald Trump aussi a été malade, il a tenté d’apparaître comme un Superman qu’aucun virus ne peut abattre, mais, même ses plus farouches partisans constatent aujourd’hui que, loin de contribuer à la disparition d’un virus qui a tué plus de 210000 citoyens américains, il s’en sert pour tenter désespérément de gagner une élection que, sur le papier tout au moins, il a perdue.

Il n’en va pas de même en Chine qu’une discipline de fer semble avoir débarrassée de la pandémie ou dans d’autres pays, comme la Russie, où le mutisme règne. On dit que la grippe espagnole de 1918 a fait un nombre beaucoup plus élevé de victimes. C’est vrai, mais un siècle plus tard, les gens n’acceptent pas leur sort avec fatalisme. Ils refusent obstinément la souffrance et réclament des moyens radicaux que l’on ne peut obtenir que par la patience et avec le temps. Un laboratoire vient de renoncer à un essai clinique de vaccin qui a produit des effets secondaires. C’est un coup de frein à la course folle vers la vaccination. Voilà la réalité d’un monde capable d’immenses conquêtes technologiques, mais encore soumis aux caprices de l’infection.

RICHARD LISCIA

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