Vaccination : l’injustice

Vaccination d’un professionnel de santé
(Photo AFP)

Commencée à tâtons, la campagne de vaccination contre le Covid piétine, l’afflux des patients éligibles dépassant, et de loin, les capacités d’absorption. C’est une injustice faite aux demandeurs. Démonstration par l’exemple.

JUSQU’À la conférence de presse tenue hier par Jean Castex et ses ministres, la campagne vaccinale avait démarré dans une grande confusion, les centres de vaccination probables refusant de prendre des rendez-vous et les mairies étant dépassées par d’innombrables appels. La création d’un numéro de téléphone national et de sites Internet dédiés n’a pas arrangé les choses : personne au bout de la ligne, les sites restant obstinément muets. Le gouvernement a constaté quelques bonnes évolutions de la pandémie, à savoir que les fêtes de fin d’année n’ont pas accru la contamination exagérément. Il a adopté le couvre-feu à partir de 18 heures pour tout le pays, la réouverture des écoles, et promis l’accélération de la vaccination dont les Français peinent à trouver les effets positifs ou rassurants. Un exemple : il était impossible, jusqu’à aujourd’hui, d’obtenir un rendez-vous, fût-il aux calendes grecques, certains sites qui, quelques  heures plus tard, figuraient sur la liste du gouvernement, refusant d’admettre qu’ils allaient être engagés dans la campagne.

Les vaccino-optimistes.

Les personnes éligibles pour une vaccination en janvier, c’est-à-dire les plus de 75 ans, sont restées en rade et il est bien peu probable qu’elles obtiennent un rendez-vous avant le mois de mars. Les solutions apparentes, telle que la vaccination en dehors du périmètre communal, ne montrent pas davantage la disponibilité des centres désignés. De toute évidence, la logistique mise en œuvre est insuffisante : manque de soignants, de vaccins et manque d’ordre chronologique des demandes. La bonne nouvelle est que la campagne vaccinale a fait des enthousiastes et que les vaccino-sceptiques de naguère deviennent de grands amateurs de l’immunité, mais la mauvaise est qu’ils encombrent les sites et le téléphone. Que les plus audacieux se font parfois vacciner alors que ce n’est pas leur tour. Que l’éligibilité par l’âge et la co-morbidité ne fonctionne pas.

Indifférence des fonctionnaires.

Cette crise qui accompagne une campagne souhaitée par les plus raisonnables d’entre nous nous prive d’un ultime espoir : celui d’échapper un jour au confinement et au couvre-feu, de nous rendre la liberté d’avoir des loisirs et de travailler. Conscient que la demande est plus forte que l’offre, le gouvernement multiplie les réserves sur les prochaines étapes et prévoit davantage de nouvelles mesures coercitives que de donner à tous la chance d’être vaccinés dans les meilleurs délais. Le plus consternant, dans cette affaire, c’est l’indifférence avec laquelle sont accueillies les demandes des gens éligibles forcés de passer par Internet et ses infinies exigences de sécurité et de fonctionnalité, le mutisme des fonctionnaires chargés d’accueillir les personnes âgées venues spécifiquement jusqu’à eux pour exprimer leurs doléances et leur demi-sourire face à l’incompréhension de leurs interlocuteurs.

Une cause nationale.

La vaccination est pourtant une cause nationale et, à terme, le seul moyen d’en finir un jour avec la pandémie. Elle exige donc un sursaut général pour en faire une procédure aussi simple que la vaccination contre la grippe. Les grandes pharmacies, désireuses de vacciner, ont été laissées à l’écart alors qu’elles auraient pu absorber leurs clients, qui ont confiance en elles. Les médecins généralistes n’ont pas été consultés, sans doute parce qu’ils ne peuvent pas associer leur intervention à une lourde logistique. Il faut préciser que le vaccin Pfizer-BioNtech, une fois sorti du réfrigérateur, est valable pendant cinq jours, assez de temps pour vacciner de nombreux patients, pourvu qu’on les informe qu’ils peuvent s’adresser à leur médecin ou à leur pharmacie.

Certes, il y aura un jour de vaccination pour ceux qui le souhaitent. Mais tous les patients ont vécu en 2020 une année accablante et ils espéraient que, en 2021, ils retrouveraient la possibilité, et même la garantie, de recommencer à faire des projets. Pour beaucoup, il n’en est rien. La quête du nouveau Graal doit trouver un jour pour la première injection, ce qui décidera de la seconde. De mois en mois, nous finirons par terminer l’année sans avoir pris un moment de répit, comme en 2020. C’est lassant et c’est injuste, surtout pour ceux qui ont des familles à l’étranger et qu’on ne laissera pas voyager tant qu’ils n’auront pas été immunisés.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Vaccination : l’injustice

  1. Dr Bernard Guillot dit :

    Attendons de voir comment les choses se mettent en place step by step jusqu’à la fin du mois de janvier. Un peu de patience SVP

    Réponse
    Je ne cesse d’en avoir.
    R. L.

  2. Laurent Liscia dit :

    Une logistique absolument infernale pour gérer ces nouveaux vaccins dont personne n’a l’habitude; et qui ont été développés en temps record. Un exemple de la réussite technologique de notre époque, et des difficultés posées par les très grosses populations.

  3. juchereau guy dit :

    Des rumeurs parlent d’un âge limite, qu’en est-il exactement ?
    Réponse
    Ce ne sont que des rumeurs sans fondement. La vraie question porte sur un sujet simple : il est impossible, depuis plusieurs jours, de prendre rendez-vous pour la première injection, fût-ce pour une date éloignée. Quand ce sera possible, d’autres classes envahiront les plates-formes téléphoniques et Internet et des personnes âgées risquent de rester en rade.
    R. L.

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