Covid : imbroglio politique

Macron doit choisir
(Photo AFP)

La persistance de la pandémie, établie en France à un niveau élevé, a provoqué une cascade de problèmes qui portent à la fois sur le confinement, le couvre-feu, la détresse des Français accablés par la perspective d’un nouvel enfermement, la pénurie de vaccins, la sérieuse dispute entre l’Union européenne et les laboratoires au sujet de la raréfaction du vaccin, le Brexit et l’accord conclu entre le gouvernement britannique et un laboratoire.

L’ABONDANCE de vaccins aurait mis fin à la panique ou au moins apporté un espoir aux patients. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont cru quand la campagne vaccinale a commencé le 28 décembre. La plupart des personnes, éligibles par l’âge à une vaccination immédiate, n’ayant pas pu à ce jour prendre rendez-vous, le danger de contamination pour les personnes âgées va persister. L’exécutif s’interroge sur le re-confinement des plus de 75 ans, mais je ne crois pas exagérer en disant que, depuis février 2020, ils ne sont sortis de chez eux que pour des courses essentielles.

Quoi qu’il en coûte, vraiment ?

Là où le bât blesse, c’est que, en dehors de la vaccination ou d’un traitement, le couvre-feu et les gestes-barrières ne suffisent pas ; il ne reste plus comme mesure de prévention que le confinement. Dont on connaît les conséquences très négatives sur les plans social et économique. Au pouvoir, on trouve donc deux écoles : la première s’appuie sur le tout sanitaire et veut cloîtrer tout le monde, quoi qu’il en coûte, pour reprendre l’expression de Macron, qui a fait florès ; la seconde tient compte du fait qu’il y a déjà eu deux confinements qui ont pratiquement détruit le moral des Français. De sorte que tout effort pour abaisser le pic de la pandémie a de graves inconvénients. À commencer par le confinement ciblé, qui ne viserait que les personnes âgées, celles-là même à qui on ordonnerait de rester à la maison parce qu’on est incapable de les vacciner.

Une overdose de contradictions.

De ce point de vue, la décision que va annoncer le président de la République est évidemment très politique. Tout au long de la crise, nous avons eu droit à une overdose de contradictions, d’hésitations, de décisions annoncées, puis annulées, puis rétablies, à des offensives vaines suivies de replis tactiques. On a beau, pour s’encourager soit-même, répéter une évidence, à savoir que, malgré la fabrication de plusieurs vaccins efficaces contre ce virulent virus, nous n’avons pas empêché une longue et durable dégradation du moral de la population. S’il est vrai que, d’ici à la fin de l’année, la vaccination de masse aura fini par régler la plupart des problèmes, le voyage jusqu’au jour de l’immunité collective sera particulièrement ardu, pour une raison au moins : cela fait déjà un an que nous sommes ballottés par la crise et l’idée d’en reprendre pour un an est accablante pour tous et inacceptable pour les spécialistes patentés de la fronde contre l’État. La gloire de la recherche, la fabrication de plusieurs vaccins en moins d’un an, ne résout pas cette quadrature du cercle qu’est la distribution.

Une deuxième année de restrictions.

On ne sait pas, d’ailleurs, ce qui est la pire option du pays, les ravages sanitaires de la pandémie ou la ruine par l’appel répété aux fonds publics. La nécessité de sauver des vies humaines n’enlève rien à celle de ne pas sombrer dans la faillite. Déjà, les perspectives de croissance, qui semblaient glorieuses avec l’arrivée de la vaccination, sont revues à la baisse. Ce qui implique une forte prudence dans les nouvelles prévisions, une stagnation du chômage et des pertes d’emploi considérables. Ce n’est pas la solution qui manque, c’est le temps. La lenteur de la vaccination nous garantit des mesures intermédiaires qui ne pourront que nous affaiblir, de tous les points de vue.

Un laboratoire produisant le vaccin estime qu’il n’a conclu un accord commercial qu’avec le Royaume-Uni et qu’il ne livrera pas le précieux produit à l’Europe ; un débat absurde, affreusement technique, mesquin, se poursuit sur la fameuse « sixième dose », celle qu’un infirmier expérimenté peut extraire d’un flacon à cinq doses. On se croirait à la maternelle ; Boris Johnson, cette fois, n’a pas eu l’outrance de dire qu’il a marqué un point contre l’Europe en obtenant la livraison exclusive du vaccin par un laboratoire, mais l’Union européenne est placée devant le fait accompli à cause du Brexit. Des voix s’élèvent pour que des doses de vaccins soient livrées aux pays pauvres, exigence humaniste qui serait la moindre des choses si on n’en était pas déjà à choisir entre les jeunes et les vieux ; et donc, entre nous et les autres.

RICHARD LISCIA

 

 

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