La liberté à toutes les sauces

Darmanin et Castex à l’Assemblée
(Photo AFP)

Le débat de l’Assemblée nationale sur le projet de loi séparatisme a commencé hier par une querelle entre la France insoumise et la majorité République en marche. Jean-Luc Mélenchon a demandé une motion de « rejet préalable » qui a été repoussée.

C’EST À UN DÉBAT de 40 heures réparties sur deux semaines que nous convient les parlementaires ; 2650 amendements au texte ont été déposés. Cette fois, les élus de la majorité semblent suffisamment soudés pour être représentés en nombre dans l’hémicycle et riposter aux attaques de l’extrême gauche, celle-ci étant divisée entre Insoumis et communistes et sur une longueur d’onde très différente de celle des socialistes.

Le projet a donc toutes ses chances, mais il donne lieu à des préventions à gauche où l’on estime que, pour lutter contre l’islamisme, le gouvernement porte atteinte aux libertés individuelles. En y réfléchissant, les accusations de M. Mélenchon ne sont guère convaincantes : le problème ne vient pas des libertés dont les Français bénéficient mais de l’usage qu’en font les islamistes pour mieux circonvenir les dispositions prévues au nom de la laïcité et de la démocratie.

Le mot réforme est une obscénité.

Le gouvernement semble ne pas vouloir céder un pouce de terrain sur l’essentiel. Il est représenté à l’Assemblée par quatre ministres poids-lourds, Gérald Darmanin (Intérieur), Jean-Michel Blanquer (Éducation nationale) Éric Dupond-Moretti (Justice) et Marlène Schiappa (Citoyenneté). L’électeur lambda qui serait à la fois attaché aux libertés et aux structures de la société ne comprendrait pas nécessairement ce qui oppose les partis à la majorité : face aux attentats, aux crimes, à la perversité de l’islamisme sur et en dehors du territoire français, l’inertie serait criminelle. M. Mélenchon, qui dénonce « une bouillie d’amalgames » et un « fourre-tout », ne dit pas par quoi il remplacerait le statu quo, qui semble lui convenir, sans doute parce qu’il n’est pas effrayé par la menace pesant sur notre pays. En d’autres termes, rien de ce que fait l’exécutif n’aurait la moindre signification. Il en est du séparatisme comme du reste ; le mot réforme est une obscénité quand l’apathie serait une vertu.

Des citoyens de haute qualité.

L’islam politique est un sérieux problème en France. Il n’a pas disparu. Il résiste aux interventions policières et judiciaires, aux fermetures de mosquée et au discours permanent de nos dirigeants. Il est objectivement soutenu par les mélenchonistes et encore plus décrié chez les Républicains (LR), qui souhaitent des mesures plus radicales, que chez les marcheurs. La surveillance, et même, osons  le dire, le harcèlement contre les forces obscures qui alimentent l’islamisme radical ne sont pas liberticides, comme on veut nous le faire croire, ce sont des instruments pour protéger nos libertés. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à ces musulmans de France qui se sont bien intégrés dans la société et que nous avons le devoir de protéger parce que, avec l’aide des réseaux sociaux, les islamistes s’efforcent de créer un État dans l’État.

Certes, il ne faut pas exagérer le danger, pas plus qu’il ne faut utiliser des arguments contradictoires : la succession des générations de musulmans, c’est-à-dire de descendants de migrants, a produit des citoyens français de haute qualité intellectuelle qu’il serait d’autant plus stupide de confondre avec l’islamisme politique qu’ils en sont les premiers contempteurs. Il demeure que celui-ci s’est rendu coupable de crimes odieux, contre Charlie Hebdo, contre le Bataclan, contre l’Hyper Cacher, contre une jeune policière, contre Samuel Paty, pour ne citer que les assassinats les plus spectaculaires. Et nous devrions rester les bras ballants ?

Contre le prosélytisme.

On peut toujours espérer convaincre par le dialogue les musulmans les plus rétifs ou les moins assimilés. La preuve en est donnée par le document qui a été signé récemment par cinq organisations musulmanes, contre deux qui l’ont rejeté. On peut donc trouver une majorité de Français musulmans qui consentent à observer un certain nombre de règles en accord avec les principes républicains, qui comprennent que dans un pays laïc, la religion est une affaire personnelle quand la démocratie est un projet collectif.

À partir de là, on entre dans le labyrinthe de la discussion nationale, le port de signes distinctifs, le port du voile et, surtout, la question identitaire. Tout le monde constate qu’on peut être chrétien et français, ou juif et français ou protestant et français. Il n’est donc pas hors de portée, pour les Français musulmans, de pratiquer librement leur religion pourvu qu’elle ne déborde pas du cadre du foyer ou de la mosquée et qu’elle ne se lance pas dans un projet de prosélytisme.

La tâche du gouvernement consiste, en conséquence, à donner aux lois une continuité entre sécurité globale, laïcité, séparatisme et renforcement des principes républicains. C’est notre âme que nous défendons, c’est notre bien commun à tous. Nous devons utiliser les atomes crochus fournis par la démocratie et le respect de la liberté de culte des autres pour vivre ensemble et expulser de notre sytème ceux qui souhaitent le détruire. En tout cas, le fait que cette loi soit combattue par des partis si différents montre qu’elle représente un équilibre.

RICHARD LISCIA 

 

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Une réponse à La liberté à toutes les sauces

  1. Laurent Liscia dit :

    Darmanin porte son masque au-dessous du nez. C’est quoi cette manie? Les ministres ne savent-ils pas porter le masque?

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