2022 comme 2017

Macron résiste
(Photo AFP)

À tous ceux qui souhaitent « casser » la fatalité d’un match Macron-Le Pen au second tour, un sondage Sopra Steria pour l’Obs et France Info montre que le scénario de 2017 pourrait bien se répéter.

AU PREMIER TOUR, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont au coude-à-coude, le premier réunissant entre 24 et 27 % des voix, la seconde entre 24 et 26,5 %. Au second tour, M. Macron l’emporte avec 56 % des suffrages contre 44 %. C’est un élément d’appréciation essentiel pour le président en exercice car il montre qu’en dépit d’un mandat particulièrement bousculé par les crises sociales et par la pandémie, il reste le plus populaire des candidats, à 38 % contre 30 % pour Mme Le Pen  et 19 % pour Xavier Bertrand, consacré par le sondage comme le meilleur candidat des Républicains (LR).

L’écart se réduit.

Le président de la République semble donc survivre politiquement au déchaînement des médias  et des réseaux sociaux qui l’accablent de critiques et de leur hargne. En dehors de toutes les convictions personnelles que l’on peut nourrir sur la situation du pays, il s’agit là d’une performance remarquable que n’ont pas accomplie ses deux prédécesseurs. Certes, et c’est important, l’écart entre Macron et Marine Le Pen se réduit. Il l’avait battue par un score de 66/34 au second tour en 2017, il ne la battrait plus que par un rapport 56 /44. Mme Le Pen peut en tirer la leçon qu’elle devra attendre cinq ans de plus si elle n’est pas récusée par son propre parti, ou qu’elle devra améliorer son score dans les mois qui viennent et renverser le choix des Français. Une autre leçon est que, décidément, aucun de nos concitoyens n’a honte de voter Rassemblement national et que sa chef a réussi à s’imposer durablement sur la scène politique. Une troisième est que Macron est l’ultime rempart des démocrates français contre la conquête du pouvoir par Le Pen.

Sept scénarios.

Car ce sondage contient un élément intéressant : il examine sept scénarios, pas moins, de rassemblements contre les deux premiers. Si elle est soutenue par les Verts, Anne Hidalgo, au premier tour, ne dépasserait pas les 16 %. Yannick Jadot (EELV) arriverait à 17 % s’il est soutenu par toute la gauche, mais à 7 % seulement s’il ne l’est pas. Arnaud Montebourg, tout récent candidat, ne dépasserait pas les 4,5 %, Jean-Luc Mélenchon atteindrait péniblement la barre des 10 %. Et Xavier Bertrand 16 %. Ce qui signifie que ni la droite classique ni la gauche, unie à l’extrême gauche et aux Verts, ne seraient en mesure de devancer au premier tour Macron ou Marine Le Pen.

Un rapport direct.

Le président en exercice bénéficierait des 62 à 65 % des suffrages de ceux qui ont voté pour lui en 2017. Mme Le Pen fait mieux : elle est assurée d’emporter de 82 à 86 % de ses fidèles électeurs. Ce qui est très singulier s’agissant de M. Macron, c’est qu’il a une popularité personnelle solide alors que la République en marche est divisée, affaiblie, qu’elle a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale et que, au terme des régionales et des départementales, elle aura été battue dans toutes les élections locales ou intermédiaires en quatre ans. Conformément à la philosophie de la Constitution, il existe donc une relation directe entre les électeurs et le président de la République et, s’il est vrai que gilets jaunes, syndiqués et groupes divers haïssent le chef de l’État, il existe une majorité silencieuse qui n’est pas complètement déçue par lui et lui reste fidèle.

La faiblesse de la REM.

Toutefois, on peut se demander si Macron peut gouverner sans avoir derrière lui un parti solide. Il se peut que la REM ne soit qu’un feu de paille, composé de tendances diverses susceptibles de préférer, à terme, retourner aux partis idéologiques, sans que pour autant la capacité du président (souvenons-nous du cas Hollande) à se faire réélire soit entamée. De sorte que les législatives ne donneraient pas à Macron-bis la majorité écrasante qu’il a obtenue il y a quatre ans. Quant aux oppositions, elles doivent méditer davantage sur ce qui les sépare que sur ce qui les rassemble. Les Verts sont en meilleure forme que le reste de la gauche qui tente désespérément d’exister en tant qu’entité indépendante et non sous le joug écologiste ; la droite classique fait un bruit énorme, mais, si elle garde en gros son implantation locale, elle n’est pas capable de franchir le premier tour, pour le moment en tout cas. Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire, Emmanuel Macron bénéficie davantage de la faiblesse des oppositions que de la qualité de sa gouvernance. Il garde néanmoins la confiance d’une forte fraction des électeurs ; il demeure invulnérable au torrent de critiques (et d’injures) que déversent sur lui les réseaux sociaux, et une bonne partie de la presse ; et enfin, si Macron est un réformiste, il ne serait pas absurde de lui donner cinq ans de plus pour terminer le travail qu’il a commencé.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à 2022 comme 2017

  1. D.S. dit :

    Macron a de bonnes chances d’être le seul président de la Vème République, à être élu pour la seconde fois au suffrage universel (hors cohabitations). Je suis un fervent partisan de notre président, mais il y a une chose qui m’ennuie un peu. Parmi les 10 élections qui ont eu lieu, très peu se sont passées comme on l’avait prévu.

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