Macron dans le dur

Macron : course contre la montre
(Photo AFP)

Le chef de l’État pourrait ne pas franchir le cap du premier tour. Marine Le Pen pourrait, au cas où la gauche se rassemble, se retrouver dans la même situation. Les deux hypothèses obsèdent, dit-on, le président de la République.

TOUT OCCUPÉ qu’il est par la pandémie, Emmanuel Macron feint de ne pas s’intéresser aux échéances électorales. Il est vrai qu’il y est incité par la perte probable des régionales et des départementales. Cependant, il a bel et bien l’intention d’obtenir un second mandat. Diverses attaques de la République en marche contre le Rassemblement national et Marine Le Pen semblent indiquer qu’il a l’intention de l’affaiblir. Mais il ne peut pas nier que la candidate du RN dispose d’une cote de popularité satisfaisante et d’impressionnants bataillons électoraux. Pour Macron, la priorité est d’arriver au début de 2022 avec un bon bilan vaccinal, ce qui revient à dire que le virus sera alors vaincu et qu’il en retirera un profit politique.

À recherche superbe, logistique nulle.

Mais la campagne vaccinale a très mal commencé et la pénurie de vaccins explique le risque d’un troisième confinement. Nous n’en serions pas là si nous avions vacciné à l’israélienne ou même à l’anglaise. Tout ce que l’on dit sur les vaccins, qu’ils sont bien tolérés, qu’ils sont efficaces, qu’ils empêchent les cas graves et protègent contre la mort fait que nos concitoyens sont sérieusement irrités par la contradiction entre une science capable de mettre au point des vaccins en un an, mais une logistique incapable de les distribuer. Cela sera porté au passif de M. Macron s’il n’est pas en position, avant le début de l’année prochaine, d’annoncer triomphalement l’immunisation collective des Français. L’enjeu est là, ce n’est pas celui de la dette et des déficits, ce n’est pas encore la hausse des taux d’intérêt, ce n’est pas le chômage. C’est, grâce à la vaccination, l’abandon des mesures limitées dans le temps ou dans l’espace, l’infantilisme de certains mesures de précaution, et cette menace sourde qui pèse sur le pays.

Une gauche minoritaire.

En tout cas, Macron cache bien son jeu. Il lance des thèmes de bataille et, très justement, fait du RN son adversaire principal car il s’agit d’une réalité irrécusable. Et il le fait avec sang-froid, comme si les obstacles qu’on érige devant les marcheurs étaient faciles à contourner. Ni la gauche, ni la droite, il est vrai, ne sont capables de se rassembler. Qu’on se le dise : la gauche est minoritaire depuis Chirac et elle n’a gagné contre Nicolas Sarkozy que parce qu’il a pris des risques inutiles, mû par le désir de concurrencer le FN en faisant de la surenchère.  La France insoumise, les socialistes et les Verts n’ont vraiment rien en commun, sinon leur hostilité systématique à Macron. On ne fait pas campagne pour abattre un totem, mais pour défendre un programme commun, expression qui a disparu depuis l’ère mitterrandienne. Non seulement la gauche est divisée, non seulement elle va présenter plusieurs candidats, mais sa fragmentation va démolir les plus crédibles d’entre eux. Macron ne cesse de répéter qu’il n’est pas responsable de la fatalité d’un second tour l’opposant à Marine Le Pen. Il a entièrement raison. L’électorat a planté le décor et les règles : Marine est le choix buté de presque un tiers des Français au premier tour. Plus personne n’a honte de voter pour elle. Je ne sais pas si elle a été jamais diabolisée, mais dédiabolisée, elle l’est assurément.

Failles structurelles.

Pour la contrer, il faut un candidat fort, qui a fait ses preuves et qui est en train d’accomplir le mandat le plus ardu depuis la Seconde Guerre mondiale. Il peut, certes, être englouti dans le chaos. Il peut aussi prouver au début de l’an prochain qu’il a tenu la barre et que si la France sort changée de cette crise, si elle n’en sort pas indemne, elle repartira quand même du bon pied. En outre, personne ne peut dire qu’un autre président aurait mieux géré la crise. C’est possible, mais très incertain. Vous aurez d’ailleurs remarqué que les oppositions disent rarement ce qu’il faudrait faire. Elles se contentent de dire qu’il ne faut pas faire ce que fait Macron. La pandémie a mis en lumière des failles structurelles dans la société française qui ne datent pas de 2017, mais de plusieurs décennies. Macron a bon dos quand on lui attribue tous les maux de la nation.

RICHARD LISCIA

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