La police et nous

Policiers anti-émeutes
(Photo AFP)

La manifestation que les personnels de police vont faire cet après-midi avec la volonté de n’être récupérés par un aucun parti politique marquera un point culminant de la crise des forces de l’ordre en France.

ELLE MONTRERA que l’émotion n’est plus acceptable face aux dangers que courent les policiers. Il ne s’agit plus de savoir s’ils sont aimés ou non par la population. La sécurité se réduisant comme une peau de chagrin sur l’ensemble du territoire, ils sont pour le moins indispensables à la sérénité des civils. Jusqu’à présent, nous avons trop souvent été inspirés par les informations en provenance des États-Unis où l’on voit hélas trop de policiers tirer sur des innocents.

Ce n’est pas le cas en France où au contraire trop de délinquants, et principalement des trafiquants de drogue, se mettent à faire feu ou renverser des policiers au moyen de leur voiture pour échapper aux contrôles de routine. D’une manière générale, les abus de pouvoir commis par les forces de l’ordre chez nous sont rares et, de toute manière ils sont suffisamment médiatisés et donnent lieu à assez de procès pour que la police ou la gendarmerie ne soient pas accusées de jouir de privilèges excessifs.

Les politiques seront présents.

Plusieurs hommes et femmes politiques ont tenu à être présents dans le cortège, notamment le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Ils ne prendront pas la parole, car il s’agit uniquement de rendre hommage à Éric Masson, le brigadier âgé de 36 ans, père de famille, renversé et tué il y a quinze jours à Avignon par un jeune homme de 19 ans, dealer de drogue, qui a été arrêté. Éric Masson n’est pas le seul policier à avoir perdu la vie lors d’une rencontre funeste avec des criminels qui n’ont pas le moindre sens de la portée de leurs actes ou de leur responsabilité. Si un abus policier est intolérable, le meurtre d’un policier en service est pire encore.

Bien entendu, il est trop commode pour la classe politique de voler au secours de la police quand elle est brisée par le deuil et par le chagrin, alors qu’il serait préférable d’empêcher, en mettant les moyens nécessaires au service de la police, la banalisation du crime et l’exemple épouvantable qu’elle donne à tous ceux qui ne sont pas encore passés à l’acte. Les forces de l’ordre, et notamment leurs chefs, sont les premiers à faire un terrible constat : les malfrats n’ont plus peur d’eux.

Protéger et embaucher.

L’erreur de l’opinion publique serait de lier le gouvernement actuel à ce qui ne va pas dans le domaine de la sécurité intérieure. Par le passé, on a réduit les effectifs de police et de gendarmerie pour faire des économies budgétaires, alors que les forces de l’ordre doivent affronter une criminalité croissante liée à la consommation de drogues et au terrorisme,  qui les a prises pour cible facile. La violence ne connaît plus de limites. Des commissariats font l’objet de tirs de mortiers d’artifice chaque nuit ; des contrôles de routine se transforment en mortelle tragédie ; dans les quartiers dits sensibles, il y a une sorte de subversion permanente et même une forme d’insurrection. Si le gouvernement ne peut pas être accusé de la dégradation des moyens et des effectifs, il a pour mission obligée de mieux protéger les policiers, d’en embaucher (ce qu’il fait) et de leur recommander d’approcher d’éventuels suspects avec toute la précaution requise.

Le recul de l’ordre républicain.

Parmi d’autres priorités, la sécurité est la toute première. Le problème est dans les crimes, mais aussi dans les têtes de jeunes gens pour qui la violence et la « haine du flic » représentent une forme de psychothérapie. Ils ne respectent aucune institution nationale. Ils n’établissent aucune différence entre démocratie et dictature. Ils se prennent pour des victimes alors qu’ils s’attaquent à des innocents. Ce sont des têtes brûlées avant l’heure. Ce sont nos enfants mais ils nous haïssent et se croient missionnés pour venger des populations déshéritées auxquelles nos systèmes sociaux apportent pourtant tout le soutien dont ils sont capables. On ne peut pas se complaire dans cette crise longue, affreusement pénible et permanente. Il est inacceptable que l’ordre républicain recule dans les quartiers devant une violence croissante.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La police et nous

  1. Laurent Liscia dit :

    La police française n’a rien à voir avec la police américaine, qui est devenue une organisation para-militaire, sur-equipée et dont les comportements politiques sont parfois douteux comme on l’a vu le 6 janvier à Washington.
    Comme tu l’expliques, ce à quoi la police française fait face c’est une sorte d’intifada permanente, entretenue par certains imams et tolérée, sinon encouragée par l’islamo-gauchisme, qui voit dans les populations des quartiers « sensibles » les piliers d’une nouvelle internationale prolétaire. Erreur historique, mais le gauchisme n’en est pas à sa premiere erreur. « S’il est inacceptable que l’ordre républicain recule dans les quartiers devant une violence croissante », quelle solution? Comment « entrer » dans la tête de ces jeunes qui semblent avoir fait leur choix idéologique? Peut-être faut-il commencer par les concepts de base : à chaque droit correspond un devoir. Sans devoir, pas de droits.

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