Le retour à la guerre froide

Poutine et Biden
(Photos AFP)

Le monde de Biden étant diamétralement opposé à celui de Trump, le G7 et les entretiens des présidents américain et russe confirment une tension qui rappelle la guerre froide entre les Occidentaux d’une part, la Russie et la Chine d’autre part.

LE G7 a permis à Joe Biden de resserrer les liens distendus par Donald Trump entre les États-Unis et l’Union européenne. Nombre de commentateurs insistent sur les différends qui demeurent, sur la tentation isolationniste des Américains, sur le principe America first clamé par le pouvoir démocrate à Washington. Par habitude ou par conviction, ils offrent une analyse pessimiste des rapports entre Washington et ses alliés, en s’appuyant sur une dérive historique amorcée par Barack Obama. D’une certaine manière, ils n’ont pas tort en ce qui concerne la défense des intérêts américains. Mais il est absurde d’ignorer le changement qui s’est produit aux États-Unis avec le départ de Trump et l’arrivée de Biden sur la scène mondiale. Le G7 a confirmé l’engagement des États-Unis dans la lutte contre la dégradation du climat, leur stricte appartenance à l’OTAN, leur respect de l’article 5 de la charte atlantique qui prévoit que, si un pays membre est attaqué, tous riposteront.

Des modèles autoritaires.

Le message envoyé à Moscou et à Pékin ne saurait être plus clair et il n’est pas judicieux d’y trouver des nuances ou des réserves. Le mécontentement exprimé par les Chinois et par les Russes, (Moscou vient de publier un communiqué soulignant que les relations entre les deux pays sont au plus bas) suffit à balayer l’idée d’une quelconque responsabilité des États-Unis dans leur nouvelle diplomatie. Les droits de l’homme, notamment, qui n’ont jamais été le souci de Trump, restent la clé des rapports entre les Occidentaux et les deux régimes autoritaires de Russie et de Chine. Or Vladimir Poutine et Xi Jinping ont bâti des modèles qui reposent sur l’usage de la force contre leurs propres peuples.

Ils ne comprennent que la force.

Il ressort des entretiens du G7 et des propos tenus ensuite par Emmanuel Macron que les Occidentaux établiraient une différence entre Moscou et Pékin et chercheraient à apaiser la Russie. On saura très vite si Joe Biden a convaincu Poutine de ses bonnes intentions, notamment en approuvant l’achèvement des travaux du nouveau pipe-line russo-allemand censé livrer du gaz à l’Allemagne. De toute façon, les relations entre les deux camps ne vont pas s’améliorer en quelques jours et l’objectif américain consiste à empêcher une détérioration confinant au conflit. Car on en est là, dans un monde dangereux, miné par les ambitions exorbitantes de Poutine et de Xi. Si l’on tient compte des menaces proférées par la Russie et par la Chine, des manœuvres chinoises pour s’emparer de la mer de Chine, de celles de Moscou, qui se livre à des conquêtes territoriales, dire que ces gens-là ne comprennent que la force n’est qu’exprimer une évidence.

Une hypothèse plausible.

Cependant, la gesticulation ne remplace pas les moyens de tenir tête à l’Occident. La Chine est riche, prospère, dispose d’une armée puissante : on ne va pas la taquiner sans en subir les effets immédiats. La Russie est faible économiquement, sa population est mécontente, et la politique sévère de Poutine à l’égard des dissidents devient insoutenable, y compris pour les Russes qui, au vu des ces facteurs, pourraient sortir de leur apathie. Ce constat permet aux États-Unis d’explorer les voies d’un apaisement et peut-être même de découpler la diplomatie américaine par un traitement différent des relations avec Moscou et des relations avec Pékin.

C’est une tâche difficile mais une hypothèse plus plausible que celle de la guerre dans un climat particulièrement agité : il n’est pas normal que les Russes, par exemple, prétendent ignorer toutes les provocations, cyberattaques, ingérence dans les affaire intérieurs des États, pénétration dans les eaux territoriales occidentales, et désignent les Occidentaux comme les agresseurs. Tout ce que fait Poutine sur le plan intérieur en créant des règles qui lui accordent le pouvoir à vie, se retrouvent dans sa diplomatie. Si vous êtes d’accord avec lui, tout va bien ; sinon le pire est envisageable.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Le retour à la guerre froide

  1. Doriel Pebin dit :

    Très bonne analyse. Poutine et XI Ji Ping sont des dictateurs et la Russie devrait se méfier de Xi Jiping. Notre force sont nos valeurs qu’il faut défendre (humanisme, État de droit, démocratie…). A ce propos, il serait très judicieux d’interroger nos futurs candidats sur leurs intentions vis-à-vis de la Russie et de la Chine. Mme Le Pen et le RN apparaissent trop souvent comme des soutiens à Poutine. Que nous disent-ils sur ce thème prioritaire en politique extérieure car la sécurité et l’immigration ne résument pas un programme ?

  2. Michel de Guibert dit :

    L’OTAN et la sécurité… une partie de Chypre est toujours occupée par la Turquie depuis 1974 !

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