Verts : victoire à la Pyrrhus

Jadot hier
(Photo AFP)

Yannick Jadot arrive en tête au premier tour des élections primaires des écologistes, dont les électeurs se sont répartis en quatre parts à peu près égales. À la deuxième place, Sandrine Rousseau pourrait rafler les voix des trois concurrents suivants.

C’EST un premier tour dont le vainqueur est pratiquement assuré de perdre le second. M. Jadot obtient certes 27,70 % des suffrages, mais sa rivale, Sandrine Rousseau, le talonne avec 25,14 % des voix. Les trois candidats battus (s’ l’on oublie M. Governatori et ses 2 %) totalisent plus de 50 % % des voix. Leur particularité est qu’ils sont infiniment plus proches de Mme Rousseau sur le plan idéologique que de M. Jadot. Sandrine Rousseau a de bien meilleures chances de l’emporter que l’homme qui, d’emblée, semblait le plus apte à obtenir l’investiture du parti. Dany Cohn-Bendit, qui est devenu une sorte de social-démocrate chez les Verts, a donc exprimé hier son inquiétude sur les résultats du second tour.

Légitimité.

Les Verts ont organisé la primaire avec une minutie sans failles, ce qui fera de leur candidat un homme ou une femme dont on ne pourra pas contester la légitimité. Plus de 121 000 citoyens ont voté, la primaire était ouverte à qui voulait s’exprimer, et donc les électeurs ne sont pas seulement des encartés du parti. En revanche, il est clair que les votants se sont prononcés en faveur d’un programme radical. L’idée d’un mouvement et ensuite d’un gouvernement qui ne se consacrerait qu’à la lutte contre le réchauffement climatique n’est pas en soi catastrophique, car la protection de la planète est devenue la première des priorités, en France comme ailleurs. Cependant, s’il est vrai que nous n’avons plus une minute à perdre pour nous atteler à la tâche, un gouvernement écologiste ne peut pas ignorer les questions sociales et économiques, pas plus que, dans un monde très dangereux, il ne peut négliger la diplomatie qu’il entend mettre en œuvre.

Décroissance.

Mme Rousseau et les électeurs qui la soutiendront ne nient rien de tout cela, mais on voit bien que son credo est la lutte contre la pollution et qu’elle n’est pas sensible à la détérioration des relations internationales. Elle ne craint pas de se prononcer en faveur de la décroissance, comme Delphine Batho (22,32 % des voix), de sorte qu’au moins la moitié des électeurs de la primaire des Verts ont adopté ce thème. Les partisans de la décroissance, incollables sur tous les sujets, affirment qu’ils sauront gérer le chômage en créant des emplois « sains ». C’est une promesse qui vaut les autres : elle ne sera pas nécessairement tenue. En réalité, la croissance, elle aussi, est une nécessité vitale.

Et le nucléaire ?

Les Verts nous proposent un monde qui réagit au réchauffement du climat avec la vigueur qui convient au danger pesant sur le planète. D’une certaine manière, ils simplifient un problème extrêmement compliqué : d’abord, il ne faut pas polluer davantage sous le prétexte de ne plus polluer : par exemple, les batteries électriques fabriquées avec des métaux rares ne sont pas forcément la solution, pas plus que les éoliennes qui défigurent le paysage ; ensuite, il faut se livrer à un débat sur l’énergie nucléaire qui semble absolument indispensable dans un monde de plus en électrifié ; enfin, il ne faut démanteler les vieilles industries que si de nouveaux projets assurent l’emploi de leurs salariés.

Gauche divisée.

Sur le plan politique, la primaire des Verts semble confirmer qu’ils ne sont pas encore parvenus à la capacité de gouverner. Ils peuvent prétendre à jouer un rôle dans l’élection présidentielle de l’année prochaine seulement s’ils trouvent un accord de gouvernement avec le PS, ce qui n’arrivera pas si Jadot n’est pas leur candidat. Partout, à gauche, on célèbre le sacre d’Anne Hidalgo, la remontada, et enfin une perspective de revenir au pouvoir. Pour le moment, il n’en est rien : M. Mélenchon joue sa partition en solo, Anne Hidalgo ne décolle pas dans les sondages, les Verts s’évertuent à perdre, le PC est un feu follet.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Verts : victoire à la Pyrrhus

  1. Laurent Liscia dit :

    S’ils ne proposent pas toujours des solutions claires, les Verts ont au moins le mérite de poser des questions pertinentes. Un monde en décroissance, par exemple, pourrait être simplement le reflet d’un reflux démographique nécessaire. Ce qui bien sôr, contribuerait à la réduction des émissions, surtout dans les pays riches, où chaque habitant pollue mille fois plus qu’un citoyen moyen du Bangladesh.

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