Un budget électoral

Le Maire : budget sincère
(Photo AFP)

Le budget de 2022 prévoit un déficit de 124 milliards, avec 1330 milliards de recettes et 1454 milliards de dépenses. Il n’y aura pas de hausses d’impôts et il y aura une hausse des investissements publics. La dette augmentera.

CE GOUVERNEMENT n’est pas le premier à définir un budget adapté à la conjoncture électorale. Pour la dernière année de chaque mandat, les impôts diminuent et les largesses augmentent. Les pouvoirs publics comptent sur la croissance pour résorber le déficit qui passera, si tout va bien, de plus de 8 % en 2021 à 4 % en 2022. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a répété hier que le budget n’était ni insincère ni démagogique, qu’il fallait à tout prix accompagner une croissance qui dépassera les 6 % cette année. En d’autres termes, il s’agit d’augmenter le mouvement naturel du retour de l’économie à la normale.

Une loi incomplète.

L’autre particularité de la Loi de finances, c’est qu’elle n’est pas complète. Il manque le financement de « l’engagement des jeunes » (deux milliards) et celui des investissements (une trentaine de milliards). Cette fois encore, ces sommes risquent de venir de l’emprunt. De sorte que les prévisions actuelles telles qu’elles sont présentées par le gouvernement pourraient changer une fois encore, faisant apparaître un déficit plus élevé. Au moment où tout le monde parle de la fin du « coûte que coûte », on voit que le président de la République veut laisser un bilan plutôt favorable aux ménages : il a diminué leurs impôts de 25 milliards et ceux des entreprises d’une somme équivalente.

Argent facile.

Toute la question porte sur la philosophie de l’argent facile, une politique des taux d’intérêt négatifs qui permet aux États d’emprunter pour rien, et un renoncement à l’austérité. Les critiques pleuvent mais elles sont incohérentes : on ne pouvait lutter contre les effets néfastes de la pandémie qu’en recourant massivement à l’emprunt, on ne peut pas aujourd’hui railler les pouvoirs publics parce qu’ils bénéficient de taux d’intérêt ultra favorables. Le paradigme économique de l’Europe (et de la plupart des États) a été inversé. Ceux qui ont toujours milité pour le retour à l’équilibre budgétaire préconisent maintenant la dépense à tout-va. Pourquoi ? Tout simplement parce que la crise l’exige et que s’enfermer dans un dogme quand la conjoncture réclame l’abandon du dogme est criminel.

Le précédent de 2008.

En 2008, une crise bancaire mondiale a mis les États à genoux et a manqué de peu de causer une faillite planétaire. Les gouvernements n’ont pensé qu’à reconstituer les réserves bancaires. Quand l’équilibre a enfin été trouvé, le chômage s’est répandu parce que personne n’avait veillé à garder ses employés ou ses ouvriers, qui avaient perdu une partie de leur expertise, avaient trouvé un emploi dans un autre domaine ou avaient simplement décidé de ne plus chercher un emploi. Avec la pandémie, la France et ses partenaires européens ont maintenu les emplois (ils ont été payés non plus par les entreprises mais par les États), de sorte que dans un pourcentage élevé de cas, on a retrouvé les mêmes à leur poste. Et l’économie a redémarré dès vite, comme nous l’avons constaté en France dès le printemps.

Il faut certainement mettre un terme à la dépense et retourner à une politique budgétaire plus stricte. L’important est de savoir quand. Il semble bien qu’en dépit des critiques il aurait été nuisible d’amorcer un rééquilibrage du budget qui eût interrompu la belle croissance de cette année.

RICHARD LISCIA

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