Un choc de croissance

Bruno Le Maire
(Photo AFP)

L’économie française a progressé de 3 % au cours du troisième trimestre de l’année. Ce succès remarquable est à rapprocher de la baisse du taux de chômage constatée il y a quelques jours. Les deux statistiques permettent de compter sur une croissance accrue de 4 % au moins en 2022. 

LES DONNÉES relatives à la croissance et à l’emploi ne sont pas celles que commentent le plus souvent les médias, plutôt fascinés par les scores obtenus par Éric Zemmour dans les enquêtes d’opinion. On peut bien sûr les attribuer à la volonté des Français de retourner au travail et aux perspectives offertes par une campagne vaccinale conduite tambour battant. Il n’empêche que, dans le contexte d’une année électorale, elles offrent un atout au pouvoir en place.

Verre à moitié plein.

Les mauvais coucheurs s’abstiennent d’en parler ou continuent à souligner l’effet bref d’une croissance qui finira pas diminuer dans le temps. Ou encore ils préfèrent faire l’éloge d’un peuple à la fois travailleur et discipliné qui ne doit ces améliorations qu’à son propre courage. C’est l’éternel débat sur le verre à moitié plein ou à moitié vide. Il a pour objectif de nier l’embellie économique et sociale et de remplacer une sensation positive par une relance des inquiétudes liées aux difficultés que nous avons rencontrées, sans s’aventurer à dire ce qui se serait produit si, malgré le désir de la société française de se soigner et de guérir des tous les maux relatifs à la pandémie, nous étions restés à un niveau de croissance médiocre et au sentiment que nous pourrions être menacés par une nouvelle vague de Covid.

Morosité.

Ce n’est pas ainsi que fonctionnent les économies des pays industriels. Ils ne peuvent garantir la prospérité à long terme. Ils observent le rythme économique et ils font des prévisions sur le long terme. Il est très rare que la croissance soit aussi forte. Elle offre l’occasion de commencer à résoudre ces maux que sont l’inflation et l’endettement. Répéter qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, c’est se priver de la réflexion sur les moyens de juguler l’endettement et de remettre dans les clous l’ensemble de l’économie nationale. La morosité nationale en guise de philosophie, c’est ce qui ronge notre société. La gestion des flux positifs, c’est ce qui nous permet de travailler sur la durée.

Conséquences électorales.

On sait très bien pourquoi, avec acharnement, les oppositions refusent de prendre en considération les espoirs que suggèrent de meilleurs chiffres. Ceux-ci donnent une note positive au gouvernement qui a géré l’économie de cette manière, ce qui sous-entend que, dans ces conditions, il est inutile, et même négatif, de changer de gestionnaire. Tant que les candidats à la présidence continueront à dresser du pays un tableau sinistre, ils auront un os à ronger. S’ils admettent des chiffres incontestables, ils seront privés de leur principal argument, d’autant qu’ils ont tous choisi non pas de débattre de ce qui les différencie, mais d’attaquer uniquement le président sortant.

Passe sanitaire.

Ces quelques réflexions nous renvoient au fonctionnement de la démocratie. Ses vertus sont étroitement liées à la raison et à la logique. L’outrance et le déni excitent un peuple qui n’est pas toujours en mesure de les déceler et faussent la conversation nationale. Cela ne veut pas dire que, au terme de son mandat actuel, Emmanuel Macron n’aura pas commis des erreurs de jugement et de communication, cela signifie que, dans le monceau d’actes contradictoires qu’il a accomplis, il y en a certains, comme l’instauration d’un passe sanitaire, qui auront été salutaires, au sens premier du terme. Que le Sénat fasse du passe un abcès de fixation, qu’il veuille y mettre un terme bien avant juillet prochain, sous le prétexte que le mandat de M. Macron se termine en avril, que, tout à coup, l’opposition s’en prenne à l’une des meilleurs idées de l’année, tout cela en dit long sur une campagne électorale d’où l’éthique la plus élémentaire a disparu.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à Un choc de croissance

  1. Sphynge dit :

    Oui, ces gestionnaires-là ont été excellents ! Mais, au dessus de ces questions d’intendance, il manque un président pour traiter les problèmes cruciaux de civilisation qui se posent aujourd’hui comme rarement au cours de l’histoire de la France.

  2. Doriel Pebin dit :

    %erco à M. Liscia pour ses commentaires pertinents. Les soi-disant problèmes de civilisation (?) restent à encore discuter, l’époque étant aux prophètes de malheur qui n’arrêtent pas de parler de déclin. Pourtant, la France a connu des époques beaucoup plus dures. Par exemple mai 1940 sans aller très loin. Comment ne pas constater que les vichyssois / pétainistes contemporains sont prêts à remettre la nation « dans l’ordre ». Leur mémoire est courte. Nous sommes en train de sortir d’une crise mondiale majeure et la France et les Français (ne leur en déplaise) ne s’en sont pas trop mal sortis objectivement. Ayons au moins l’honnêteté de le reconnaitre. Le problème civilisationnel actuel est somme toute assez simple : démocratie, humanisme et esprit des Lumières vs. repli sur soi, haine des autres et dérives autoritaires. Est-ce vraiment ce que la France veut ? J’en doute mais le Français est aussi un homme, c’est à dire, un être irrationnel comme tous les êtres humains.

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