Le climat et ses ombres

Biden et Macron à Rome
(Photo AFP)

Le sommet de Glasgow, qui s’ouvre aujourd’hui, après une réunion du G20 à Rome, semble disqualifié avant d’avoir commencé. Des puissances polluantes n’y sont pas représentées, en tout cas pas au niveau hiérarchique requis ; et il souffre déjà de divisions, alors que les exigences de la lutte contre le échauffement climatique sont de plus en plus draconiennes parce qu’elles auraient dû être adoptées plus tôt : un consensus est indispensable.

LA CHINE, qui fonctionne principalement au charbon, la Russie, peu soucieuse de contribuer aux efforts du monde, ont décidé de ne pas être représentées par Xi Jinping et par Vladimir Poutine. Jair Bolsonaro, du Brésil, n’a pas cru bon non plus d’aller en Écosse. L’Europe elle-même est divisée et les conséquences du Brexit ont produit une crise franco-britannique sur la pèche qui ne sera pas aisément réglée. Ce fond d’ambitions refoulées et d’hostilité réciproque à peine voilé entre démocrates et populistes rend herculéenne la tâche consistant à ne pas dépasser un réchauffement supérieur à 1,5 degré à la fin du siècle.

La première cause.

Or nous n’avons besoin de personne pour comprendre que l’environnement est la première cause. C’est ce que disent non seulement les gouvernements mais les peuples interrogés. C’est une cause qui se situe au dessus de toutes les autres et appelle des solutions, certes sévères, mais qui ne mettent en danger aucun régime en place. La mauvaise volonté de la Chine, du Brésil, de la Russie, de la Turquie et des autres n’est pas nourrie par l’analyse du phénomène climatique, dont les conclusions sont implacables. Elle est destinée à marquer leur singularité nationale, à ne pas rejoindre le consensus mondial, à ne pas reconnaître la faute commise antérieurement lorsqu’ils continuent à nier le danger qui pèse sur la planète. Elle cache aussi une incapacité à transférer leurs économies vers les énergies durables, à ne pas compromettre leur développement, par exemple en renonçant une fois pour toutes au charbon.

Oublier la politique. 

En outre, rien n’a été décidé au sujet du nucléaire. La France veut qu’il fasse partie du mix énergétique. L’Allemagne l’a abandonné et s’est jetée sur le charbon, faisant de l’Union européenne un système bancal qui compte plus sur le gaz russe que sur les énergies renouvelables. Pendant ce temps, le président américain, Joe Biden, tente de réunir toutes les bonnes volontés autour d’un projet commun sans obtenir la moindre concession de la Chine ou de la Russie. Pour entrer dans le consensus, il faut oublier la politique, les stratégies militaires, les ambitions. Il faut mettre en place un système scientifique assez sérieux pour limiter le nombre et l’ampleur des catastrophes climatiques qui ont déjà modifié le comportement général de l’humanité, dont les progrès technologiques sont menacés.

Des moyens insuffisants.

Il n’est pire sourd qui ne veut entendre. MM. Poutine et Xi n’ont aucun problème de communication. Ils poursuivent leur stratégie de superpuissance et n’ont nullement fait du climat leur priorité. De la même manière, les Occidentaux ne peuvent pas demander aux pays en développement de faire les investissements nécessaires. Ils doivent leur venir en aide sur la base du respect mutuel. Un pays industrialisé peut parvenir à dépolluer son environnement mais ce sera peine perdue si ses voisins restent des pays « sales ». La pandémie, qui nous a coûté fort cher, ne nous permet pas d’envisager d’envoyer des fonds massifs à l’Afrique pour qu’elle commence à dépolluer. Rien ne va au sujet du réchauffement climatique, alors que nos moyens pour lutter contre lui s’amenuisent.
Le point positif, c’est Joe Biden, parfaitement acquis à la cause de l’environnement. L’Europe peut faire équipe avec lui tant qu’il est au pouvoir. Les deux ensembles forment une entité plus vaste et plus puissante que la Chine et la Russie réunies. On ne peut pas persuader des dirigeants  qui font du déni ou de l’indifférence leur marque de fabrique. Il faut les mettre devant le fait accompli.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le climat et ses ombres

  1. Dominique S dit :

    Je jette mes plastiques dans la poubelle jaune. Je rapporte mes piles usagées dans les magasins. Pour le reste, je fais confiance aux politiques (et surtout pas aux partis écologistes). Mais arrêtons de culpabiliser tout le monde. Je continuerai de prendre ma voiture et même l’avion pour partir en vacances. Pas très jolies, les éoliennes dans le paysage. Et j’ai encore lu dans le journal Capital, qu’elles ne servaient à rien, sinon à se donner bonne conscience.

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