Le choc inflationniste

Rêve devenu cauchemar
(Photo AFP)

L’inflation, mesurée à 2,8 % en 2021, a accompagné une croissance qui sera sans doute fixée vendredi à 6,7 %, l’une des plus vives de l’Europe. On se réjouira du second résultat tout en déplorant le premier.

LA HAUSSE  des prix des carburants obsède les Français, ceux notamment qui utilisent souvent leur véhicule et les remèdes annoncés par le gouvernement (un chèque de 100 euros en cours de distribution et une réduction des taxes de 10 pour cent pour les foyers les plus fragiles), ne suffiront pas à satisfaire les conducteurs. L’impôt ur le revenu étant relativement modeste en France, les taxes du l’énergie constituent une recette vitale pour les pouvoirs publics, dans une période où tout revenu pour l’État est devenu indispensable. On sait aussi que l’augmentation des prix des carburants est une source de colère publique et c’est d’ailleurs ce qui a déclenché la longue crise des gilets jaunes. Curieusement, si la grogne est aussi répandue aujourd’hui, elle n’a pas déclenché de mouvement social.

Le choc climatique.

La raison en est que ce sont les producteurs qui fixent les prix et il n’est pas impossible que, dès cette année, celui du baril parvienne à 100 dollars. À 1,13 dollar pour un euro, la fameuse « prime de change » ne favorise guère les pays qui payent en euros. En période électorale, le gouvernement a tout intérêt à atténuer le choc, mais les moyens de défense contre la hausse des prix sont rares. Il s’agit d’une autre réforme qui n’a pas été envisagée : tout le monde sait que la dépendance à l’égard des énergies fossiles doit être abandonnée au nom du réchauffement climatique. Ce qui n’a pas empêché les consommateurs de continuer à acheter des modèles de plus en plus puissants et lourds consommateurs d’essence.

La collision avec les élections.

Idéalement, il faudrait laisser les prix convaincre les acheteurs d’acquérir des voitures électriques ou hybrides. Mais la climatologie va plus vite que la reconversion, avec une avance du réchauffement planétaire d’au moins dix ans, sinon plus. Nous voici à quelques semaines des élections générales et donc paralysés par la crainte du déclenchement d’un mécontentement généralisé dans la population. Ce n’est jamais le moment de lutter avec une vigueur renouvelée contre les gaz à effet de serre. De fait, l’inflation est l’un des événements qui, d’ici au 14 avril, pourrait peser dans le scrutin.

La conduite à tenir.

La croissance, qui pourrait atteindre 4 % en 2022, nous aidera objectivement à lutter contre l’inflation, ainsi que la réduction du chômage. Mais jamais le « en même temps » n’aura été aussi nécessaire : nos comportements routiers doivent se transformer. Nous devons renoncer aux voitures de luxe qui consomment beaucoup ; n’utiliser nos véhicules qu’à bon escient, c’est-à-dire le moins possible ; songer enfin à n’acquérir désormais qu’un véhicule utile et non tapageur. Il faut aussi comprendre que l’ennemi, dans l’affaire, n’est pas le gouvernement, même s’il hésite à réduire les taxes sur l’énergie, mais le producteur et que tout ce qui contribuera à la réduction des importations de carburants ira dans le sens d’une  baisse des prix importante.

La voiture est redevenue un  luxe.

L’énorme taxation des produits pétroliers relève d’une décision politique qui remonte à 1945. Ce fut le moyen, pour l’État, de s’assurer des recettes fiscales élevées dont l’inconvénient était vite diminué par la joie de rouler en voiture. Le tableau, aujourd’hui est beaucoup moins enthousiasmant, le budget automobile étant devenu l’un des postes les plus coûteux à l’année en amortissement, usure, assurances et énergie. Toute la question est dans la capacité des constructeurs de produire rapidement assez de voitures pour satisfaire la demande et de créer des bornes électriques accessibles dans tout le territoire. D’ici là, nous continuerons à payer très cher un service qui a été créé pour libérer les masses. La voiture n’était plus un luxe depuis longtemps, elle l’est redevenue. Or le progrès résidait dans sa banalisation. Désormais il résidera dans son innocuité climatique.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le choc inflationniste

  1. Laurent Liscia dit :

    Ce commentaire s’étend bien sûr à l’immobilier. Sans remède apparent. Il faut construire vert et moins cher, ce que personne ne sait faire.

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