Macron et la guerre

Les fées lui sourient
(Photo AFP)

Emmanuel Macron s’adresse ce soir aux Français pour les informer de l’évolution de la guerre en Ukraine. Pas encore question d’annoncer sa candidature à un second mandat, mais il lui ne lui reste que deux jours pour le faire. 

LE PRÉSIDENT sortant est renforcé par sa position de président de l’Union européenne et par ses efforts incessants pour protéger les civils ukrainiens des violentes attaques de l’armée russe. Ce matin, le tableau est sinistre. Les Russes se sont emparés de Kherson, dans le sud. Kharkiv est dévastée par les bombardements tandis que Kiev est encerclée avant l’assaut final. Certes, Vladimir Poutine a commis une erreur stratégique en croyant que l’invasion de l’Ukraine serait pour ses forces une promenade de plaisir. Certes, il n’a réussi qu’à refaire l’unité de l’Union européenne et de l’OTAN. Certes, il apparaît comme un dictateur et un paria tandis que son ennemi, Volodymyr Zelensky, est considéré comme un héros. Il ne sortira pas indemne d’une mésaventure qui est le seul produit de sa bêtise. Mais il a le temps de réduire l’Ukraine à néant.

Le mot de Larcher.

De sorte que le président Macron a sur les bras une affaire qui va durer longtemps : il sait qu’elle continuera de l’absorber à chaque instant, même pendant ce qu’il reste de la campagne électorale et même avant et après les différents scrutins. Il s’exprimera ce soir à 20 heures au sujet de la guerre, dit l’Élysée. Cela aurait pu être l’occasion d’annoncer rapidement sa candidature à un second mandat  Les oppositions font une maladie d’une crise qui a affecté tellement le rendez-vous électoral qu’elle supprime littéralement le débat sur les sujets franco-français, ceux que l’on retrouve immanquablement après chaque crise. Mais ce n’est pas Macron qui a déclenché la guerre et il est difficile de comprendre la sortie de Gérard Larcher, président du Sénat, qui estime qu’une élection sans débat fera peser un soupçon d’illégitimité sur celui qui sera élu. Façon bien peu républicaine de contester le résultat de la consultation avant qu’elle ait eu lieu.

Un débat, vraiment ?

M. Larcher veut aussi un débat avant le premier tour. Il y a onze candidats certains d’avoir leurs parrainages et un débat dans ces conditions implique que le partage du temps de parole est impossible sauf si l’on accorde à Macron neuf fois plus de temps que les autres candidats. Il est peut-être temps pour les spécialistes de la confusion de reprendre leurs esprits et de respecter la fonction de celui qui est soumis à la fois à une activité diplomatique permanente et à un affrontement électoral avec plusieurs adversaires.

Le bond de Macron.

M. Macron n’est pas à plaindre : le voici qui a fait un bond dans les enquêtes d’opinion, passant de 24 à 27 %, un sondage généreux lui accordant même 28%. Si la répartition des intentions de vote a bougé, comme tout le monde le souhaitait, c’est en faveur de Macron et au détriment de Valérie Pécresse, dont l’espoir de franchir le cap du second tour est réduit à néant. Elle perd, dans un sondage Harris Interactive, 2,5 points et se retrouve à 11 %, dépassée par Marine Le Pen (18 %) et Éric Zemmour (15 %). Jean-Luc Mélenchon progresse à 12,5 %.

Mais ces observations sont laminées par les intentions de vote du second tour qui, toutes, indiquent que Macron bat, à des degrés divers, n’importe lequel de ses rivaux. En définitive, c’est une course obstinée vers la défaite. Certes, les sondages peuvent se tromper, mais en ce moment ils convergent vers les mêmes chiffres. Enfin les ralliements à Macron de plusieurs personnalités politiques comme Manuel Valls et Jean-Pierre Raffarin renforcent l’aura que le président en exercice a acquise depuis le début du conflit.

Poutine compromet Le Pen et Zemmour.

Bien entendu, n’importe quoi peut se produire qui changerait de fond en comble le résultat du scrutin. Mais la guerre de Poutine a rendu l’arbitraire inacceptable aux yeux des électorats occidentaux. De ce point de vue, l’extrême droite et l’extrême gauche sont victimes de la Russie car elles semblent vouloir nous emmener dans une mésaventure historique. Jour après jour, le cumul des victimes d’une guerre injuste voulue par un seul homme au pouvoir disproportionné, condamne irrémédiablement les systèmes dictatoriaux. Même en France, on commence à comprendre que la liberté, ce n’est pas de n’être pas vacciné, c’est de dire publiquement qu’on ne veut pas l’être. De ce point de vue, les manifestations en Russie contre la guerre sont exemplaires. Il y a eu beaucoup de monde et beaucoup d’interpellations. C’est l’autre erreur de Poutine : il a fabriqué de toutes pièces une crise intérieure qu’il ne saura gérer que par la violence.

D’un côté, la solitude d’un autocrate qui triomphe par les armes. De l’autre, des Européens qui pensent comme un seul homme et des pays de l’OTAN qui ont retrouvé leur vocation. Aucun Français ne veut mourir pour l’Ukraine. Mais nous avons su riposter aux provocations de Poutine. Sachez-le : au fond de lui-même, il bout de rage, il se pose des questions sur les capacités de son armée, sur son moral, sur son efficacité, sur l’évolution d’une économie de moins en moins efficace avec les sanctions, sur ce qu’il fera de sa victoire contre un peuple qui restera armé contre lui tant qu’il vivra.

RICHARD LISCIA

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