Le menteur du Kremlin

Cet homme est dangereux
(Photo AFP)

Une guerre s’accompagnant forcément d’une crise humanitaire grave, Vladimir Poutine souffle le chaud et le froid : tantôt il fait ouvrir des couloirs pour l’évacuation des civils, tantôt il bombarde ces mêmes couloirs. Il en va de même pour la négociation qui, malgré un semblant d’avancées, se poursuit dans une incertitude totale.

POUTINE voudrait conquérir et occuper l’Ukraine, mais son armée n’en a ni la force ni les moyens. Sourd aux accusations de crimes de guerre ou même de crimes contre l’humanité, il tape sans relâche sur les villes qui résistent, tuant plus de civils que de militaires. Les appels au cessez-le-feu n’ont produit aucun résultat ; les cessez-le-feu acceptés ont été violés. Depuis qu’il dirige la Russie, Poutine ment comme il respire. Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à dialoguer avec lui, mais qu’il faut lui apporter des arguments convaincants dans une crise où il a été humilié par la médiocrité de son armée, par les pertes subies, par l’affreuse réputation acquise à coups d’obus et de roquettes tirés sur les hôpitaux et les écoles.

Menaces, zone de non-droit, extermination.

Inutile de faire la démonstration que cet homme-là n’entend que la force et que seule l’issue de la bataille offrira un retour à la paix. La tâche est ardue dès lors que la parole de Poutine ne vaut rien. Mais, autour des villes, sauf à Kherson et à Marioupol, les forces russes ont été repoussées. Les Ukrainiens sa battent comme des lions. Ce sont des patriotes qui tirent sur plus forts qu’eux, mais ils ont des convictions que n’ont pas les conscrits russes. La partie se joue sur des paramètres puissants : la Russie brandit des menaces épouvantables dans l’espoir de terroriser les Occidentaux ; Moscou se moque du droit international et du droit de la guerre ; pour « dénazifier » l’Ukraine, quoi de mieux que d’exterminer tous les Ukrainiens ?

La peur doit changer de camp.

Le dialogue avec Poutine n’est donc vraiment intéressant que si la peur change de camp. Poutine sait parfaitement qu’il y a une limite à ses provocations et que, s’il ne se contente pas des concessions qu’a déjà faites le président Zelensky, il va s’enliser dans un pays livré à la guérilla, qu’il ne peut occuper qu’avec un million de soldats. Entretemps, il enfonce la Russie dans la crise, la chute du rouble se poursuit ; l’opinion russe commence à se poser des questions sur cette « invasion pour libérer des frères » qu’on extermine. Contrairement à ses projets illégaux, Poutine ne restera pas au pouvoir jusqu’en 2034 : il devra payer politiquement le prix de ses erreurs.

Une victoire des Ukrainiens ?

La nouvelle question qui se pose devant la combativité des troupes ukrainiennes est : peuvent-ils gagner cette guerre des plus asymétriques ? Le peuple ukrainien paie de son sang, de ses larmes, de ses morts et de ses blessés le courage de résister. La protection de Kiev, la férocité des combats autour de la capitale, la multiplicité des crimes commis par la Russie affaiblissent Poutine, moralement certes, mais aussi économiquement, politiquement, diplomatiquement.  Poutine a réagi à ses premiers échecs par une violence inouïe. L’arrivée de combattants tchétchènes et syriens en Ukraine n’a pas permis de vaincre les forces ukrainiennes, de sorte que le projet poutinien de conquête risque de se terminer en défaite historique.

Manque de temps.

Il serait trop facile, pour les Occidentaux, de pousser l’Ukraine au suicide sans que les Européens ou les Américains craignent une internationalisation du conflit. Mais d’une part, nous devons aider ce malheureux pays en lui livrant des armes qui ont sans doute contribué aux avances sur le sol des combattants ukrainiens. D’autre part, le seul fait qu’en cinq semaines la partie n’est pas gagnée pour les Russes suffit à décrire une défaite que le temps va aggraver. Ce n’est pas l’Ukraine qui a besoin de temps, même si cette façon de voir les choses est inhumaine, c’est Poutine, c’est une bataille au finish conduite sans la moindre considération humanitaire, avec des armes contemporaines d’une précision telle qu’elle signe les attaques ignobles contre les écoles et les hôpitaux. Pour les besoins de sa cause pourrie, Poutine a choisi une voie qui ressemble à l’hitlérisme, lequel est mort sous les assauts russes en 1945. 2022 est une réédition à l’envers de cet épisode historique.

RICHARD LISCIA

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