Législatives : le trou noir

Macron à Strasbourg
(Photo AFP)

Plusieurs inconnues pèsent sur les pronostics relatifs aux résultats des législatives. La création d’une alliance à gauche sous la houlette de Jean-Luc Mélenchon, capable de gagner le premier tour, la combativité du RN, celle de la majorité présidentielle rendent imprévisible le résultat du second tour. 

LE BROUILLARD législatif n’empêche pas de confirmer qu’il existe désormais trois grands blocs politiques, Mélenchon, Macron et Marine Le Pen mais ne dit rien de ce qui va se passer au second tour. L’incertitude encourage les promesses de victoire lancées dans tous les camps, mais la formation la mieux placée reste la majorité présidentielle. Emmanuel Macron a veillé personnellement à la répartition des sièges, conçue pour que des élus de la droite classique soit ménagés par la macronie.

L’hégémonie des Insoumis.

On devine en outre que ces deux beaux rassemblements de la Nupes et d’Ensemble cachent des divisions, surtout du côté de la Nouvelle Union populaire, environnementale et sociale au sein de laquelle l’hégémonie de la France insoumise a été réaffirmée assez tôt pour que le PCF, le PS et une partie des Verts se posent des questions sur leur engagement aux côtés de LFI.  L’affaire Taha Bouhafs, du nom de ce jeune homme de 25 ans d’abord investi par LFI, puis abandonné par elle au terme d’une enquête sur ses divers agissements politiques et sexuels, complique encore le jeu mais ne devrait pas trop peser sur les chances de la Nupes. À quoi répond le malaise entre les macronistes et les philippistes au sujet de la répartition des sièges, les amis d’Édouard Philippe estimant qu’ils n’en avaient pas reçu un nombre suffisant.

Des noms d’emprunt.

On notera, au passage, le florilège de noms nouveaux donnés aux partis et à leurs alliances parmi lesquels Renaissance, Horizons, Nupes, susceptibles de compliquer la tâche pour les électeurs. Dans ces élections de 2022, tout le monde avance masqué, par exemple M. Mélenchon qui, après avoir demandé au peuple de « l’élire » Premier ministre, ne souhaite même pas être député. Il est vrai qu’à propos des noms, d’autres pays ont ouvert la voie, celle qui dépolitise les partis, par exemple le mouvement Cinq étoiles ou le parti de l’Olivier en Italie. Toute cette sémantique pour noyer les notions de droite et de gauche, pour cacher parfois des idéologies dangereuses  et pour rallier le plus grand nombre des électeurs à des mouvements qui ne montreront qu’après-coup leur vrai visage.

L’ombre de Poutine.

S’il est vrai que l’ascension fulgurante de la Nupes menace la majorité sortante, s’il est incontestable que le président réélu la craint et qu’il presse ses troupes de combattre avec acharnement jusqu’au 12 juin, date du premier tour des législatives, il demeure que M. Macron dispose d’atouts que n’ont pas adversaires. Dans la configuration du quinquennat, il est logique que le peuple donne une majorité parlementaire au président qu’il a choisi ; s’il a été réélu, c’est que son bilan n’est pas perçu comme négatif par les Français ; et, s’il est encore très critiqué, les menaces internationales qui pèsent sur notre pays font de lui l’homme expérimenté dont nous avons besoin. Non, l’Ukraine n’est pas la première des préoccupations des Français, mais c’est une tragédie qui se love dans l’inconscient. Nos concitoyens n’ont pas envie de donner les clés du pouvoir à un homme, en l’occurrence Mélenchon, qui cache mal sa sympathie pour Vladimir Poutine.

Mésaventure.

La vraie bataille n’est pas celle des programmes, elle est celle des enjeux de 2022, un affrontement entre partisans de la démocratie et aventuriers exigeant un changement des institutions qui rognerait nos libertés. La macronie est la seule à s’engager dans ce conflit inédit, à distinguer les menaces et les risques. Elle porte une responsabilité énorme dont dépendent l’Union européenne et la démocratie à l’occidentale. Les instituts d’opinion n’accordent pas plus d’une centaine de sièges à Nupes ; pas plus d’une trentaine au RN ; entre 330 et 370 sièges à la majorité présidentielle. Nous le savons depuis longtemps, en dehors de la macronie, c’est l’aventure. Ou plutôt la mésaventure.

RICHARD LISCIA

 

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