Un désarroi multipartite

Macron est allé chercher du gaz en Algérie
(Photo AFP)

Durcissement de la Nupes, avec une rentrée tonitruante de Jean-Luc Mélenchon, silence relatif du Rassemblement national, qui joue le contre-rôle de la gauche, et désarroi toujours lancinant des Républicains, qui restent écartelés entre l’adhésion au pouvoir et l’opposition et n’ont encore trouvé ni une ligne de conduite ni un homme (ou une femme)-lige. Tel est le tableau de la rentrée politique.

LA MAJORITÉ a bien du mal, de son côté, à compléter ses effectifs pour l’adoption des textes-clés. Elle jette le chaud et le froid : tandis qu’Emmanuel Macron annonce « la fin de l’abondance », la Première ministre, Élisabeth Borne, tente de rassurer ses concitoyens. On ne dira jamais assez que les sacrifices logiques que les Français devront accepter sont une peccadille, comparés aux souffrances des Ukrainiens.

Sobriété.

Le président de la République revient d’Algérie, où il a non seulement réussi à apaiser les relations entre les deux pays, mais où il a obtenu un accroissement des exportations de gaz vers la France. On a tout dit sur ce qui nous attend l’hiver prochain, mais il ne devrait pas être impossible pour la France d’éviter la pénurie d’énergie, si toutefois nos concitoyens consentent à exercer sur leur consommation le devoir de sobriété.

Il y a pire.

Jamais l’avenir immédiat ne nous aura paru aussi morose, mais tout dépend de l’unité des Français et de leur capacité à faire front. Un rationnement de l’énergie ne serait pas un cataclysme : la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine, menace de relâcher des retombées radioactives, ce qui entraînerait un désastre beaucoup plus grave que les problèmes de consommation que nous pourrions avoir.

Désunion européenne.

Le meilleur moyen de vaincre les crises qui arrivent, c’est de s’y préparer, de les attendre de pied ferme, et de ne pas paniquer. Il est impossible de garantir le sang-froid de notre pays une fois que des solutions sévères auront été prises,  mais je ne crois pas que nous ayons le choix. Le plus inquiétant, c’est l’incapacité de l’Union européenne d’adopter des mesures qui garantissent la solidarité continentale : chaque pays s’est adressé individuellement à ses fournisseurs pour qu’ils lui vendent une part du gâteau au prix imposé par le marché.

L’écologie ne doit pas être confiée aux Verts.

On se posera des questions, bien sûr, sur l’indigence de notre politique nucléaire qui nous a incité à rouvrir une mine de charbon, sur la panique qui a suivi le très grave incident de Fukushima, sur le rôle de l’Allemagne et de son ex-chancelière Angela Merkel dans l’abandon de l’atome au profit d’un charbon censé être une ressource transitoire avant l’avènement des énergies renouvelables. Il me semble que les écologistes français ont une responsabilité particulière dans la crise. Ils sont rouges plutôt que verts et leur combat contre le nucléaire nous a conduits à négliger les investissements dans l’énergie atomique.

Le retour du nucléaire.

Voilà que nous y retournons, après une longue parenthèse dont l’apogée aura été l’arrêt de Fessenheim : il n’a été indispensable que parce qu’il correspondait à un engagement de François Hollande. Il n’est plus président mais nous avons fermé la centrale. Nous devrions au contraire relancer son activité et surtout ne pas craindre de donner au nucléaire la part du lion dans le mix énergétique français. Les Verts, noyautés par l’une de ces idéologies radicales qui font encore illusion, s’y opposeront avec force.

L’insulte à la place du soulèvement.

Voilà où se situent les difficultés de l’exécutif : son programme est modéré mais il est combattu comme s’il représentait un danger pour l’égalité et qu’il menacerait les moins nantis d’entre nous. C’est faux et Macron ne peut plus rien dire sans que l’interprétation de ses propos par Mélenchon ne devienne un torrent de sarcasmes. Pourtant, il ne faut rien regretter, ni la majorité relative, ni les excès verbaux des oppositions, ni le mécontentement des foules déclenché par l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat : tant qu’ils pourront abreuver le pouvoir d’insultes, les Français, en tout cas ceux de l’opposition, n’auront pas la force de se soulever.

Le statu quo est préférable.

Pour les censeurs du pouvoir, le statu quo est préférable à une révolte ou à une révolution  : on peut toujours prétendre qu’il existe une autre voie pour redresser le pays, on ne peut pas ignorer que les trois quarts de nos malheurs viennent d’ailleurs et n’engagent pas la responsabilité du pouvoir.  D’ailleurs, les révoltés forment le camp le plus hostile à l’énergie nucléaire et là, quant elle vient à manquer, ils restent muets ou nous racontent qu’on peut s’en passer.

RICHARD LISCIA 

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