Le massacre des Ukrainiens

Jamais les civlls ?
(Photo AFP)

Le jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, la Russie a bombardé la gare de Tchapliné. Elle prétend avoir éliminé 200 soldats ukrainiens. Kiev déclare que 25 civils dont deux enfants ont été tués dans l’attaque.

ON NE SE plongera pas dans le débat relatif aux bombardements russes : ils sont aveugles. Conçus pour tuer des militaires, ils assassinent surtout des civils. Ils le font depuis six mois. Les cas d’exécutions sommaires, le recours aux bombes à sous-munitions, l’effacement de la ville de Marioupol, avec les six cents civils enfouis vivants dans le théâtre de la ville, et j’en passe, montrent clairement que Vladimir Poutine se moque des vies civiles et que les enquêtes internationales déjà en cours ont accumulé une documentation à charge contre lui.

Un procès ? Il faut d’abord le battre.

Il est prématuré d’envisager un procès de Poutine devant la Cour pénale internationale. Même s’il peut être vaincu, il ne se laissera pas prendre.  Depuis quelques semaines, le front est figé, mais il ne laisse guère le choix aux  deux belligérants : le sort de l’Ukraine passe par une victoire des Ukrainiens. De même que le refoulement de l’envahisseur représente une tâche inhumaine, de même il semble impossible que Poutine soit traîné un jour en justice.

Les atouts du pays-martyr.

La violence  inouïe de l’armée russe résulte des frustrations de Poutine, qui a cru qu’il annexerait l’Ukraine en un éclair. Sa défaite est contenue dans la résistance ukrainienne, diamétralement opposée à la passivité de 2014 qui lui a valu de perdre la Crimée. On ne doit pas en conclure que la victoire de Kiev est à la portée de la main de Volodomyr Zelensky mais on ne saurait ignorer ses atouts : la puissante aide militaire que lui ont accordée les Américains, la fougue extraordinaire du patriotisme ukrainien, les pertes, irremplaçables semble-il, de l’armée russe, le début d’une prise de conscience par la population russe que quelque chose ne va pas dans cette « opération militaire spéciale » décidée par Poutine, qui s’est vite transformée en une guerre impitoyable.

Sans issue ?

L’automne et l’hiver gèleront le conflit. C’est assez dire qu’il va durer et que la Russie va poursuivre son entreprise de destruction et d’anéantissement de l’Ukraine. Les Ukrainiens n’ont guère qu’un mois, peut-être deux, pour reprendre éventuellement la ville de Kherson, dans le sud du pays. Mais ils devraient multiplier les « coups » contre la Crimée pour rappeler à Poutine qu’il a ouvert le conflit en 2014. Huit années d’une guerre dont personne ne voit l’issue, la perspective d’un dialogue ne pouvant naître que d’un nouvel affaiblissement des forces russes.

Poutine indifférent à sa réputation.

Les erreurs de celles-ci ont été innombrables ; on peut toujours espérer qu’elles en commettront encore. Il est moins facile d’imaginer un Poutine tellement ébranlé par ses échecs qu’il se mettrait à rechercher une solution négociée. Sa paranoïa et sa vanité n’ont pas été entamées par ses reculs. Il reste tout-puissant au Kremlin et l’extraordinaire dignité des Ukrainiens ne lui fait pas honte, pas plus qu’il ne s’inquiète de la très mauvaise réputation qu’il a acquise. Diplomatiquement, il est aux abois.

Lâcheté occidentale.

Notre devoir est de comparer les sacrifices auxquels nous contraint la guerre et ceux que font les Ukrainiens. On ne saurait mettre sur le même plan l’inconfort du rationnement de l’énergie l’hiver prochain et cette danse constante avec la mort à laquelle les Ukrainiens sont conviés tous les jours. Cette solidarité, nous la leur devons, car ils ne se battent pas pour eux seulement, ils risquent leur vie pour préserver celle de tous les Européens.

Aussi les progrès de l’extrême droite au cœur des démocraties sont-ils particulièrement alarmants. Il n’est pas négligeable que l’Italie soit sur le point de donner la majorité à un parti néo-fasciste (conduit par Georgia Meloni). Lui, le maître du Kremlin, il observe cette lâcheté occidentale qui favorise le tropisme d’un peuple mou vers la pire des solutions et le coup porté à la démocratie. Et il s’en lèche les babines.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le massacre des Ukrainiens

  1. Laurent Liscia dit :

    Et en même temps, la solidarité américaine ne se dément pas. Voilà au moins un pays qui comprend qu’affaiblir la Russie de Poutine est toujours une bonne idée. On note aussi cet étrange tropisme de l’extrême-droite, voire de la droite traditionnelle vers la « lumière » du fascisme russe, perçue comme un rempart contre … contre quoi ? L’islam ? Les immigrés ? Le déclin de la suprématie blanche ? Trouble psychologique qu’il faut continuer à dénoncer. Merci !

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