L’obsession Iquioussen

Photo d’Iquioussen (à g.) prise en 2004
(Photo AFP)

Le Conseil d’État a avalisé la décision adoptée par le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin d’expulser l’imam Hassan Iquioussen, qui prêchait l’antisémitisme dans sa mosquée. Mais voilà que l’imam s’est envolé pour une destination inconnue.

LA POLICE n’a pas donné des explications convaincantes au sujet de cet énorme raté. « On ne peut pas mettre un policier derrière chaque suspect », a déclaré Linda Kebab, porte-parole d’un syndicat de policiers. Mais le sort  d’Iquioussen occupe les médias depuis longtemps et s’il fallait l’expulser un jour, peut-être était-il logique de le mettre sous surveillance. Le gouvernement se rassure en disant que l’imam a commis un délit sérieux en se soustrayant à la justice, ce qui aggraverait son cas. Encore faut-il qu’on puisse mettre la main sur lui.

Bon débarras ?

La réaction naturelle du public consistera en un simple constat : il ne voulait pas être expulsé, il s’est expulsé lui-même. Bon débarras, en quelque sorte. Mais, en prenant la fuite (il serait en Belgique), il devient un électron libre et peut continuer à répandre ses propos séditieux. Il est donc recherché par les polices belge et française, l’idée étant que les décisions de droit doivent être respectées dans les pays de droit.

Une affaire personnelle.

Les avocats du fugitif rejettent, comme il se doit, la logique judiciaire en bloc, avec ses échecs et ses succès. Ils affirment que l’imam n’est pas un homme dangereux pour la société française et que s’il en a été réduit à fuir, c’est parce que Gerald Darmanin en a fait une affaire personnelle. Lequel Darmanin fait maintenant l’objet de critiques fortes inspirées par l’idée que les déplacements de l’imam auraient dû être contrôlées.

Le renversement de la culpabilité.

Comme toujours en France, les responsabilités de l’imam vont être relativisées et celles du ministre lui valent d’acerbes commentaires. En attendant que M. Iquioussen soit arrêté et envoyé au Maroc, dont il a choisi la nationalité bien qu’il soit né en France, l’opposition et les médias ne cesseront de couvrir M. Darmanin de ridicule. C’est une situation qui ne manque pas d’originalité dans la mesure où le furet est insaisissable et où son rapport avec la justice française l’incite à la bafouer après avoir protesté de son innocence.

Il faut le rejuger.

Le Maroc, pour sa part, a renoncé à l’accueillir, de sorte qu’il ne peut plus y être expulsé. En revanche, il y a quelques raisons de penser qu’il peut passer beaucoup de temps en Belgique ou  ailleurs, sans être arrêté. Son comportement de fugitif semble plutôt confirmer que, s’il a préféré échapper à la justice au lieu de l’affronter, c’est que renoncer à tenir des propos antisémites ruinerait la mauvaise réputation qu’il a acquise. Au-delà des failles de la police et de la justice, il est donc regrettable que l’imam fautif n’en ait pas subi les foudres, car il est important de lui démontrer qu’on ne se moque pas impunément des nos institutions.

RICHARD LISCIA

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