L’inévitable 49/3

Olivier Faure et ses amis
(Photo AFP)

S’adressant aux partis de l’opposition, le gouvernement a proposé, au sujet de la loi de Finances, de négocier avec eux un compromis. Il est donc prêt à adopter, partiellement ou en totalité, les changements qu’ils souhaiteraient apporter à ce projet de loi. Ils lui ont tous adressé un « non » sans réserves.

CETTE crise ne porte pas sur le contenu du projet. Elle résulte du souhait de la Nupes, du RN et de LR, de pousser l’exécutif à la dissolution de l’Assemblée et à procéder à des élections anticipées, dont bien malin serait celui capable de dire si elles offriront une majorité absolue à Emmanuel Macron ou si, à l’inverse, elle réduirait encore davantage les suffrages dont il dispose.

Cohabitation ?

A l’intransigeance des partis, le président de la République oppose sa réélection à un nouveau mandat de cinq ans et sa majorité relative. Il est clair, cependant, qu’il est menacé par la cohabitation, sauf s’il consent à dissoudre. Le recours au 49/3 n’est pas illégitime, mais il n’est plus systématique. Il est valable une fois. Il est très vivement critiqué et le ministre du Budget, Gabriel Attal, n’a pas caché que la majorité hésite à utiliser cette procédure.

Des Français contents.

Selon les sondages, les Français sont satisfaits à 70 % de n’avoir pas pas donné à M. Macron une majorité absolue. Pour le moment, ils estiment que le système fonctionne très bien, comme pour se prouver à eux-mêmes qu’il devenait indispensable, pour le second mandat, d’affaiblir les pouvoirs du chef de l’État. La crise parlementaire née d’une majorité insuffisante n’a pas encore produit tous ses effets pervers. Peut-être nos concitoyens seront-ils effrayés par la tournure que prend la crise et jugeront-ils utile que le budget soit adopté sans débat, comme cela se produirait si le 49/3 est imposé aux députés par le pouvoir.

Motion de censure.

LFI a déjà annoncé les moyens de rétorsion auxquels il recourrait en cas de 49/3 : il déposerait une motion de censure. Ce serait une action redondante, car cet article de la Constitution correspond à un vote de confiance ou défiance à l’endroit de l’exécutif. La menace n’est donc pas convaincante. En revanche, la bataille préalable au vote jette déjà une ombre, dans les milieux européens,  sur la capacité de l’exécutif français à appliquer sa politique.

Ainsi les partis de l’opposition ont-ils réussi, au nom de la majorité relative, à fragiliser l’autorité du gouvernement alors que la France est confrontée à plusieurs crises, celle de l’environnement, celle de l’approvisionnement en énergie, celle du pouvoir d’achat, celle de la dette nationale, dans un climat de mécontentement propice à une flambée sociale.

Discrédit français.

C’est moins le sort personnel de M. Macron qui est engagé dans cette crise quelque peu artificielle que le destin des oppositions : elles ont donné à la notion de majorité relative l’interprétation maximaliste, celle qui conduit nolens volens à à la dissolution de l’Assemblée, ou encore à la cohabitation, toutes issues désastreuses dans la mesure où la mauvaise volonté des partis jette sur le pays un discrédit au moment même où la France est en mesure de jouer un rôle européen efficace.

Qui représente le PS ?

On aura noté ce qui ne surprend personne, le radicalisme croissant de la Nupes, revendiqué haut et fort par le PS, ou plutôt par celui qui le représente dans la circonstance, Olivier Faure, ainsi que l’atonie des Verts, paralysés par la dynamique de Mélenchon. Il existe bien une démarche conduite par les dirigeants historiques du PS pour casser l’alliance avec la France insoumise, mais personne ne sait qui représente le mieux le socialisme aujourd’hui, des radicaux mélenchonisés ou de ceux qui dénoncent la politique de M. Faure comme une trahison des idéaux socialistes.

Pas d’alternative.

L’essence même de ce débat sur les institutions montre que, dans la réalité quotidienne, il n’existe pas d’alternative au gouvernement actuel : la Nupes ne s’associerait ni à la droite ni au RN pour la rédaction d’un programme. Ce qui veut dire que, si Macron ne dispose que d’une majorité relative, Mélenchon ne peut obtenir sur la base de ses idées qu’une faible minorité, de même que le RN et, bien entendu que LR. Ce sont des matamores qui réuniraient le nombre le moins élevé de députés autour de leur projet qui menacent Macron. C’est ce que n’a pas compris l’électorat qui, peu soucieux des racines de la crise, espère des décisions susceptibles de le protéger exclusivement.

Le déclin de la social-démocratie.

Cette crise de la gauche montre le déclin de la social-démocratie, bien incarnée par François Hollande, Bernard Cazeneuve et Stéphane Le Foll, mais qui, de toute évidence ne font pas le poids face à ces socialistes qui ont enfin trouvé le moyen de compter dans la vie politique après une série de revers catastrophiques. La vérité est que ce qu’il reste de la social-démocratie se situe maintenant dans la macronie et que, pour M. Hollande et ses amis, il serait plus raisonnable de rejoindre le camp de Macron que d’essayer de renverser Olivier Faure, fort du poison que lui a injecté le radicalisme.

RICHARD LISCIA

 

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