Sur la légitimité de Macron

Macron à New York le 21 septembre
(Photo AFP)

À lire certains commentaires, le chef de l’État traverserait une passe si mauvaise qu’il risque d’y laisser sa carrière. Cette impression vient de ce qu’il ne dispose que d’une majorité relative. D’autres arguments négatifs sont faux. 

EMMANUEL MACRON a été réélu pour un mandat de cinq ans. On tente de nous faire croire que cette réélection est plus un handicap qu’un atout. Mais pourquoi ? Parce qu’il ne peut pas se présenter à un troisième mandat. C’est comme si Mitterrand réélu pour un second septennat avait subi une défaite : sombre idiotie, mais répétée des millions de fois par une gauche et une droite qu’excite leur score aux législatives, elle a trouvé une large place dans le débat public.

Un atout, pas un handicap.

La limitation du mandat présidentiel à deux quinquennats est inscrit dans une réforme voulue par Sarkozy. C’est une précaution démocratique, voilà qu’elle est présentée comme un lourd handicap pour le président qui, le premier, en fait l’expérience. Pourtant, si on a remplacé le septennat par le quinquennat, ce n’est pas pour que les présidents puissent rester quinze ou vingt ans au pouvoir, dès lors que 14 ans semblaient trop long.

La limitation à dix ans reflète bien la volonté de diminuer le temps d’un homme ou d’une femme au pouvoir, elle est destinée à tous les présidents, elle est inspirée par d’autres Constitutions, elle ne saurait donc être considérée comme un handicap. On n’a pas dit de François Mitterrand, réélu pour un second mandat de sept ans, qu’il ne lui restait plus qu’à s’enfermer dans son bureau.

Macron empêché, vraiment ?

La majorité relative que les Français ont confiée à M. Macron a certes pour effet de réduire ses décisions autoritaires. Mais la majorité existe et le président dispose d’assez d’instruments institutionnels pour imposer son programme, y compris sa réforme des retraites. Les termes employés pour décrire la majorité relative sont excessifs : le président serait « empêché », on prévoit qu’il ne fera strictement rien pendant le quinquennat, et que si les difficultés indiscutables qu’il rencontre l’incitent à accroître son autoritarisme, il ne fera que hâter sa chute.

Les moyens du président.

Personne ne croit que le bateau de Macron voguera pendant cinq ans sur un long  fleuve tranquille. Mais enfin on ne voit pas un seul parti d’opposition qui n’ait dressé de la « majorité relative » le tableau  excessif et même outrancier que LFI et le RN dressent de la situation actuelle de Macron. Il peut encore appliquer le 49/3 ; il peut dissoudre l’Assemblée après avoir démontré aux Français que leur souci d’équilibrer les pouvoirs ne fonctionne pas en Cinquième République. Ce n’est pas du tout la majorité relative qui le menace, c’est l’irrédentisme de LFI et de RN, qui se voient prématurément aux marches du pouvoir et se contentent de faire une communication sinistre sur le sort de Macron.

Qui, à sa place ?

On entend partout des déclarations martiales : même les Républicains ne veulent pas être les godillots de Macron, la haine remplaçant la logique et les conduisant à leur propre perte. Mais la vérité s’impose : dans la configuration actuelle de l’assemblée, l’alternative à Macron, c’est le chaos. LR le sait mais ne se convainc pas de défendre ses propres principes, l’essentiel étant non pas de protéger la République mais de se venger de Macron. On n’a pas fini de dire que le président ne sait plus comment faire advenir la réforme des retraites. Mais quand vous voyez les Républicains, tout acquis à une mesure d’âge, refuser de « faire ce plaisir à Macron », et renforcer leurs pires ennemis, c’est-à-dire le Rassemblement national, vous aurez compris  qu’ils préfèrent couler le président que se respecter aux-mêmes, comme dans la fable de la grenouille et du scorpion.

Réélu, mais impopulaire.

Ai-je seulement le droit d’écrire que, parmi les difficultés actuelles du chef de l’État, les deux tiers sont dues aux médias, aux réseaux sociaux et à une communication systématique qui ne fait pas dans la nuance. Une chose est vraie : le second quinquennat sera encore plus dur que le premier, d’autant que M. Macron, tout en affichant la même énergie et la même détermination, est quelque peu perplexe face à des Français qui l’ont réélu, mais qui, interrogés dans les sondages d’opposition, lui restent hostiles à 70 %. Ils voudraient s’en débarrasser ? Mais le remplacer par qui ?

RICHARD LISCIA

 

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4 réponses à Sur la légitimité de Macron

  1. Doriel Pebin dit :

    Bonjour et merci pour ces commentaires de bon sens, notamment sur les dérives intellectuelles où la représentation de la réalité devient… réalité grâce aux médias (où est leur éthique ?) et réseaux sociaux (manipulés par une petite minorité) ! Faut-il croire que tous ces partis regrettent un président autoritaire et jupitérien ou alors un autocrate dictateur type Poutine dont étaient « friands » jusqu’à peu… M Mélenchon et Mme Le Pen ? On marche sur la tête. La triste réalité est que les partis politiques d’opposition ne sont pas intéressés par l’intérêt général mais par le leur. Le RN et le Nupes n’ont-ils pas encore compris qu’ils sont largement minoritaires dans la nation sauf si, caricature et preuve de leur inconscience (ou perversion), ils s’alliaient au mépris de toutes leurs valeurs et celles de leurs électeurs. Les LR ne savent plus où ils sont et qui ils sont ! Tout semble possible sauf si les Français sortent de leur torpeur ou plutôt, de leur paresse intellectuelle. Il serait temps qu’ils commencent à réfléchir (« penser contre soi » disait Hanna Arendt) et à ne plus se centrer sur leur personne et leur petit environnement. On peut rêver ! Merci de dénoncer ces impostures.

  2. Jean-Maurice PARNET dit :

    Chacun a le droit d’être macroniste … mais alors il ne faut pas dire qu’on aime la France car depuis son accession dans les cercles du pouvoir (secrétariat général de la présidence de la République sous son mentor François Hollande et ministère Economie-Finances à Bercy), il accumule les preuves de sa participation au « Deep State » atlantiste.
    Comme beaucoup de personnes peu sûres d’elles-mêmes, il a aussi toujours choisi pour s’entourer des « seconds couteaux » qui ne lui feraient pas d’ombre (E. Phlippe étant une exception). Pour résumer:
    1/ sous Hollande, a appuyé sur le champignon pour aller dans le sens des écolos et bousillet le joyau qu’était notre potentiel nucléaire
    2/ pour se faire de l’oseille et servir ses maîtres d’outre-Atlantique, a bradé le petit bijou qu’était Alstom.
    3/ a complètement mal géré la crise du virus chinois en dépensant des sommes folles pour un résultat médical médiocre (nombre de morts par habitants très médiocre comparé à la moyenne des pays de l’OCDE)
    4/ peu intéressé par les questions sociétales, a laissé filer et l’immigration en provenance des pays à majorité musulmane et l’insécurité (le corollaire depuis 1975)
    5/ a continué à massacrer le niveau de notre enseignement entamé en mai 1968 et lui a donné le coup fatal en nommant rue de Grenelle un « ministre » (?) étranger, racisé, woke et totalement ignorant des valeurs fe la France
    6/ s’est allié avec la « Pétasse de Bruxelles » (que la classe politique avait eu du mal de virer de Berlin après sa performance pitoyable au ministère allemand de la Défense) pour renforcer les intérêts du gouvernement et du complexe militaro-industriel américains, intérêts qui n’épousent en rien ceux des nations européennes.

    Bref où que l’on se tourne c’est la cata … et pourtant ce jeune homme sans profondeur historique (tout ce qui s’est passé avant l’année de sa naissance n’a aucune importance pour lui !) se prend pour Zeus et fait preuve d’une arrogance folle et parfaitement injustifiée.
    Suivant attentivement la politique française depuis l’âge de mes 18 ans (1965 …), je n’hésite pas à dire que le « Foutriquet du Touquet » est DE LOIN le pire président que la France ait connu sous la Vème république (et pourtant avec Mitterrand, Chirac et Hollande, la compétition était féroce !).

    Réponse
    Pour détester Macron à ce point-là, vous devriez essayer Poutine : voilà un grand président. Vous avez commenté un blog intitulé Sur la légitimité de Macron. Macron a été élu et réélu par le peuple français. Il accorde assez de liberté aux Français pour qu’un homme mal éduqué traite Mme Von Der Leyen de pétasse. Dans un effort prodigieux dont je vous félicite, vous avez accumulé un nombre assez impressionnant de fake news pour meubler un commentaire de Trump, un autre président meilleur que Macron de tous les points de vue, et même meilleur qu’un certain Parnet qui, foutriquet ou non, devrait s’excuser de sa grossièreté.
    R. L.

    • Dominique S dit :

      Monsieur Parnet, Macron a l’âge de mon fils, mais c’est pour moi le meilleur président de la Vème République. Avant lui, j’étais fan de Giscard, mais ce dernier n’a pas réussi à se faire réélire. C’était de la faute de Chirac, mais c’était sûrement un peu de la sienne aussi. Revenons à Macron. Il a maitrisé, l’incendie de Notre-Dame, les gilets jaunes, le Covid. Il tient tête à Poutine, qui lui, a exactement mon âge. Et il réussira à finaliser la réforme des retraites. Pour cette dernière, la négociation exclusive ne mènerait à rien, l’autoritarisme exclusif non plus. L’habileté de Macron est de savoir associer les deux. Pour finir, je dirai à M. Parnet que dans mon entourage, je connais plein de M. Parnet. Je pense avoir trouvé l’explication à ce phénomène. Ce jeune homme est si parfait qu’il suscite deux sentiments opposés. Il est admiré par les uns, et… jalousé par les autres.

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