Sexisme : le feuilleton

La Nupes (Bayou est troisième à gauche)
(Photo aFP)

La lutte des féministes contre les agressions sexuelles et autres mauvaises manières faites par les hommes aux femmes vire au fiasco : elle aboutit à faire des victimes de présumés coupables et transforme les lanceurs d’alerte en inquisiteurs.

EN EFFET, l’exemple donné par Sandrine Rousseau, d’EELV, qui se livre à une bataille sans fin contre Julien Bayou, chef du parti, est de moins en moins convaincant. M. Bayou, qui semblait abattu par les accusations lancées par Mme Rousseau, a repris du poil de la bête et, dans une déclaration hier, a annoncé qu’il reprenait sa place de député à l’Assemblée nationale. « Sandrine Rousseau est allée trop loin », a-t-il dit, en dénonçant à la fois de fausses informations à son sujet ou des accusations trop vagues pour être retenues.

Une hâte suspecte. 

L’affaire Bayou s’inscrit dans un courant général de l’action féministe, qui a déjà mentionné publiquement plusieurs noms d’hommes politiques, sans pour autant établir un dossier contenant des précisions ou des éléments contradictoires. Autrement dit, ces noms ont été prononcés dans des affaires dont le public ne connaît ni les contours ni le contenu.

Des « cellules de surveillance ».

Or, en politique, on ne peut pas être assuré de la bonne foi de l’accusateur. Mme Rousseau nie avoir (à son tour) harcelé M. Bayou avec le projet de le remplacer dans ses fonctions. Mais il apparaît de plus en plus que les cellules de surveillance des actes sexistes mises en place par la gauche, notamment chez EELV et à la France insoumise, n’apportent pas la garantie d’impartialité qu’offre la justice. Chez LFI, on a plutôt tendance à défendre l’accusé ; chez EELV, on défend les femmes, quoi qu’il en soit.

Un syndrome de gauche.

Le mouvement féministe a pris, ces dernières années, en France et dans le monde, une ampleur considérable. Il désigne de plus en plus de cas, mais le plus souvent sans apporter la moindre preuve. Il ne se livre pas à une enquête approfondie et il devance même la volonté de la victime de porter l’affaire en justice, ce qui n’est pas toujours le cas. C’est un syndrome de gauche, de cette gauche qui a toujours eu l’ambition de faire le bonheur des gens sans qu’ils l’aient demandé.

Comment étouffer une affaire.

Toutes ces affaires seront un jour complètement oubliées, mais leur existence et leur nombre n’ont pas nécessairement entraîné une réaction salutaire à gauche. Le seul fait que des cellules ont été créées pour régler les problèmes de machisme en interne, comme si on voulait que ces affaires ne sortent pas du périmètre du parti, montre une tendance inquisitoriale totalement à rebours des règles démocratiques. Il n’appartient pas aux pairs d’un homme politique de le juger ou de décider de son sort. Ils sont de sa famille et nul ne doute que, chez LFI, l’idée, c’est d’étouffer l’affaire.

Une seul remède : la justice.

Le seul moyen de faire advenir la vérité, c’est la justice. Elle doit être saisie, elle doit examiner les faits, les vérifier et agir en toute discrétion jusqu’au moment où elle se désiste ou, au contraire, elle met en examen la personne en question. Dans l’affaire Quatennens et l’affaire Bayou, Sandrine Rousseau n’a agi que sur le plan politique, et à partir d’un principe navrant : « Toute personne désignée comme sexiste doit rendre des comptes publiquement et cesser son activité ». Alors qu’une telle personne ne doit se retirer que si elle mise en examen. Ce qui n’est le cas ni pour M. Quatennens ni pour M. Bayou.

Il n’y a qu’un juge possible et c’est un magistrat. Aucun homme politique ne doit rendre des comptes à une instance qui n’appartient pas au corps judiciaire.  Mme Rousseau avait le droit d’attirer l’attention du public sur deux cas qui lui semblaient mériter un examen. Mais elle s’est montrée beaucoup plus sévère que la justice. Ni M. Quatennens ni M. Bayou ne seront exonérés uniquement parce qu’ils ont subi les foudres de Mme Rousseau, mais elle n’a aucun droit d’exercer un magistère qui ne lui appartient pas.

RICHARD LISCIA 

PS-Pas de blog demain. Je vous retrouve jeudi.

 

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