Carburants : une pénurie évitable

Patience et longueur de temps…
(Photo AFP)

La pénurie de carburants dans les stations services aurait pu être évitée si elle avait été anticipée, si les négociations avec les syndicats avaient été menées tambour battant et si le gouvernement avait compris qu’il ne devait pas affronter cette crise dans un climat politique particulièrement tendu.

LE PREMIER des paradoxes, c’est que l’objectif de réduction de 10 % de la consommation de l’énergie fossile est atteint et dépassé non pas à la faveur d’une démarche rationnelle mais à cause d’une crise qui menace l’activité économique du pays. Le deuxième, c’est que les perturbations causées par le manque d’essence ruinent l’esprit même de la lutte contre l’effet de serre. Le troisième est que le remède aux maux planétaires actuels est perçu par l’opinion comme plus violent que le mal.

Un angle d’attaque.

Le gouvernement ne pouvait pas ignorer que les syndicats, furieux de son refus de taxer les super-profits, de son intention de modifier l’assurance chômage et d’imposer la réforme des retraites, cherchaient un angle d’attaque et que celui de l’essence était le meilleur. Toute la semaine dernière, nos dirigeants n’ont cessé de dire qu’ils puiseraient dans les réserves, que la pénurie deviendrait très vite une histoire ancienne, alors que les conducteurs faisaient la queue pendant des heures et repartaient bredouilles. Le décalage entre le sang-froid des pouvoirs publics et la panique des consommateurs reste impressionnant.

Une proposition syndicale.

Les syndicats ont proposé d’ouvrir une négociation spécifique sur les salaires en échange d’un déblocage des dépôts. On espère que cela sera fait promptement, mais on n’a pas vu non plus les responsables gouvernementaux se jeter sur cette proposition. Or le temps de la crise sera déterminant. Plus elle durera, plus insupportable elle sera. De même que la crise énergétique européenne née de la guerre en Ukraine et du cynisme insondable de Poutine est combattue par un encouragement financier à la consommation, de même le manque de carburants dû à la grève ne peut être combattu que par un ravitaillement accru des stations services.

Un risque de paralysie.

On saura très vite, dans deux à trois jours, si les éléments d’une solution sont en place ou si, au contraire, le pays risque d’être peu à peu paralysé. On voit déjà des signes de cette paralysie, surtout chez les particuliers pour qui l’accès aux carburants n’est pas un droit spécifique. À ce sujet, on est étonné de ce que les préfets n’aient pas pris l’initiative de réserver, dans chaque station, un accès prioritaire aux professions de santé ou dont le maintien de l’activité est vital.  Les pouvoirs publics ont été très vite dépassés et ont réagi en adoptant la méthode Coué : tout va bien, il n’y a pas de problème.

Trouver un plan.

Il est temps que le gouvernement fasse de la pénurie l’histoire ancienne qu’il a prévue. À ses tartarinades doivent succéder une façon sérieuse d’aborder les revendications syndicales et un plan pour ravitailler les pompes si le dialogue ne produit aucun résultat. On souhaiterait en effet que la fermeté de nos dirigeants soit mise au service de la résolution de la crise plutôt que d’être utilisée comme un  voile pudique qui la cache. Ce qui est ahurissant, c’est que l’exécutif se soit laissé piéger par cette affaire, alors que nous avons cent expériences de la pénurie d’essence qui, hélas, n’ont pas contribué à la recherche d’un plan pour en sortir.

RICHARD LISCIA 

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Une réponse à Carburants : une pénurie évitable

  1. Nicard dit :

    Il y a des pays où certains seraient traités de saboteurs et sanctionnés sévèrement.

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