Une loi sur l’immigration

Lourde tâche pour Gérald Darmanin
(Photo AFP)

Le gouvernement propose une loi sur l’immigration qui permette à la fois de reconduire (très rapidement) à la frontière les personnes ayant fait l’objet d’une expulsion et de mieux accueillir celles qui ne posent aucun problème de sécurité.

LE MINISTRE de l’Intérieur, Gérald Darmanin souhaite se montrer « gentil avec les gentils et méchant avec les méchants ». Et supprimer notamment le délai de carence de six mois qui empêche les nouveaux venus de travailler. L’exécutif entend répondre à la fois à l’extrême droite qui lui reproche de ne pas appliquer la loi aux étrangers en situation irrégulière et à la gauche, qui exige un traitement plus humain de l’immigration.

Un équilibre instable.

L’équilibre sera difficile à trouver, étant entendu que les pays d’où les immigrés sont originaires ne veulent pas les recevoir et que, dans nombre de cas, ces immigrés sont déjà bien installés en France avec leurs familles et ont une activité professionnelle. Autrement dit, le pouvoir politique aura beaucoup de mal à trouver l’équilibre recherché et peut rencontrer, dans la mise en marche d’un nouveau système, des difficultés d’ordre humanitaire. Aussi bien, son projet n’a pas encore obtenu l’approbation de l’Assemblée, elle-même très divisée sur le sujet.

Un examen au cas par cas.

La nouvelle attitude du gouvernement semble bien tardive tant il a hésité, et ses prédécesseurs avant lui, à établir une forme complexe de justice sociale qui satisfasse tous les courants politiques. Il est en effet évident qu’un plan qui concerne des millions de migrants tombera dans les failles des cas individuels, qui méritent un  examen approfondi avant toute prise de décision. Un examen lent et minutieux impatientera les demandeurs d’asile et stressera ceux chargés de le leur accorder. Le statut de l’immigration est inséparable du niveau de l’emploi, lequel est en bonne voie de résorption, pour autant que la croissance demeure et que l’inflation ne dévore pas les progrès contre le chômage.

Une approche plus souple.

La France, cependant, ne trouve pas preneurs pour des centaines de milliers d’emplois susceptibles de convenir à des immigrants fraîchement arrivés qui ont besoin de travailler sans tarder. Inversement, le marché du travail ne sera pas aussi favorable l’an prochain qu’il l’est cette année et les offres d’emploi risquent de se raréfier. En d’autres termes, une approche purement morale de l’immigration doit être souple et adaptée aux évolutions du marché de l’emploi qui dépend exclusivement de la croissance.

Immigration et réchauffement.

Les nuances multiples du dossier et les inconnues de l’équation sont pain bénit pour les oppositions qui cherchent plus à déstabiliser l’exécutif qu’à trouver des solutions pérennes à la fois au chômage et à l’immigration, lequel va croître de façon exponentielle à cause du réchauffement climatique. Il est probable, sinon certain, que le bénéfice des expulsions ne compensera pas l’arrivée de migrants le plus souvent clandestins et à la recherche d’un emploi. La crise migratoire est d’autant plus complexe que la France s’efforce de lisser les comportements culturels et réclament des immigrés le souci de la démocratie, de l’égalité et du vivre ensemble.

Ce qui signifie que le traitement de l’immigration doit s’inspirer simultanément de la morale et des contraintes. Un migrant peut répondre à toutes les exigences requises, mais demander à être rejoint par sa famille, comprenant une épouse et plusieurs enfants. Notre capacité à absorber les flux migratoires subira, de ce point de vue, un test décisif.

RICHARD LISCIA

 

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