Climat : bilan consternant

Macron à Charm El Cheikh
(Photo AFP)

La réunion de la COP 27 à Charm El Cheikh montre que les objectifs fixés par la première COP ne sont pas atteints. Ce qui implique que la réduction de 1,5 % du réchauffement climatique n’est plus qu’un rêve brisé et que la chaleur planétaire va augmenter au-delà des pires pronostics. 

IL Y A une distance considérable entre la prise de conscience du danger présenté par les gaz à effet de serre et les moyens que les gouvernements se sont donnés pour le neutraliser. Les facteurs du désastre ne sont pas difficiles à énoncer. Les spécialistes les plus pessimistes ne sont pas entendus alors que le réchauffement s’accélère et que la planète change sous nos yeux, et de notre vivant, comme si les générations actuelles devaient assister elles aussi à la défiguration de la Terre  : incendies de forêts, inondations, étés interminables, hivers trop doux, sècheresse, appauvrissement du monde à cause d’une agriculture dont la production décroît alors que la démographie continue de galoper.

Divisions.

Le facteur numéro un de cette dégradation est représenté par les divisions du monde face au fléau : divisions entre pays riches et pauvres, les seconds exigeant d’être aidés financièrement et n’ayant reçu qu’une partie des sommes promises ; divisions entre démocraties lucides et régimes autoritaires indifférents ou hostiles à la réalité de la crise ; divisions entre les méthodologies, vaillantes ou peu fiables.

Et la guerre, alors ?

Il y a un camp de la vérité et un camp du déni ; la gloutonnerie du grand business et les réclamations des peuples qui vivent au niveau de la mer et risquent d’être engloutis ; il y a aussi la guerre, celle d’Ukraine par exemple, qui représente l’agression la plus violente que l’on puisse commettre contre la nature. Qui pense par exemple à ce que signifient la reconstruction de l’Ukraine, l’énormité du tas de gravats créé par les obus et par les bombes, le financement de la restauration des villes,  la responsabilité de bombardements insensés lancés par une folie meurtrière ?

Nous ne savions pas.

Dans la prise de conscience du danger par l’humanité, on note aussi un effet de surprise : nous ne savions pas que le réchauffement serait aussi rapide, que les glaciers fondraient plus vite que prévu, que des zones à climat tempéré se transformeraient en zones tropicales où la neige ne tomberait plus, que la sècheresse gagnerait des pays où régnait une immuable  succession de saisons. Dans sa fièvre, la nature nous dit désormais ce que nous pouvons planter ou produire, semer ce qui n’exige pas trop d’eau, manger avec prudence ce que nous pourrons extraire de la terre, modifier toutes les séquences de nos vies : travail, loisirs, étés longs, hivers de plus en plus doux, printemps ultra-courts.

L’enfer à l’œuvre.

Même l’art et la littérature en seront affectés. La poésie inspirée par la douceur du printemps sera caduque. Les romans décriront de nouveaux paysages. La réalité nouvelle donnera lieu à des créations différentes. Nous sommes huit milliards d’être humains sur la planète, un nombre qui ne commencera à diminuer que lorsque les ravages du réchauffement auront détruit les lieux les plus beaux que nous admirons tant. Si les plus clairvoyants d’entre nous ne se dissimulent guère l’enfer qui est à l’œuvre, d’autres, encore plus sages, se demandent si le réchauffement climatique ne va pas subir de nouvelles accélérations pendant le XXIè siècle.

Une ONU climatique.

Le pire, dans ce tableau, c’est que le terrifiant sursaut d’une nature cabrée sous les coups du sort est accueilli par la totale indifférence de ces dirigeants qui, se croyant encore au siècle dernier, continuent à gouverner comme s’ils ignoraient cette malédiction historique, comme s’ils voulaient même y concourir. Il nous faudrait une ONU climatique, à la place nous avons les éclats de rire ubuesques d’une bande de coquins.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Climat : bilan consternant

  1. Laurent Liscia dit :

    J’applaudis.
    C’est le discours que tiennent Greta Thunberg et beaucoup d’autres depuis des années. Division aussi entre vieux et jeunes. Très difficile pour les vieux d’imaginer un monde radicalement différent, ou la viabilite est le pré-requis de toute activité économique. L’humanite, qui a surmonté tous les défis physiques possibles et imaginables : pandémies, famines, fléaux naturels, semble tout à coup manquer d’imagination, et incapable de surmonter un obstacle qu’elle a elle-même créé. Mais peut-être est-ce un obstacle existentiel: notre triomphe démographique et notre relative prospérité planetaire se sont construits sur un tas de carbone. Les princes du carbone, depuis les industries plastic jusqu’aux compagnies du pétrole ne vont pas lâcher prise. Un changement radical de modèle, a la fois technique et moral, ne naîtra que de la catastrophe.

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