L’Amérique dans le brouillard

Biden et Obama en campagne
(Photo AFP)

Il faudra sans doute plusieurs jours avant que soient connus les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis. On sait déjà que, si les Républicains progressent par rapport aux élections de 2020, les démocrates résistent bien dans leurs bastions.

LES « mid-terms » sont toujours une bonne occasion, pour l’opposition, de reprendre son souffle et d’être en meilleure forme pour affronter les élections générales deux ans plus tard. 2022 n’a pas échappé à cette règle. Ce qui complique le jeu cette année, c’est la volonté du parti républicain de s’assurer que le processus électoral est contrôlé et que le résultat ne peut être annoncé avant la fin du dépouillement des suffrages.

L’adversaire républicain de Trump.

Dans un certain nombre d’États, la Floride par exemple, la réélection du sénateur Ron de Santis ne faisait aucun doute et il l’a emporté avec 20 points d’avance sur son adversaire démocrate. Mais les démocrates se sont emparés, contre toute attente, de la Pennsylvanie où John Fettermann a batttu son adversaire républicain Mehmet Oz, largement soutenu par Donald Trump, lequel doit admettre que la victoire de M. Fettermann est sa défaite à lui.

L’aide à l’Ukraine sera poursuivie.

Pour le moment, il n’y aura pas, cette année, de marée « rouge ». Joe Biden peut perdre sa majorité à la Chambre des représentants, et garder sa majorité d’une voix au Sénat. Ce que l’on sait des résultats aujourd’hui montre que Biden poursuivra sans problème son soutien à l’Ukraine, car il existe une majorité favorable aux livraisons d’armes qui ne sera pas altérée par les élections de mardi. Avec le concours de Barack Obama, orateur remarquable, Joe Biden a fait une très bonne campagne, ce qui lui a permis de mettre en pièces les accusations de sénilité lancées par l’opposition contre lui.

Une jeunesse toute relative.

Doinald Trump, friand de coup d’éclats, a déclaré qu’il ferait une annonce « importante » le 15 novembre. Il s’agit vraisemblablement de l’annonce de sa candidature à la présidence des États-Unis en 2024. L’ex-président a toujours aimé les effets théâtraux, mais la victoire de Ron de Santis en Floride, qui ne doit rien à Trump, indique que, d’ici à 2024, les Républicains vont peut-être trouver une alternative à Trump. Lequel s’est toujours moqué de Biden (sleepy Joe), mais aura exactement l’âge du président actuel, 76 ans, en novembre 2024.

La question de l’IVG.

Heureusement, d’autres facteurs militent pour que le GOP (parti républicain) mette Trump à l’écart. Il s’engage donc dans une voie où, avec son emphase habituelle, il risque de s’enliser. La question, en effet, n’est pas de se débarrasser de Trump, mais que le parti républicain (celui d’Abraham Lincoln) retrouve des valeurs fondamentales et cesse de saper les institutions. De ce point de vue, on peut notamment attribuer la résistance du parti démocrate à la décision  de la Cour suprême de rendre à chaque État le droit d’adopter sa propre législation sur l’IVG.  Si l’inflation est la première cause de l’affaiblissement relatif du camp démocrate, la Cour suprême a infligé une décision inique à la moitié de l’électorat, les femmes américaines.

Trump a raté son comeback.

Ce qui veut dire que Donald Trump a d’ores et déjà raté son comeback. Il a tout fait pour contrôler les mid-terms, il a choisi un à un chacun des candidats, mais il a dû adouber un certain nombre d’adversaires, comme Ron de Santis. Il n’a donc pas ouvert une voie royale pour sa réélection. Il n’est même pas sûr de gagner la primaire de 2024. Il a été normalisé par le processus électoral alors qu’il tire sa popularité de ses provocations et mensonges. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours, mais je ne suis pas sûr que l’électorat américain aura assez de patience dans deux ans pour supporter le style de Trump, avec ses accusations préfabriquées, sa « vérité alternative », et sa manière de renverser la charge de la preuve sur ceux qu’il combat.

RICHARD LISCIA

 

 

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