Trump : défaite inattendue

Biden, avec son secrétaire d’État (à g.) et le Premier ministre japonais
(Photo AFP)

Aux États-Unis, les résultats des élections de mi-mandat ne sont pas encore complets mais on sait déjà que les démocrates conservent leur majorité au Sénat et ne perdont celle qu’ils ont à la Chambre des représentants que de quelques sièges.

C’EST une implacable tradition américaine : le parti au pouvoir est étrillé lors des mid-terms. On s’attendait donc à une dégelée pour le président Biden et ses amis, à la fois parce que c’est une sorte d’évidence historique et à cause de l’inflation qui a diminué le pouvoir d’achat des Américains. La satisfaction affichée par Joe Biden au G20 ne provient donc pas d’une victoire sans partage mais du fait que le parti démocrate a tenu bon.

Trump : le retour compliqué.

Pour autant que l’on puisse analyser des élections dont on ne connaît pas les résultats complets, il apparaît que l’électorat américain a voté en fonction de l’avortement laissé au libre-arbitre de chacun des États par la Cour suprême et une forte aversion pour les méthodes de Donald Trump, qui espérait se servir des mid-terms comme d’un tremplin vers la Maison Blanche. Il a annoncé qu’il ferait cette semaine une déclaration importante, sans doute sa candidature à un deuxième mandat présidentiel, mais les élections de cette année l’ont pris de court.

La droite a le vent en poupe.

M. Trump semblait avoir le parti républicain sous son contrôle absolu. Des élus de son parti commencent à le contester et ne le craignent plus. Ils n’hésiteront pas, dans deux ans, à le défier lors de la primaire. Il serait  abusif d’en faire un has been, mais il est clairement poussé vers la sortie. Cependant,  les républicains, s’ils sont las de Trump, tombent dans une sorte de surenchère qui consiste à contester le personnage, mais en le singeant. La droite américaine a donc le vent en poupe, alors que Joe Biden a réussi à contenir la vague de l’extrême gauche qui s’est partiellement emparée du parti démocrate.

Une coquetterie de Biden.

Se pose aussi la question d’un second mandat pour Biden. Le président répète à l’envi qu’il est en bonne forme malgré son âge, 80 ans, soit trois ans de plus que Trump. Un second mandat maintiendrait le président en exercice à la Maison Blanche jusqu’à 86 ans (83 pour Trump), ce qui est sans précédent. Biden ferait mieux de laisser la place à la vice-présidente Kamala Harris en 2024. Il a exprimé le souhait de se présenter à nouveau, mais il peut ne s’agir que d’une coquetterie destinée à confirmer son statut très particulier, celui du président dont les Américains n’attendaient aucun charisme, mais celui aussi qui, discrètement, va de succès en victoires.

Le sort de Kamala.

Joe Biden semble plus fragile, physiquement et mentalement, qu’il ne l’est mais, de toute façon, s’il conserve Kamala Harris sur son « ticket », la Maison Blanche sera bien gardée. On la juge trop docile, trop discrète et trop silencieuse ; les précédents sont néanmoins concluants, à commencer par Biden qui, sous Barack Obama, fut le plus discipliné des vice-présidents, mais apprit avec avidité son futur métier de président. Bien sûr, il faut tenir compte des aléas de la vie politique et diplomatique : n’importe quel événement peut bousculer le couple Biden-Harris.

Recul du populisme.

L’histoire, en tout cas, va plus vite que les plus aigus des pronostics. Le populisme ne s’est pas étendu sur la terre entière qu’il commence déjà à reculer, en Grande-Bretagne, au Brésil et même en Europe, en dépit de la victoire de Giorgia Meloni en Italie. Ce qui laisse entendre que les coups assénés par Marine Le Pen sur la porte du pouvoir ont un faible écho. Il est remarquable que, en France, les manœuvres pour faire payer à la majorité les quelque 50 voix qui lui manquent ne constituent que des assauts sans lendemain. Majorité relative ne veut pas minorité ; la Nupes et le RN ne sont pas compatibles ; il existe déjà, sous nos yeux, une majorité possible alliant  la macronie et LR.

Il flotte en Occident une arrière pensée qui est une prise de conscience. À l’heure de l’invasion sauvage de l’Ukraine, la meilleure des défenses, c’est encore et toujours le système démocratique. C’est lui qui a chassé Boris Johnson, infligé une défaite à Trump, abattu Bolsonaro, inquiète Erdogan et terrorise les ayatollahs. Les extrêmes veulent changer le monde, mais c’est pour le rendre encore moins supportable.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Trump : défaite inattendue

  1. Doriel Pebin dit :

    Merci pour ce constat lucide dans notre monde (médiatisé) où la réalité n’est que ressentie car elle ne correspond pas à la réalité. Merci aussi à Poutine et Xi Jinping qui nous montrent les soi-disant « avantages » des sociétés non démocratiques ! La démocratie n’est pas en train de mourir, au contraire, quoi qu’en pensent la fachosphère de droite et la radicalité de l’extrême gauche. Mais il faut sans cesse lutter contre les forces de l’ombre.

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