Un malaise entre Kiev et ses soutiens

Zelensky il y a 4 jours
(Photo AFP)

Le missile qui s’est égaré en Pologne où il a fait deux morts serait de fabrication russe et aurait été lancé par l’Ukraine. Le président ukrainien, Volodomyr Zelensky, nie la responsabilité de son pays dans une crise qui fait l’objet d’une enquête.

M. ZELENSKY est sans doute le seul à défendre la thèse d’un missile russe qui aurait franchi la frontière polono-ukrainienne. Il s’est enferré dans son analyse, déclenchant un vif malaise chez les alliés, peu suspects, pourtant, d’aimer le contredire. On peut certes soupçonner le président ukrainien de chercher la bavure russe qui exposerait Moscou à un affrontement direct avec les Occidentaux ; mais, de la même façon, on peut soupçonner Américains et Européens de défendre l’idée qu’ils n’ont aucune raison de se lancer dans une guerre avec la Russie qui étendrait l’incendie à toute l’Europe.

Un émissaire ukrainien.

Le président ukrainien a obtenu l’autorisation polonaise d’envoyer sur place un émissaire. Il changera d’opinion si un rapport soulignant la responsabiliuté de Kiev lui est remis. Pour le moment, Poutine a laissé entendre qu’il était rassuré par la réaction très modérée de Joe Biden. L’affaire du missile égaré pourrait donc se transformer en pétard mouillé, même s’il va être très pénible, pour Zelensky, de rejoindre le camp de ceux qui croient à la bavure.

C’est la faute de la guerre.

Comme le disent les Américains, l’incident est la preuve même que tout évènement regrettable découle in fine des responsabilités insensées prises par le Kremlin au nom des simples caprices de Poutine. C’est une formule de ce genre qui déminera l’alliance sacrée entre Kiev et les Occidentaux. Il n’en demeure pas moins que la Russie n’a jamais fini de bombarder l’Ukraine pour se venger de la reconquête de Kherson. Le « concert de missiles » ne cessera que si Poutine n’en a plus ou si, saisi par la grâce, il finit par mettre un terme aux bombardements.

Soyons indulgents avec Zelensky.

Heureusement, les Occidentaux ont fourni la preuve de leur sang-froid, en partie parce qu’ils veulent éviter d’entrer de plain-pied dans le conflit, et en partie parce qu’ils ont de bonnes raisons de ne pas le faire. Les déclarations de Zelensky laisseront-elles des traces? Non : le président ukrainien a fait preuve d’assez de courage et d’intelligence pour que lui soit pardonnée une erreur d’analyse tombée à pic pour soutenir sa cause. De toute façon, l’Ukraine peut continuer à se battre dans la dignité. Elle n’a pas besoin d’un prétexte pour poursuivre son offensive en Crimée. Il n’est pas vrai que de frileux occidentaux soient à la peine pour perduader Zelensky d’ouvrir des négociations avec Moscou.

Un contentieux énorme avec la Russie.

Il est bon d’avoir limité les dégâts causés par un missile en goguette, il serait désastreux de négocier sous la pression. Les crimes commis par l’armée russe interdisent toute indulgence occidentale. Nous avons là des gens avec lesquels nous avons un contentieux énorme et il faudra en temps utile mettre les dossiers au grand jour et les preuves sous les yeux des opinions publiques mondiales. Les sacrifices considérables consentis par l’Ukraine lui donnent un avantage moral par rapport aux ravages sadiquement causés par la Russie. Nous disposons d’un arsenal judiciaire assez puissant pour mettre au pas les calculs russes.  L’épisode du missile égaré n’enlève rien à la qualité de bourreau de la Russie et à la qualité de victime de l’Ukraine.

RICHARD LISCIA

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