Macron face au PNF

Macron en campagne en avril dernier
(Photo AFP)

Le Parquet national financier a décidé hier de lancer des investigations sur les campagnes électorales de 2017 et de 2022. Il ne cite aucun parti politique, mais il apparaît clairement qu’il vise la République en marche, aujourd’hui Renaissance. 

ON DEVAIT s’y attendre : le rôle joué par les cabinets conseils, notamment celui de Mackinsey, aurait été jugé trop important sur les deux plans, financier et électoral. D’une façon plus générale, le PNF veut limiter la contribution des cabinets conseils aux campagnes électorales. Elle aurait coûté plus d’un milliard d’euros. Le pouvoir a offert à l’opinion la seule réponse qui fût valable : que la justice passe.

Jusqu’au pénal.

L’affaire n’est pas nouvelle. Le recours aux cabinets conseils a éveillé les soupçons dans les rangs de l’opposition depuis plusieurs mois et les partis ne se sont pas privés de porter diverses accusations, contre lesquelles Emmanuel Macron a déjà dit que la République en marche a toujours strictement observé les règles et que les juges du PNF peuvent étendre leurs enquêtes jusqu’au pénal.

Immunité totale de Macron.

Le président de la République bénéficie d’une immunité totale et le PNF ne pourra l’interroger qu’au terme de son second mandat, en 2027. En revanche, le cabinet Mackinsey sera sur la sellette ; il est notamment accusé de n’avoir pas payé d’impôts en France pendant une dizaine d’années. Pour les oppositions, il existerait un marché entre le cabinet et la République en marche : en échange de ses conseils, le cabinet était exonéré d’impôts en France. L’accusation est énorme, encore faut-il la prouver.

Un moment de grâce.

Il est impossible de nier l’impact politique de l’affaire. Contrairement à d’autres partis, jamais une enquête de ce genre n’avait visé la République en marche, qui perd de cette manière un prestige associé à son intégrité présumée. Le PNF a fait ses déclarations dans un moment de grande instabilité, liée à l’inflation, à la guerre en Ukraine et au réchauffement climatique. Cependant, quand l’Assemblée a voté (hier) grâce à une collusion entre la majorité et la France insoumise, l’inscription de l’IVG dans la Constitution, il y a eu un moment de grâce que les enquêtes du PNF vont effacer.

Affaire Sarkozy : le retard du PNF.

Enfin, le PNF n’a pas cité un parti  en particulier, ce qui signifie qu’il va réviser les comptes de tous les partis ; cela ne manquera pas d’alimenter les commentaires du genre « tous pourris ! » dans les réseaux sociaux et d’éloigner de la pratique démocratique une fraction plus grande du public français.  Le plus surprenant, c’est que la sincérité des comptes de campagne est examinée en premier lieu par le Conseil constitutionnel, qui n’a trouvé aucun manquement aux règles. C’est ce qui s’est déjà  passé avec les campagnes de Nicolas Sarkozy. Mais dans son cas, le Conseil a constaté des dépenses indues et lui a demandé de payer de sa poche une amende de près de 400 000 euros, ce qui ne l’a pas empêché de répondre ensuite aux questions du PNF, lequel, à ce jour, n’a pas terminé ses investigations dans ce dossier.

Justice impartiale.

Ces diverses affaires montrent qu’à une dérive des élus vers la violence verbale, s’ajoute la confusion que la justice apporte aux pratiques politiques. Il y a, heureusement, un texte de loi au-dessus de chacune de ces pratiques. On peut le regretter au nom d’une stabilité politique de plus en plus menacée par ceux-là même qui sont censés l’assurer. Mais, bien entendu, il est essentiel que le troisième pouvoir s’exerce sans limite en France, car il offre aux citoyens la garantie de son impartialité.

RICHARD LISCIA

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