De Cayeux à Kohler

Macron et Kohler
(Photo AFP)

Les ennuis d’ordre éthique auxquels le gouvernement est confronté ne font que s’accumuler : la ministre des Collectivités territoriales, Caroline Cayeux a été contrainte de démissionner, et Alexis Kohler, bras droit d’Emmanuel Macron, a été mis en examen pour conflit d’intérêts.

CAROLINE CAYEUX, ancienne maire de Beauvais et ancienne sénatrice, âgée de 74 ans, vient de l’UMP et, jusqu’à hier, elle a fait une bonne carrière politique. Nommée ministre en juillet 2022, sa présence au gouvernement aura été éphémère, puisque la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV) a estimé que, dans la déclaration de patrimoine que tout nouveau ministre doit rédiger, elle a sous-estimé ses biens de quelque 4 millions d’euros. La HATVP est allée plus loin en la signalant tout simplement à la justice.

Le cas Kohler.

Ses dossiers ont été repris par une collègue, de sorte que la polémique qui commençait sur cette affaire, est vite retombée. Ce n’est pas le cas pour Alexis Kohler, qui joue un rôle essentiel à l’Élysée et faisait l’objet d’une enquête sur ses relations avec une grande compagnie de transport maritime où sa famille aurait des intérêts. Il a été mis en examen le mois dernier et l’information a été diffusée il y a seulement deux jours. M. Kohler se défend en affirmant qu’il a toujours séparé ses activités privées de ses activités publiques, mais lui non plus n’a pas convaincu ceux qui mènent l’enquête.

Une affaire ancienne.

On dira qu’un gouvernement n’a pas à lancer des investigations sur des collaborateurs dès lors qu’il existe des organismes pour faire ce travail. Le travail, c’est qu’ils sont nommés, exercent leurs fonctions et ne sont confrontés aux résultats de l’enquête que plus tard. Dans le cas de M. Kohler, cela fait des années, depuis le premier mandat du président, que son passé est décortiqué et que des rumeurs se répandent.

Macron vulnérable.

Ces affaires rendent très  inconfortable la position personnelle du président, qui n’a d’ailleurs jamais caché son attachement à M. Kohler avec qui il travaille en une symbiose absolue. Le conseiller de l’Élyser peut se maintenir à son poste, mais pour combien de temps encore ? Il se défend bec et ongles, ce qui entraîne une vaste polémique dont M. Macron se serait bien dispensé. Depuis qu’il travaille avec une majorité relative, qu’il gouverne à coups de 49/3, que ses prétentions idéologiques (à droite et à gauche en même temps) sont battues en brèche par le harcèlement incessant des oppositions, il constate que ses adversaires n’ont pas seulement trouvé un os à ronger, il leur a offert une tablée de victuailles.

Mauvais effet.

Bien entendu, le président, comme d’habitude, relativisera ses petits malheurs. La présence au gouvernement de Caroline Cayeux n’était pas un must absolu, d’autant qu’elle n’a pas été remplacée ; celle de M.  Kohler à l’Élysée est une autre paire de manches, non seulement parce que c’est un homme brillant mais parce que le président estime avoir de lui un besoin immense. Il y a pire. Tout le monde sait que 2023 sera une année particulièrement difficile, avec le retour de la pandémie, l’inflation, la rareté de l’énergie et que toutes les forces du gouvernement doivent être rassemblées pour trouver des solutions à ces maux inédits. Il faudrait donc que tous les ministres inspirent confiance aux citoyens,  lesquels n’ont pas à se demander tous les matins si le gouvernement va encore perdre l’un de ses membres.

Bien entendu, les déboires de l’exécutif n’ont pas, à ce jour, donné une inspiration et une dynamique nouvelles aux oppositions, toutes satisfaites de critiquer Macron, mais toutes résolues à ne pas s’unir contre lui. Tôt ou tard, la Nupes va se déliter, la droite devra choisir entre Macron et la descente aux enfers, les écologistes reviendront à leur sujet principal. Réflexion déprimante dès lors que le président de la République n’est porté que par la faiblesse de ses opposants.

RICHARD LISCIA

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