Macron chez Biden

Au G7, en juin, Biden et Macron avec le chancelier d’Allemagne, Olaf Scholtz
(Photo AFP)

De ce soir jusqu’à vendredi, Emmanuel Macron sera à Washington en visite d’État. Les affinités entre les deux gouvernements l’emportent sur leurs différends dont les plus graves ont été résolus.

CETTE rencontre symbolise un rapprochement destiné principalement à effacer quelques orages qui risquaient de nous éloigner durablement. Le jeu, nénamoins, ne consiste pas à résoudre un problème en accordant au président français une sorte de cadeau, les Américains mettant les petits plats dans les grands. Il consiste au contraire en une prise de conscience américaine : pas d’unité occidentale tant que la France restera fâchée par les méthodes américaines.

La gaffe de Joe Biden.

La brouille est venue  d’un incident qui a, pendant plusieurs mois, chamboulé l’ordre des relations diplomatiques entre amis, alors que la guerre en Ukraine exigeait de toute l’OTAN une discipline de fer. Nous avions, avec l’Australie un accord de vente de sous-marins de plus de 30 milliards de dollars, il a été rompu en une seconde par l’Australie qui a décidé d’acheter, à la place, des sous-marins nucléaires construits aux États-Unis. Rien ne permettait à la France d’imaginer le coup qui allait lui être porté, sinon des rumeurs auxquelles elle n’a pas accordé assez d’importance. Une fois le deal conclu entre Washington et Canberra, l’administration Biden a réalisé la gaffe monumentale qu’elle venait de commettre.

Une occasion de se rabibocher.

Franchement, la crise aurait pu durer plusieurs années, si  des événements n’avaient peu à peu modifié la donne. D’abord, le deal australo-américain présente des difficultés qui, à ce jour, ne sont pas résolues ; ensuite, le gouvernement conservateur d’Australie a été chassé par des élections législatives, ce qui a été accueilli avec joie par Jean-Yves Le Drian, alors ministre français des Affaires étrangères ; enfin, les Américains ont eux-mêmes été confondus par leur propre grossièreté et la visite d’État de Macron n’est pas autre chose qu’une occasion pour les deux pays de se rabibocher.

Chez nous, dans  le Pacifique.

Ce faisant, Joe Biden a parfaitement conscience de l’immensité de sa bourde, de l’importance de la France par rapport à la guerre d’invasion de l’Ukraine et de la nécessité absolue de maintenir la France fermement dans l’ensemble européen. De son côté, le gouvernement australien a fait de très gros efforts pour calmer la colère de la France et lui donner des gages d’amitié. De sorte que Macron constate qu’il a été entendu, qu’il est respecté par ses amis les plus fidèles et il est homme à penser que son pays ne peut pas rester fâché très longtemps avec la superpuissance américaine ni abandonner le terrain indo-pacifique, où il a répété plusieurs fois qu’il y était comme chez lui et qu’il avait bel et bien l’intention d’y contenir l’expansion chinoise grâce à notre puissante flotte et  à nos possessions dans la région.

Le ciment occidental.

À Washington, on a aussitôt poussé un soupir de soulagement. L’architecture européenne et de l’OTAN n’auraient peut-être pas survécu à une grosse dispute avec la France, au moment où l’OTAN s’agrandit pour mieux tenir tête à la Russie. L’épisode, dont nos diplomates ont encore du mal à le digérer, ne pouvait pas se prolonger indéfiniment. L’Occident est en état d’alerte face à la guerre en Ukraine, la Chine, de son côté, renforce son influence dans le Pacifique, et il est important, pour les Occidentaux, de présenter un front uni. Le rapprochement franco-américain ne vient pas d’un problème plus ou moins bien résolu, il découle des affinités politiques qui sont le ciment du bloc occidental que ni le Brexit, ni la tentation toujours possible d’un renversement des alliances ne peuvent détruire.

Des envieux.

Enfin, il ne fait pas de doute qu’il y a une commanuté d’idées et des affinités idéologiques entre Emmanuel Macron et Joe Biden. Renforcer maintenant l’amitié franco-américaine, c’est empêcher un président isolationniste, comme Donald Trump, de changer le cap de la diplomatioe américaine, comme il l’a déjà fait pendant son mandat présidentiel. C’est sceller une unité occidentale qui résiste fort bien aux nouvelles crises. C’est rendre les accords plus forts que les hommes qui accèdent au pouvoir et travailler pour l’avenir. Le voyage de Macron aux États-Unis sera l’occasion pour les oppositions de gauche et de droite, de critiquer le chef de l’État pour ses efforts à l’étranger, au détriment des besoins de gestion intérieure du pays. Il n’y en a pas, parmi ses détracteurs, qui ne souhaiteraient le privilège d’une visite en grande pompe à la Maison Blanche : on ne voit pas Biden inviter Marine Le Pen, pas plus qu’il ne solliciterait Jean-Luc Mélenchon, pour qu’il vienne casser toute la porcelaine de Mme Biden.

RICHARD LISCIA

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